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Entre sel et pierres
Jetant du sel sur les plaies et fissures déjà béantes du bétonnage à tout-va, le futur développement foncier aux Salines de Tamarin fait l’objet d’une pétition. Près de 6 000 signataires le contestent. Au moins un projet qui arrive à réveiller les consciences. Mais que peuvent quelques milliers de personnes contre quelques millions de roupies ? Peu importe au bout du compte les détails du projet, s’il comportera un volet «sauvegarde», Les Salines ne sont qu’une goutte d’eau de plus dans le grand océan lacrymal et criminel de notre indifférence au patrimoine. Au pays de touss sali, tout se salit. On salit les salines, on salit les plages, on salit les rivières, qu’elles soient noires ou d’une limpidité révolue, on salit le passé. Parfois on s’allie pour pas salir, mais pas suffisamment. Vieilles pierres et arbres centenaires, tout passe au bulldozer aux airs de modernité. Pouvoirs publics, sociétés privées, citoyens indifférents ou inciviques – à de rares associations près –, tous coupables de la disparition de pans de murs entiers de notre histoire. Au sens propre comme au figuré. Hôtel National, cour de Mapou ou de Souillac, hôpital du Nord, gare Victoria, WAQF Building, maisons coloniales remplacées par des parkings… tout est menacé, en voie de disparition et nombre d’édifices ont déjà été rayés de la mémoire. Le siège du PTr, au square Guy Rozemont, risque lui aussi de ne pas pouvoir être sauvé, tant il est en décrépitude. C’est dire à quel point les politiques sont peu sensibles à la cause, puisque même quand ça les concerne, ils n’en font pas grand cas. Excepté quand il s’agit des hommes. Car les seuls vestiges historiques que l’on conserve, ce sont nos politiciens.
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