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Manière de voir : Dans le pire des scénarios pour le MSM

15 avril 2017, 13:11

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Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, au Parlement mardi. Il dispose de trois années avant de fournir son bilan.

Peu importe le scandale auquel est confrontée l’alliance Lepep, le MSM semble toujours survivre. Mais jusqu’à quand ? Parviendra-t-il à finir son mandat et même remporter les prochaines élections générales, prévues en décembre 2019 ?

Un nouveau cyclone s’abat chaque semaine sur l’alliance Lepep, dont la principale composante reste le Mouvement socialiste militant (MSM). Le MSM survivra-t-il ? Oui, semble-t-il, même dans le pire des scénarios, le parti survivrait jusqu’aux élections prévues normalement en décembre 2019. Les différents scénarios et les chances de survie du MSM :

Durée et solidité du mandat

 Suivant de nombreuses spéculations faites sur le Net sur la durée du mandat actuel du MSM, il faudrait souligner que la majorité gouvernementale du parti n’est nullement menacée malgré les sautes d’humeur de certains parlementaires. Quant à la durée du mandat, bien que les dernières élections aient eu lieu en décembre 2014, ce gouvernement peut rester au pouvoir jusqu’à juin 2020. En effet, la Constitution permet au gouvernement de fonctionner pendant six mois encore suivant la dissolution du Parlement. Le gouvernement est tenu d’organiser des élections dans ce délai de six mois. Donc, Pravind Jugnauth dispose de trois années entières pour effacer les gabegies et fournir un bilan impressionnant. Si, arrivé décembre 2019, le gouvernement s’est fait extrêmement impopulaire, un mandat supplémentaire de six mois passerait très mal dans l’opinion publique mais le MSM pourrait toujours prendre un risque calculé et jouir d’un bonus de six mois.

 Les rebelles potentiels du MSM Contrairement à la croyance populaire, Raj Dayal, Sudesh Rughoobur et Bashir Jahangeer ne souffrent pas du complexe de Samson et n’ont aucune intention de nuire au MSM en se sacrifiant comme députés. Raj Dayal pourrait toujours être disculpé dans l’affaire bal kouler. Cela est techniquement possible. Rughoobur aussi pourrait s’en sortir avec un bon avocat rompu aux subtiles «technicalities» de la loi. Jahangeer pourrait toujours se retrouver au Conseil des ministres. Si des gens comme Xavier-Luc Duval et Roshi Bhadain sont partis, des postes pourraient toujours devenir vacants à l’avenir. Certains seraient tentés de croire qu’une rébellion à la manière d’Harish Boodhoo pourrait menacer la majorité du MSM. Le contexte actuel est totalement différent. Aucun parti d’opposition n’est disposé à accueillir Dayal ou Rughoobur, encore moins lui proposer le poste de vice-Premier ministre.

 Si sur le papier, il existe un risque de défections, le MSM n’a toujours pas fait le plein dans les rangs de l’opposition et chez les «indépendants». Pour avoir une idée de ceux qui pourraient toujours aller soutenir le MSM et profiter du pouvoir, il faudrait identifier ceux qui n’auront pas d’investiture aux prochaines élections et même s’ils sont candidats, s’ils sont sûrs d’être réélus comme lors du fluke (coup de bol) de 2014.

Le cas Pravind

Scénario du pire : le Conseil privé de la Reine le juge coupable dans l’affaire MedPoint. Solution : sir Anerood Jugnauth reprend son poste de Premier ministre. Par contre, si Ivan Collendavelloo tente un coup de force, le MSM en sortirait plus solide, reprenant le poste de vice-Premier ministre, se débarrassant aussi d’Anil Gayan et récupérant tout ce qui reste du Muvman Liberater (ML) au Parlement, tout en «déchihuahuarisant» toutes les institutions contrôlées par le ML. Ce n’est certainement pas par crainte d’une élection partielle au nº 7 que sir Anerood n’a pas démissionné du Parlement. Il reste physiquement présent, prêt à intervenir suivant le moindre accident, à Londres, du fiston.

La présidente

Scénario du pire, des révélations des plus scandaleuses remontent à la surface et la présidence est ternie au point où la locataire du Réduit doit plier bagage. Un tel scénario serait loin d’être néfaste pour le MSM. Tout d’abord, le slot de la présidence deviendrait vacant et le MSM pourrait y placer un zanfan lakaz, genre Karl Offmann. Ensuite, le MSM aura éliminé à jamais toute rivalité au sommet de l’État qui pourrait nuire au Premier ministre Pravind Jugnauth. Déjà, sans l’accident Álvaro Sobrinho, Ameenah Gurib-Fakim avait pris des initiatives diplomatiques, économiques, culturelles et médiatiques qui faisaient de l’ombre à l’hôtel du gouvernement. C’est elle qui installait le plus grand investisseur étranger de tous les temps, c’est elle qui dictait la politique diplomatique du pays à travers ses nombreux déplacements, dont une visite au Pakistan suivie d’une Pakistan Week au château du Réduit. Avec l’efficace Dass Appadoo, elle avait installé un gouvernement parallèle au Réduit.

Bien que n’étant pas investie de pouvoirs exécutifs (pauvre Akilesh Deerpalsingh !), Ameenah GuribFakim disposait d’une nuisance value conséquente, surtout qu’elle fréquentait les grands du monde, notamment à Davos. Son élimination du Réduit, loin de provoquer un effondrement d’un château de sable, permettrait au MSM de se débarrasser d’une épine.

Les affaires, encore les affaires Le MSM et le ML pourraient voir tomber du ciel – du cyberespace plutôt – encore des affaires les unes plus délectables que les autres. Cela n’empêchera pas le gouvernement de fonctionner, Pravind Jugnauth de s’engager dans son opération nettoyage dominical et la MBC de lui consacrer plusieurs minutes tous les soirs. Seule une menace à la majorité au Parlement pourrait faire tomber ce gouvernement. Et avant même qu’une telle menace se précise, il y a toujours cette vieille recette utilisée par plusieurs gouvernements. Il s’agit de faire le Parlement siéger le moins possible. Ou ne pas siéger du tout.

 Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, au Parlement mardi. Il dispose de trois années avant de fournir son bilan.