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Hausse des prix des carburants

Baisse de prime pour le fournisseur, taxes inchangées pour les consommateurs

4 octobre 2023, 13:00

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Baisse de prime pour le fournisseur, taxes inchangées pour les consommateurs

Une information est passée inaperçue dans la structure des prix, rendue publique par la State Trading Corporation (STC) samedi. La prime touchée par le fournisseur des carburants a connu une baisse comparée à celle du mois de juin quand le Petroleum Pricing Committee (PPC) s’était réuni peu avant la présentation du Budget. Il a fallu quelques calculs pour le découvrir…

Ce changement peut paraître anodin, mais tel n’est pas le cas. Depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine et la réduction de la production des pays arabes, les «traders» ont augmenté leur prime. Un consultant en produits pétroliers confirme que le fournisseur de cette nouvelle cargaison touche moins de prime, mais ceci ne se reflète pas sur le portefeuille des consommateurs. Il a pris en considération les «cost, insurance, and freight» (CIF) et le prix de référence, les deux rendus publics par la STC, pour confirmer les calculs.

Pour octobre, le fournisseur touchera une prime de 8.5 cents d’un dollar par litre d’essence et 4.9 cents d’un dollar par litre de diesel. C’est une baisse considérable, selon le consultant en produits pétroliers, comparé au mois de juin dernier quand le fournisseur de l’époque avait obtenu 13,4 cents par litre d’essence et 11,5 cents pour le diesel. «La prime, qui représente aussi son profit, a beaucoup baissé. Certes, le public aurait pu en profiter, mais tel n’a pas été le cas. Toutefois, la grande question demeure l’origine de ces produits. Les prix de l’essence et du diesel sont en hausse sur le plan mondial tout comme les primes touchées par les traders et les agents. Comment se fait-il que pour la cargaison du mois d’octobre, le fournisseur touche mois de prime comparée aux autres traders ? Il est important de connaître la source de ces produits», fait valoir notre interlocuteur.

Autre constat : la prime sur le diesel, comme mentionné, est passée de 11,5 cents d’un dollar pour le mois de juin à 4,9 cents d’un dollar en octobre. Le diesel est très demandé en ce moment sur le marché international. D’après le consultant, la Russie n’exporte pratiquement pas de diesel afin d’approvisionner ses blindés et autres véhicules lourds sur le front en Ukraine. «Est-ce que l’essence et le diesel sont achetés sur le marché arabe ? Les traders qui s’approvisionnent sur ce marché, eux, n’ont pas baissé leur prime à ma connaissance…»

La STC avait été sollicitée la semaine dernière pour un article sur le nouveau fournisseur en produits pétroliers. Nous avions posé cette question à son directeur général, Rajiv Servansingh. Est-ce que la STC connaît l’origine des carburants distribués par le fournisseur ? «Il y a une clause du contrat qui stipule que les produits pétroliers destinés à Maurice ne doivent pas provenir d’un pays sous un embargo ou une sanction internationale», avait-il alors répondu.

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Une baisse sur la TVA et l’«excise duty» duty réclamée

L’opposition monte au créneau. Le gouvernement aurait pu soulager les automobilistes et les consommateurs en baissant la taxe à valeur ajoutée (TVA) et l’excise duty appliquées sur les carburants. L’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam l’a dit lundi soir. Il est soutenu par le président et responsable du dossier économique du Mouvement militant mauricien, Reza Uteem. «Définitivement, il faut baisser les taxes et revoir les prélèvements. Il y a trop de taxes sur les carburants. Le gouvernement se cache à chaque fois derrière la hausse des prix au niveau mondial pour sanctionner les consommateurs. Il a tort de sous-estimer l’impact que cette hausse a sur le portefeuille de la population», martèle le député mauve. Il maintient que le gouvernement avait une marge de manoeuvre, mais il n’a rien fait. «Où part tout l’argent prélevé sur chaque litre d’essence et de diesel ? Il prélève Rs 7,20 sur chaque litre de diesel et d’essence pour subventionner le riz, mais il n’y a pas de riz sur le marché depuis plusieurs mois… Tout l’argent entre dans le consolidated fund. C’est ça la vérité. C’est pour cette raison que je dis qu’il aurait pu baisser la taxe», martèle Reza Uteem.

Même son de cloche du côté de Ritish Ramful, secrétaire général du PTr. «Dans une telle situation, il fallait baisser la TVA et l’excise duty. La somme de Rs 12,20 est imposée comme excise duty sur chaque litre d’essence est une exagération. De plus, il y avait la somme de Rs 2 pour l’achat des vaccins. Le gouvernement a soi-disant éliminé ce prélèvement, mais en vérité, il a été absorbé par un autre item. C’est un gouvernement sans solution. Il ne dépend que des prix des carburants pour faire rouler son budget», dénonce le député. Il insiste pour un nouveau mécanisme pour calculer les prix des carburants.

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Révision de la structure de prix: une longue attente

Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a annoncé lors d’une fonction à l’hôtel Intercontinental qu’il analysera toutes les données suite à la hausse des prix des carburants pour voir s’il y a des mesures à prendre. Le Premier ministre lui a confié le dossier après le changement des prix survenus samedi qui suscite une vague de mécontentements.

Toutefois, il n’y a rien de nouveau. Pravind Jugnauth lui-même a présidé une réunion en janvier, mais il n’y a pas encore eu de changements. Suite à une question de Ritish Ramful en mai, le ministre du Commerce d’alors, Soodesh Callichurn, avait déclaré que le gouvernement s’attelait à apporter des amendements à la loi. «Nous sommes tombés d’accord qu’il faut revoir les Consumer Protection (Control of Price of Petroleum Products) Regulations 2011 puisqu’ils ont été sujets à divers amendements. Pour ce faire, un comité technique a été mis sur pied. Il comprend des membres de mon ministère, de la STC, du bureau de l’Attorney General et du ministère des Finances», avait-il déclaré. Le député du PTr trouvait aberrant que les automobilistes doivent contribuer pour divers projets, dont une unité de stockage des produits pétroliers. En attendant, l’argent des consommateurs continue à remplir la caisse de l’État directement et indirectement grâce aux prix des carburants. À moins qu’un changement intervienne à la veille des élections.