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Manière de voir : Arrogant, sans peur, sans pudeur, sans gêne

22 avril 2017, 13:04

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Manière de voir : Arrogant, sans peur, sans pudeur, sans gêne

Gérard sanspeur, l’homme au salaire mensuel d’un demi-million de roupies, doit une fière chandelle à Nandanee Soornack. Cette dernière a aidé à déplacer vers Milan les feux des projecteurs qui étaient braqués, à Port-Louis, sur ce Senior Adviser du Premier ministre, Pravind Jugnauth.

Alors que Gérard Sanspeur était sur le point de détrôner la présidente Ameenah Gurib-Fakim de la tête du classement des personnalités attirant le plus grand nombre de commentaires sur les sites d’information et les réseaux sociaux, Nandanee Soornack s’est hissée en première place sur le podium. Une fois l’effet Soornack estompé, Gérard Sanspeur reviendra bien vite dans l’actualité.

Des «excès» font de lui le conseiller le plus controversable dans toute l’histoire politique de Maurice. Il est le conseiller le mieux payé dans les annales du pays. Rs 476 500 par mois, sans compter les deux mois de boni annuel qu’ils ajoutent à son pay packet. Ensuite, il a fait preuve d’une arrogance impardonnable quand il s’est attaqué au métier de Meter Reader et, par extension, à tous les salariés qui touchent moins que cette catégorie d’employés du Central Electricity Board et de la Central Water Authority. Au fait, Gérard Sanspeur a voulu s’attaquer à Rajesh Bhagwan, qui a été Meter Reader une fois ses études secondaires complétées.

Une telle arrogance de la part d’un conseiller grassement payé par les contribuables du pays, y compris les Meter Readers, aurait valu son limogeage immédiat si un tel écart de langage s’était produit dans un pays civilisé. Mais ne vivons-nous pas dans un pays où un ancien Premier ministre se permet même de dire qu’il pisse sur ses adversaires ?

Dans la foulée de cette tentative de vouloir dénigrer des travailleurs n’ayant pas eu la chance de s’éduquer comme le super-conseiller, il serait intéressant de connaître la réaction d’une VIP issue elle-même de condition modeste et qui, d’après la légende, avait débuté comme rat-catcher au grenier du Port pour se faire par la suite gatekeeper. Puis, encore, réceptionniste dans le service hospitalier.

Du reste, les railleries de Gérard Sanspeur envers les releveurs de compteurs et les travailleurs se trouvant dans cette échelle de salaire n’ont, jusqu’ici, provoqué aucune réaction de la part des syndicats qui sont pourtant en état de guerre permanente. Durant la semaine écoulée, n’a-t-on pas appris la démission tapageuse d’un syndicaliste d’une instance et qui voulait ainsi protester contre le fait que son président avait tenu une conférence de presse en solo ?

Dénigrer la profession des releveurs de compteurs n’a pas été le seul écart de langage à mettre sur le compte de Gérard Sanspeur. Dans une déclaration sur les ondes d’une radio, il a affirmé que s’il était payé moins de Rs 500 000 par mois, il n’aurait pas fait son «travail comme il le faut». Avec de tels propos, Gérard Sanspeur se démarque comme un professionnel de classe exceptionnelle. Il a expliqué que, dans le privé, il touchait jusqu’à Rs 800 000 sans compter les bonis et les primes à la productivité. Mais comme dans le cas d’autres nominés avant lui, qui ne manquent pas d’affirmer qu’ils touchaient davantage dans le privé, c’est l’amour de la patrie qui les a amenés à travailler pour moins, dans le gouvernement… Mahatma Gandhi n’aurait-il pu se faire une fortune comme avocat ? Mais il s’était fait mahatma drapé d’un modeste dhoti…

Puisqu’il occupe une position d’avant-plan, Gérard Sanspeur risque d’affronter bien des critiques dans les jours à venir. Pour faire taire ces critiques et prouver que le gouvernement joue vraiment la carte de la transparence, il n’a qu’à émuler Nandanee Soornack. Et se livrer à un simple exercice en public. Tout comme Soornack a exhibé ses billets d’avion et ses étiquettes de bagage, Gérard Sanspeur n’a qu’à produire ses fiches de paie quand il roulait pour le secteur privé pour prouver aux Mauriciens que même les capitalistes reconnaissent ses talents exceptionnels. Sinon, il risque d’être perçu comme un bluffer sans pudeur, sans gêne, un arrogant incorrigible, créant ainsi une nouvelle source d’embarras pour le gouvernement.

Sur la base du nombre d’institutions vitales qu’il dirige à lui seul, Gérard Sanspeur ne fait qu’exposer un manque d’envergure du Premier ministre lui-même qui, selon toute évidence, l’utilise comme béquilles. Ce super-conseiller exceptionnel est bien parti pour ravir un jour à sir Anerood le titre de «enn tigit pli tipti ki bondié»