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Crésus crucifié
Où commence la richesse ? De quelle richesse («unexplained wealth») parle-t-on dans le «Good Governance and Reporting Bill» ? Un planton qui possède un écran plat géant avec «sound system» intégré qui vaut dix fois sa paye sera-t-il suspecté ?
Parce qu’il faut envisager comme hypothèse fort probable que son voisin, cousin du beau-frère du directeur de l’Integrity Reporting Services Agency, agacé par le bruit et, surtout, jaloux de ne pas avoir un tel équipement, va faire de la délation…
Et ce sera au pauvre petit planton de se justifier. Il devra vite rédiger une lettre alors qu’il sait à peine écrire et va demander au voisin qui a fait Form V de l’aider, parce qu’évidemment, il ne sait pas que c’est ce dernier qui l’a dénoncé. Le planton devra aller devant l’Integrity Reporting Board, expliquer que c’est sa tante de Grande-Bretagne qui lui a fait ce cadeau, mais n’aura rien pour le prouver.
Le voisin, lui, aura malencontreusement ajouté que c’est sa tante «dealer» qui le lui a offert. Le super appareil sera saisi et prendra l’humidité dans un store pourri. Quand le planton aura eu gain de cause en cour cinq ans plus tard, vu la vitesse de la justice, la télé ne sera plus en état de fonctionner.
Mais le voisin aura eu la paix en attendant et, surtout, aura pu en acheter une encore plus puissante et plus moderne, qu’il fera jouer à fond pour montrer qu’il est plus «mari». Si les Mauriciens en général ne réagissent pas à ce projet de loi, c’est qu’ils ne se considèrent pas riches (contrairement aux avocats qui perçoivent mieux la menace…). Sans réaliser qu’il ne s’agit pas là de richesse absolue (genre Rs 220 millions) mais de biens dont la valeur est supérieure à ce que l’on peut gagner, donc de richesse toute relative !
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