Il n’avait pas fait de déclaration fracassante depuis deux jours. Il n’avait pas animé de conférence de presse pour se contredire ou annoncer la baisse de prix de quelque animal sur pattes. Vivement inquiets à son sujet, les médias ont dès lors signalé la disparition du ministre Soodhun. Attendez, nous apprenons à l’instant qu’il a été retrouvé en un seul morceau, dans les parages du Paille-en-Queue Court.

Les éléments d’information dont nous disposons indiquent qu’une partie de son bouc, au niveau de la moustache plus précisément, a été abîmée après que des employés d’Air Mauritius lui ont cloué le bec à l’aide de 70 couches de latress kolant. Ils l’auraient également menacé, selon les dires du ministre lui-même, de lui agrafer les lèvres, de lui colmater le palais avec de la colle extra forte, de lui brosser les dents avec un râteau ou encore de lui attacher la langue avec des bandes élastiques.

Le but de cette manoeuvre «dégradante» visait à l’empêcher d’exprimer son opinion, de waya waya, aurait-il déclaré aux enquêteurs qui l’ont retrouvé. Ces derniers affirment par ailleurs que les kidnappeurs comptaient balancer le ministre dans la soute d’un appareil d’Emirates Airlines, pour un aller simple vers le désert.

Des sources bien informées confient également que d’autres malfrats seraient aux trousses du ministre Moulin à paroles. Des végétariens et autres bouffeurs de poulet, de poisson et de porc réclameraient, à leur tour, une baisse de leurs aliments préférés.

Alors que des représentants de la classemoyenne-mizer-surendettée prévoient, eux, de planter leur latant devant la demeure de celui qu’ils surnomment affectueusement Boneless Tongue, afin de réclamer des mesures pour soulager ceux qui ont des home loans exorbitants. «Nou byen kontan li pran kont skwater, bé nou ki arivé ?»