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Coup de poème

4 février 2017, 08:41

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«Les poètes déclarent que jamais plus un homme sur cette planète n’aura à fouler une terre étrangère — toute terre lui sera native —, ni ne restera en marge d’une citoyenneté — chaque citoyenneté le touchant de ses grâces —, et que celle-ci, soucieuse de la diversité du monde, ne saurait décider des bagages et outils culturels qu’il lui plaira de choisir.»

«Les poètes déclarent que, quelles que soient les circonstances, un enfant ne saurait naître en dehors de l’enfance ; que l’enfance est le sel de la terre, le sol de notre sol, le sang de tous les sangs, que l’enfance est donc partout chez elle, comme la respiration du vent, le salubre de l’orage, le fécond de la foudre, prioritaire en tout, plénière d’emblée et citoyenne d’office.»

«Les poètes déclarent que les frontières ne signalent qu’une partition de rythmes et de saveurs, qui n’oppose pas mais qui accorde, qui ne sépare que pour relier, qui ne distingue que pour rallier, et que dès lors aucun cerbère, aucun passeur, n’y trouvera à sévir, aucun désir n’y trouvera à souffrir.» Extraits de l’appel de solidarité avec les migrants de l’écrivain Patrick Chamoiseau. Cette «déclaration des poètes» clôt «Frères migrants», son livre à paraître en mai. Pourquoi la reprendre ici et maintenant ? Parce qu’au-delà des migrants que nous sommes tous, ces paroles désengluent nos ailes, collées par la bassesse de la cour recréée. Si l’enfant dirigeant, incapable de s’affranchir du père lorsqu’il parle d’esclavage, avait pu s’en inspirer dans son discours Morne... Que n’avons-nous un Chamoiseau pour que vole haut le ministre de la Culture lesté au briani ? Élevons-nous les uns les autres des emmêlés dans leurs pinceaux incapables de mélanger les couleurs.

Rompons nos cordes nombrilistes. Que tous les hommes soient les papas de tous les pitis nés et à venir, que toutes les mères portent toutes les vies de la terre. Il n’est de vraies réformes que dans le reformatage, des pensées et des idées. Hors des partis, pris et quittés. Un gouvernement de poètes, voilà le seul espoir qui peut jaillir de la «fangeance» qui exhale des cuisines. Apatrides mais locataires de Gaïa. Porteurs d’une humanité sans traces de races, au-dessus du marché noir des dealers d’âmes, en pleine conscience de nos destins enchaînés. Tordons son cou(p) à l’État, déclarons notre monde poétocratie !