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Baisse éventuelle du prix des carburants: Faible impact attendu
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Baisse éventuelle du prix des carburants: Faible impact attendu
Le marché mondial du pétrole est en constante évolution, et ces dernières semaines n’ont pas fait exception. Le baril de Brent, référence pour le pétrole brut, reste stable entre USD 80 et USD 90 depuis plusieurs mois. Cette stabilité est en grande partie attribuable aux réductions de production imposées par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Tandis que la demande mondiale est freinée par un ralentissement économique marqué en Chine et aux États-Unis, les analystes estiment que les prix pourraient légèrement augmenter d’ici la fin de l’année 2024, avec une estimation du baril avoisinant les USD 82. À Maurice, une réduction des prix de l’essence et du diesel semble se dessiner pour la fin septembre.
Cette baisse, qui pourrait être annoncée après la réunion du Petroleum Pricing Committee (PPC) de la State Trading Corporation (STC) prévue aujourd’hui, 18 septembre, vise à alléger la facture de carburant des ménages et entreprises dans le contexte des élections générales. Bien que cette tendance mondiale puisse induire une baisse des prix locaux du carburant, les effets sur les secteurs clés de l’économie insulaire semblent mitigés. Actuellement, le prix de l’essence est à Rs 66,20 le litre et celui du diesel à Rs 63,95 le litre. Les opérateurs de secteurs cruciaux, tels que chauffeurs de taxi, boulangers et petites et moyennes entreprises (PME), expriment une attente prudente. Ils craignent que les bénéfices d’une éventuelle baisse soient limités face aux défis économiques persistants. Pour Suttyhudeo Tengur, président de l’association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), il est crucial que toute baisse des prix du carburant se répercute directement sur les prix des biens de consommation, qui ont considérablement augmenté ces derniers mois.
Nasser Moraby : «Cela nous soulagera un peu»
Nasser Moraby, président de l’association des boulan geries de Maurice, aborde la question de la baisse des prix du carburant avec une certaine réserve. Selon lui, la situation des boulangeries à Maurice est déjà «critique» et une diminution éventuelle du prix du carburant pourrait offrir un soulagement, mais pas dans la mesure espérée. «Cette baisse de prix nous soulagera un peu mais pas dans la manière que nous l’attendons.» Il précise que cette réduction est attendue avec l’espoir de pouvoir maintenir les opérations de son établissement. Actuellement, sa boulangerie consomme environ 15 000 litres de diesel chaque mois pour la fabrication du pain et il bénéficie d’un remboursement mensuel de Rs 78 000, grâce à l’aide de Rs 5 par litre de diesel de la Mauritius Revenue Authority.
Nasser Moraby souligne que les équipements vieillissants des boulangeries exigent une utilisation accrue de diesel pour faire fonctionner les machines, ce qui a un impact significatif sur leurs finances. Même si le prix du diesel devait chuter de Rs 10, il insiste sur le fait que le coût de production du pain est déjà fixé et que les machines, souvent âgées de plus de 25 ans, continuent de consommer plus de diesel que nécessaire. Il explique que les boulangers rencontrent des difficultés financières qui les empêchent d’investir dans des équipements plus modernes et écologiques, malgré leur désir de le faire. Les coûts associés au remplacement des pièces des machines sont également prohibitifs.
Le président déplore qu’en 2023, une vingtaine de boulangeries ont fermé leurs portes et craint que d’autres ne suivent si la situation ne s’améliore pas. Il regrette également que le ministre des Finances n’invite jamais l’association des boulangeries aux consultations pré budgétaires, malgré la contribution essentielle du pain à l’alimentation quotidienne des Mauriciens. «Le pain est l’aliment le meilleur marché et la situation des boulangeries s’est aggravée depuis 2012.»
Raffick Bahadoor sceptique
Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors Union, exprime un scepticisme marqué quant à l’efficacité réelle d’une baisse éventuelle des prix du car burant. Pour lui, le gouvernement est souvent prompt à augmenter les prix du carburant, mais lent à refléter ces augmentations dans les baisses. «Nous savons tous comment le gouvernement augmente le prix du car burant et quand il s’agit de baisser, comment cela baisse.» Il note que malgré une tendance mondiale à la baisse du prix du Brent, les répercussions locales ne sont pas toujours à la hauteur des attentes. Il questionne la véritable réduction du prix du carburant à Maurice. «De puis que le prix du Brent baisse mondialement, à combien de roupies le prix du carburant aurait-il dû baisser dans le pays ?» demande-t-il.
Il exprime des craintes que la baisse ne soit qu’une façade et que le gouvernement utilise ces ajustements de prix comme un outil politique. La véritable question pour lui est de savoir si la baisse de prix du carburant aura un impact significatif sur les coûts pour les consommateurs et les commerçants. Il indique que même avec une réduction de Rs 2 ou Rs 4, l’impact sur les prix des biens et services pourrait être négligeable. «Un gâteau piment coûte plus cher», souligne-t-il et le véritable effet dépendra du pourcentage exact de la baisse que le gouvernement mettra en place.
Maya Sewnath : «L’impact sera très faible avec des défis déjà plus conséquents»
Pour Maya Sewnath, vice-prési dente de SME Chambers, l’im pact d’une éventuelle baisse des prix du carburant sur les PME sera limité. Les PME, qui représentent environ 40 % de l’emploi à Maurice, utilisent du carburant pour diverses opérations et bien qu’une baisse puisse être bénéfique, elle ne résoudra pas tous les défis auxquels elles font face. «L’impact sera très faible car nous ressentons déjà des impacts plus conséquents», dit-elle. La hausse des prix des carburants a déjà entraîné des répercussions sur les opéra tions des entreprises, et une réduction, bien que bienvenue, n’apportera pas de solution miracle. Les secteurs les plus susceptibles de bénéficier d’une baisse de prix sont la transportation, la livraison, le marketing et le manufacturier qui utilise du carburant pour ses opérations.
Cependant, elle met en garde contre le risque de discrimination entre les PME et les grands conglomérats dans toute politique de réduction des prix. Elle souligne que les PME ont démarré avec des économies modestes et plaide pour une réflexion sur les moyens de les soutenir davantage et d’éviter une discrimination systématique. Elle exprime également des préoccupations sur la situation actuelle des PME, confrontées à des difficultés financières importantes. «Les PME sont très découragées, démoralisées et certaines vont fermer leurs portes.» Maya Sewnath appelle à une table ronde pour discuter des solutions et encourager les entreprises à poursuivre leurs activités. Elle déplore la discrimination dont souffrent les PME, notamment l’absence de financement de la Mauritius Investment Corporation, alors que ces en treprises continuent de rembourser des prêts malgré leurs difficultés financières.
Suttyhudeo Tengur : «Impact sur les consommateurs»
Pour Suttyhudeo Tengur, président l’APEC, une baisse significative du prix du carburant pourrait soulager la classe moyenne et «aura un impact sur les consommateurs». Il critique la situation actuelle où le prix du pétrole est revenu au niveau d’il y a deux ans, mais souligne que pour être véritablement efficace, la baisse des prix doit être suffisamment importante pour avoir un impact tangible sur la vie quotidienne des Mauriciens. «Il ne faut pas une baisse nominale pou kouyonn dimounn, mais une diminution significative pour combattre l’inflation à Maurice.»
Le président de l’APEC note que l’inflation a augmenté en raison des hausses successives des prix du carburant, malgré une tendance à la hausse dans les ventes de véhicules. Pour lui, les voitures sont devenues un outil indispensable pour de nombreux Mauriciens, en particulier ceux qui travaillent à des horaires inhabituels. Il s’interroge également sur les efforts pour promouvoir les énergies renouvelables et les modes de transport durables et affirme que «pour avoir une alternative au fossile, il faut des infrastructures». Il cite l’exemple des voitures électriques et se demande combien d’espaces de recharge sont disponibles et s’inquiète du manque d’infrastructures pour soutenir une transition vers des véhicules plus écologiques.
Au niveau mondial…
Depuis l’éclatement de la pandémie de Co vid-19, le marché pétrolier mondial a traversé des tempêtes économiques et géopolitiques majeures qui ont entraîné des fluctuations marquées dans les prix du pétrole brut. En 2020, le marché pétrolier a été secoué par une chute brutale de la demande en raison des confinements mondiaux et restrictions de voyage. Ce choc a été exacerbé par une guerre des prix entre l’Arabie saoudite et la Russie, qui a mené à un excédent de production. En avril, le prix du pétrole brut West Texas Intermediate a même plongé sous zéro, atteignant USD -37,63 le baril, un phénomène sans précédent. Le Brent, le baril de réfé rence international, a également subi une chute significa tive, se stabilisant autour de USD 20 le baril à ses niveaux les plus bas.
La reprise économique mondiale en 2021 a offert un répit au marché pétrolier. Les campagnes de vaccination et la réouverture des économies ont stimulé la demande et a entraîné une remontée des prix. Le Brent a retrouvé des niveaux proches de USD 70 le baril à mi-année. Cette reprise a été soutenue par les efforts de l’OPEP+ pour réguler l’offre et réduire les stocks excédentaires. Cependant, la persistance de la pandémie et les variants du virus ont continué d’influencer les prix pour créer des variations sporadiques. L’année 2022 a été marquée par une volatilité accrue, amplifiée par le conflit en Ukraine. Les sanctions contre la Russie, un acteur clé sur le marché pétrolier, ont provoqué des perturbations majeures dans les approvisionnements mondiaux.
En mars, les prix du Brent ont atteint des sommets historiques au-dessus de USD 120 le baril. Cette flambée a entraîné des répercussions mondiales, avec une inflation accrue et des pressions économiques croissantes. En 2023, les prix du pétrole ont montré des signes de stabilisation, oscillant entre USD 80 et USD 90 le baril pour le Brent. Les efforts continus de l’OPEP+ ont contribué à maintenir cette relative stabilité. Cependant, les incertitudes économiques persistantes, telles que les préoccupations sur un éventuel ralentissement économique en Chine et aux États Unis, continuent d’affecter le marché.
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