Quelque part, la tête dans les nuages, le cul entre plusieurs chaises, Dieu fulmine. Contre des barbares, qui, au nom de la religion, ont cru qu’ils pourraient effacer de quelques coups de balle la mémoire des as du crayon. Depuis, le monde a triste mine. Mais ce n’est pas avec des fusils que l’on peut gommer cette arme qu’est la liberté d’expression.

En attendant, chez nous, il s’est produit un miracle. On a cloué le bec aux prophètes de malheur afin qu’ils ne prennent plus la parole lors des fêtes religieuses. Le temps où l’on nous bouffait le foie au nom de la foi est-il pour autant vraiment révolu ? Peut-on y prêter foi ? Soyons de bonne foi.

Et puis, il y a la question qui tue : «Le rire et l’insolence peuvent-ils se moquer de tout, y compris des sacro-saintes religions?» Interrogés à ce propos, les gardiens du temple, de la mosquée, de l’église, de la pagode et du kovil ne se sont pas fait prier. «Cette question nous fait bien marrer. Mince alors, cela pourrait choquer les intégristes et les ti lespri.»

Plume et Fusain, eux, ont bien l’intention de continuer à heurter leur sensibilité, la fleur au fusil. Satyre n’a pas nullement l’intention de s’ériger en martyr. Histoire, entre autres desseins, de rendre hommage à Cabu, Charb, Wolinski, Tignous et les autres.