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This is the MBC, Mekraj Baldowa Corporation

6 mai 2017, 09:22

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Sur le crédit de qui mettre le grand «coup» réalisé à la MBC, dans l’après-midi du 1er mai, pour démontrer aux téléspectateurs mauriciens que le MSM à Vacoas avait nettement dominé le MMM à Rose Hill ?

Était-ce l’oeuvre de Mekraj Baldowa, fraîchement nommé aux fonctions de directeur général après avoir été président du comité de direction de la MBC ? Du coup, le sigle MBC mériterait l’appellation Mekraj Baldowa Corporation.

Était-ce l’acte d’adieu d’Amoordalingum Pather, qui cède sa place à Baldowa et qui retrouve la direction de Multi-Carrier Mauritius Ltd, une organisation étatique responsable de la gestion de tous les réseaux de retransmission, de la MBC comme des radios privées ? Ou était-ce l’oeuvre d’un conseiller sévissant au bureau du Premier ministre et qui s’est rendu dans les salles de montage de la MBC après le meeting ?

Si c’était Mekraj Baldowa, il gagnerait bien vite ses galons au Sun Trust avec un tel démarrage fracassant. Job assuré pour les 30 mois à venir. Une telle garantie d’emploi est nécessaire dans une organisation où le siège éjectable est souvent actionné et qui voit son troisième directeur général en 30 mois. Et il n’est pas donné à tout le monde d’être aussi chanceux qu’Amoordalingum Pather, qui se voit offrir un parachute doré assurant un soft landing à la direction de Multi-Carrier Mauritius Ltd.

Toutefois, il est peu probable que le coup ait été réalisé par Baldowa, qui a bâti son renom dans le business des ONG. Il n’a ni le flair politique, ni le savoir-faire technique pour monter des vidéos de propagande. De toute façon, le mécanisme portant sur la nomination officielle de Baldowa n’a pas encore été enclenché, ce qui laisse Pather en situation de contrôle total. Et Pather n’est pas né de la dernière pluie, étant amplement exposé à l’art des tractations et du lobbying.

Si Pather a fait ce cadeau au Sun Trust, c’était pour dire aux décideurs politiques qu’il est l’homme de la situation. Pather maîtrise parfaitement la technologie audiovisuelle et la mission spéciale du 1er-Mai, c’est un jeu d’enfant en termes de production technique. Mais l’opération politique, en est-il capable ? On reste sceptique sur les talents de Pather dans ce domaine.

Ce qui nous amène à une troisième possibilité. Il s’agirait là de l’oeuvre d’un outsider en la personne d’un adviser du PMO qui sait exactement que faire en utilisant la MBC comme arme de propagande massive.

La manipulation des images ne demande pas des études universitaires poussées à Yale ou à Harvard. Quelques techniques locales à utiliser l’année prochaine : Présenter des hommes et des femmes armés de tous leurs accessoires, visiblement en extase, devant leur leader à Vacoas. Par contre, montrer les partisans du MMM comme des gens mal à l’aise à Rose-Hill et rôdant çà et là.

À Vacoas, on enregistre les grands élans de soutien et les applaudissements frénétiques à coups de trompette, djembé, dholoks, jaals. À Rose-Hill, on voit des partisans qui subissent, dans une indifférence à faire bâiller, les discours des dirigeants. 

Si on montre une foule compacte à Vacoas, à Rose-Hill on attend que quelques militants laissent un «trou» en bougeant pour aller chercher une paire de dholl puri. Ce trou est vite enregistré pour être utilisé tout d’abord dans le bulletin en hindustani et subséquemment à 19 h 30.

Paul Bérenger a bien l’habitude de partager des confidences ou un joke avec quelqu’un, une main fixée sur les épaules de ce dernier. La MBC présente cette scène comme un manque d’égard de Paul Bérenger envers les autres, alors que Pravind Jugnauth fait l’objet d’une adoration béate tant des dirigeants que des partisans.

À Vacoas, les missiles verbaux des orateurs ciblant l’opposition sont repris viva voce. À Rose-Hill, par contre, on rapporte des généralités venant de la bouche de Paul Bérenger genre «MMM plus fort que jamais» ou «MMM ira seul aux élections».

À Vacoas, on montre que des Mauriciens de toutes les communautés et des hommes et des femmes de tous les âges sont présents. À Rose-Hill, on fait un échantillonnage d’un autre type pour montrer que le MMM est loin d’être un grand parti national.

Si on trouve quelqu’un avec une cannette de bière à Rose-Hill, vite un gros plan. Par contre, si jamais une image de quelqu’un tenant une bouteille de Goodwill est prise à Vacoas, un tel fait ne sera jamais diffusé sur les ondes de la MBC.

La MBC ne change pas, c’est le gouvernement qui change. Que ce soit au service de Navin Ramgoolam ou de Pravind Jugnauth, il y a toujours quelqu’un à la MBC pour aider le parti gouvernemental à remporter la bataille des foules et cela au détriment de l’opposition, du moins dans la perception des téléspectateurs.

Rien ne changera à la MBC car, à l’exception des actions judiciaires menées par Cehl Meeah et Shakeel Mohamed, aucun parti n’a jamais vraiment contesté en cour cette manipulation partisane. Pourtant, le MBC Act est bien clair sur l’obligation de la station d’observer la neutralité politique et d’éviter tout acte de partisannerie. Ceux qui dirigent la MBC violent allégrement l’esprit et la lettre de la loi. En 2017, on ne prend même pas la peine de maquiller ses manoeuvres. Le board même de la MBC est devenu une filiale du Sun Trust.

Des Mauriciens protestent sur les réseaux sociaux contre la praxis politique particulière du MSM. Le modus operandi est assez simple : assurer la mainmise totale sur les institutions et placer des inconditionnels pour faire rouler le système en faveur du parti même, la tentation de taper dans la caisse étant tolérée. Les dirigeants du MSM sont convaincus que les Mauriciens acceptent généralement leur façon de gérer le pays, le parti n’ayant perdu des élections générales qu’en deux occasions, en 1995 et en 2005. Ils croient que les «intellectuels » leur seront toujours hostiles, mais comme Virendra Ramdhun l’a si bien expliqué, ce sont d’autres, beaucoup plus nombreux, qui «font» les gouvernements.