Le débat sur la réforme électorale est révélateur de notre conditionnement social. Pourquoi, quand on parle de représentativité au Parlement (ou ailleurs, d’ailleurs), celle à laquelle on pense est la représentativité ethnique ? On va nous dire que la diversité est importante. Mais la diversité ce n’est pas que les communautés désignées par les anciens colons ! Il y a le fait d’être un homme ou une femme, de vivre en ville ou à la campagne, la profession, le bagage scolaire, le milieu social… Vu la quantité d’avocats élus, question diversité, on est très mal barrés ! Il existe certainement plus de ressemblances entre un avocat hindou et un avocat musulman qu’entre une femme de ménage créole et un gros commerçant «sino-mauricien», qui peuvent tous les deux se déclarer de la population générale, par exemple.

 Ces quatre communautés sur lesquelles s’appuie le Best Loser System, voire toute la société, sont complètement biaisées. Soit on les abolit une fois pour toutes, et l’on ne considère plus qu’un groupe, «mauricien», soit on essaye d’avoir une classification qui représente réellement la société et là, on va se retrouver avec une société morcelée en mille morceaux. Parce que ce qui définit l’un n’est pas ce qui définit l’autre. Certains voudront mettre en avant leur religion, d’autres leur orientation sexuelle, d’autres leur profession… En 2016, il est grand temps de supprimer de notre Constitution ces quatre catégories totalement construites d’hindou, musulman, sino-mauricien et population générale, dont deux désignent une religion, une définit une origine géographique et la quatrième est un fourre-tout avec tous ceux qui ne se retrouvent pas dans les trois autres. Ce n’est qu’à ce moment que le processus de décolonisation sera vraiment achevé. Pas si on récupère les Chagos. Mais quand tous les Mauriciens cesseront de se classifier à travers le prisme imposé par d’autres à un moment donné.