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Analyse: Réformes, PR et transfuges
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Analyse: Réformes, PR et transfuges
Au départ, le système politique, parlementaire et électoral (First Past The Post, FPTP) de Maurice était inspiré du modèle westminstérien. En raison du poids énorme des préjugés racistes et communalistes engendrés depuis les années cinquante, une première entorse à la culture wesminstérienne fut l’introduction du Best Loser System (BLS) pour protéger les minorités, mais qui, en même temps, institutionnalisa le communalisme et le racisme.
Sacrés Britanniques. Pourrait-on les imaginer comptant le nombre d’élus anglais, gallois, écossais et irlandais du Nord, consultant le dernier recensement et attribuant des sièges à des non-élus pour compenser la sous-représentativité d’une composante ou d’une autre ? En introduisant le BLS chez nous, les Britanniques ont fini par nous léguer des armes pour divide and rule, un art qu’ils ont perfectionné pour pouvoir construire leur vaste empire dans le monde.
Le BLS ne fut pas le seul point de rupture avec le modèle idéal des Britanniques. À Maurice, l’environnement politique a été depuis longtemps pollué par le phénomène appelé transfuge. Avant l’Indépendance même, on notait des mouvements d’éléments entre les partis traditionnels. Sir Satcam Boolell fut le premier grand transfuge, transitant de l’Independent Forward Bloc au Parti travailliste. Mais le côté le plus pernicieux de ce phénomène fut son impact sur la force numérique des partis au Parlement, faussant le vœu de l’électorat.
Dans ce jeu de transfuges, c’est le parti au pouvoir qui gagne en disposant des moyens pour débaucher d’éventuels transfuges. Après les élections de 1976, quand le gouvernement PTr-PMSD se retrouva avec une majorité de deux sièges, la légende veut que quelqu’un avait toujours une mallette à portée de main avec une grosse somme d’argent, qu’on estimait à Rs 100 000, pour assurer que la faible majorité ne soit pas mise en minorité. Dans le contexte de 2017, on a même avancé un chiffre portant sur plusieurs millions pour assurer un crossing of the floor.
Pendant des décennies, on réclame des «réformes» politiques et constitutionnelles, on dénonce les injustices du système FPTP, pourtant, la principale cause du dysfonctionnement de notre système politique et parlementaire reste le phénomène des transfuges. Il faudra légiférer pour que le transfuge perde son siège. Une loi anti-transfuge existe déjà au niveau des collectivités locales. Il faut maintenant que le Parlement soit lui aussi protégé de la maladie transfuge.
Il faudra aussi régler le problème de dissension entre partenaires après les élections. Le retrait du PMSD du gouvernement porte préjudice aux partisans du MMM qui ont voté pour les bleus. Mais les bleus pouvaient-ils cautionner le gouvernement, si le principal parti se livrait à des manoeuvres antidémocratiques et prenait des initiatives qui violent l’esprit du manifeste électoral des alliés ? Le PMSD a eu peut-être raison de se retirer plutôt que de soutenir une initiative non sanctionnée par l’électorat et qui remettait en question le fondement même du principe den la séparation des pouvoirs.
L’introduction d’un système de représentation proportionnelle (PR en anglais) ne ferait qu’aggraver le phénomène des transfuges. En effet, le parti ou l’alliance qui remporte les élections disposera d’une majorité bien réduite par rapport au mécanisme premier du FPTP, comme cela a été démontré à Rodrigues au début de la semaine. En raison de cette majorité précaire, la chasse aux transfuges valant maintenant leur pesant d’or deviendrait encore plus frénétique.
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