Publicité

Manière de voir: King Kong au Sun Trust

29 avril 2017, 13:11

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

 

Où s’arrêtera Roshi Bhadain dans son œuvre de démolition du Sun Trust ?

 Ce qui est certain, c’est que cet ex-fils spirituel d’Anerood Jugnauth agit avec la dextérité d’un militaire chargé d’ébranler une citadelle, mais qui prend tout son temps. Pas question de monter une seule opération spectaculaire au risque de se retrouver à court de munitions et de s’exposer à une contre-offensive mortelle. Il s’agit plutôt de choisir les cibles les plus vulnérables et les endommager l’une après l’autre, de sorte qu’au bout de quelques mois, l’édifice branlant ne demandera plus que le coup de grâce. Bhadain doit pouvoir gérer son stock de munitions de manière à soutenir une campagne qui s’annonce assez longue.

Bien que faisant partie du gouvernement où, semble-t-il, il n’éprouvait du respect que pour le Premier ministre Anerood Jugnauth, il avait déjà considérablement endommagé deux rivaux, à savoir Ivan Collendavelloo et Vishnu Lutchmeenaraidoo. L’opération chihuahua a fait mouche et le terrible Ivan Collendavelloo en est sorti réduit à ses justes proportions. On ne lit que chihuahua sur les réseaux sociaux. Cette arme de l’humour n’est pas nouvelle dans les annales politiques du pays. Quelques stratèges du MMM, fonctionnant au niveau du journal Le Nouveau Militant, avaient dans le passé mis K.-O. le foudroyant Harish Boodhoo, le transformant en véritable joke à travers une avalanche d’histoires rocambolesques et de caricatures sur le thème Harry Bodo.

Quoique techniquement blanchi dans l’affaire de l’euroloan de Rs 45 millions, Vishnu Lutchmeenaraidoo aura du mal à convaincre l’opinion publique qu’il n’a bénéficié d’aucune faveur à la State Bank, alors que son conseiller politique siégeait au niveau du comité des prêts de cette banque. Ce conseiller est toujours là.

 Après les escarmouches, la vraie guerre a commencé quand Bhadain s’est retiré du gouvernement le jour même où Pravind Jugnauth a accédé aux fonctions de Premier ministre. La nouvelle offensive a réussi dans une grande mesure à vendre aux Mauriciens deux nouveaux concepts, celui de l’existence de cette fameuse cuisine où toutes les décisions sont prises en amont des annonces officielles et d’une mafia contrôlant les institutions du pays. Cette cuisine existait du temps où le MSM était dans l’opposition. Les membres du bureau politique savaient que des décisions avaient été déjà prises et qu’ils n’avaient qu’à les entériner. La cuisine décidait même de l’allocation des bureaux aux collaborateurs dans le bâtiment du Sun Trust. Quand le MSM a accédé au pouvoir en 2014, la cuisine est devenue très puissante. Quand sir Anerood Jugnauth s’est retiré, la cuisine s’est faite hyperpuissante.

Roshi Bhadain, qui dispose d’une mine d’informations qu’il avait glanées comme ministre de la Bonne gouvernance et des institutions financières, ne s’est pas contenté d’attaques verbales genre chihuahua. Il a entrepris une série d’actions pour mettre à mal les différentes composantes de cette mafia.

 À l’issue des événements qui ont suivi l’installation de Pravind Jugnauth à la tête du gouvernement, un climat délétère s’est installé dans le pays. Bien que ne menaçant pas l’existence de ce gouvernement, le nouvel environnement de scandales se succédant et de révélations outrageantes provoque des effets corrosifs sur l’édifice du pouvoir. Pravind Jugnauth aura beau enlever des immondices le dimanche, assuré qu’il est d’une large couverture à la MBC, les Mauriciens, eux, ne parlent que Sobrinho, la présidente, Dass Appadoo, Sheila Hanoomanjee et sa compagnie de biscuits Esko recyclés logée à la résidence officielle de la Speaker, les salaires de Gérard Sanspeur qui dirige aussi des institutions tout en étant Adviser dans un pays qui compte des milliers de jeunes universitaires en quête d’un premier emploi, Vijaya Sumputh, la sœur de Vishnu Lutchmeenaraidoo, la mafia de la drogue, les accolades de Gianchand Dewdanee ou de Hans Ballah, les problèmes de réclamation du ministre Sesungkur et du député Rughoobur et, récemment encore, les dessous suspects de la vente d’Apollo Bramwell, les Mercedes et autres Mitsubishi de Sun Trust/ Soodhun et les revenus faramineux de la notaire Wenda Sawmynaden.

Normalement un parti politique ayant culture agressive, le MSM n’a pas tardé à réagir. Ainsi, une commission d’enquête a été créée pour nuire à Roshi Bhadain, pour prouver qu’il y a eu maldonne dans la vente des actions de Britam au Kenya, que l’argent récolté est bien inférieur à la valeur réelle de ces avoirs de British American dans ce pays africain. Bhadain doit sûrement causer des cauchemars dans la cuisine, à en juger par le Premier ministre perdant complètement son calme au Parlement et débitant des propos à connotation peu orthodoxe. Et cela accueilli par une réplique non pas plus orthodoxe dans les annales de l’Assemblée nationale.

 À moins que Bhadain ne rencontre le sort du constable Arvind Hureechand, il nous promet assurément du beau spectacle en attendant décembre 2019.