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T’es parti…san
«Et je tourne en rond, dans la prison des frontières.» Ou, en anglais : «But I must go on; the frontiers are my prison.» Avec le décès de Leonard Cohen, qui l’a reprise en 1969, «La complainte du partisan» revient jouer sa mélodie nostalgique entre nos oreilles. Mais à l’extérieur de nos pavillons auditifs, c’est le bruit des bottes qui approche. Comme un air de déjà entendu. Les frontières se consolident. Le racisme s’exprime à nouveau ouvertement.
La «suprématie» blanche a été blanchie. L’autre à abattre, sous Hitler, c’était le juif. Maintenant, c’est l’immigré, le musulman. On oublie que le führer était plébiscité, qu’il a reçu plus de lettres de fans que les Beatles. Que les masses sont enclines à haïr, à voter pour quelqu’un dont le fil conducteur de la politique est la peur et la colère. Que les extrêmes-droites sont en montée de puissance.
Qu’on n’a pu leur envoyer un revers de la gauche faute de savoir se servir correctement de cette main. Que c’est la logique du fascisme qui guide Trump, Le Pen et Poutine. Le peuple veut du changement. Mais c’est une régression. Le vrai changement, ce serait sortir du système économique actuel, se rapprocher de la Nature, se penser globalement, abolir les frontières, supprimer les États, laisser chacun circuler librement en tant que citoyenterrien.
Ce serait inventer une société égalitaire, où chacun se sentirait appartenir à cette terre-patrie, pour reprendre l’expression d’Edgar Morin. Et, enfin, mettre «l’imagination au pouvoir». Cohen a bercé cette génération soixante-huitarde, dont les parents ont vécu la Seconde guerre mondiale, qui a eu de beaux idéaux, a aidé à la libération de la parole et des femmes, mais fait payer à ses enfants son appétit démesuré d’opulence matérielle au mépris de la terre, de la vie. Que reste-t-il de 68 ? Un mais... «Élections, piège à cons», scandaient les étudiants. Plus le piège est grossier et plus ça marche ! Ce chant de la résistance, il va falloir à nouveau l’entonner.
Résistance à la haine, résistance à l’intolérance, résistance à l’inhumanité, aux creuseurs de tombes de la solidarité et de la fraternité qui prennent peu à peu le pouvoir. Résiste, Terrien ! Sans le monde, t’es rien…
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