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Arrogance, maja karo mam sur 18 milliards

6 juin 2017, 19:45

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C’est seulement quand il a été vu dormant au Parlement que la grande majorité des Mauriciens, y compris ceux de la circonscription nº 4,  se sont demandé s’il s’agissait d’un élu du peuple. C’est dans ces circonstances que les Mauriciens ont découvert qu’il existe bel et bien un député qui s’appelle Gowkaran Oree.

Et pas un député ‘n’importe’ si on analyse les résultats des dernières élections. Oree récolta 17 633 votes contre 12 506 à Arianne Navarre-Marie, une femme qui a été très active tant dans la région de Port Louis qu’au niveau national. Le cas Oree prouve que le phénomène ‘pied banane’ est bien ancré dans les mœurs électorales du pays.

L’élection d’Oree dans le nº 4 avec 57% des votes a, sans doute, façonné la manière de penser à l’intérieur de l’alliance Lepep depuis décembre 2014. Manière de penser si éloquemment illustrée par le ministre-mentor se déclarant prêt à arroser de sa façon particulière ceux qui s’opposent au gouvernement.

Dans le nº5 voisin, un parlementaire pourrait arpenter les rues et ruelles de ce grand village sans être reconnu encore moins interpellé par les mandants. En effet, c’est seulement quand il est accompagné d’un grand nombre de fonctionnaires et de policiers que les villageois se posent la question : mais c’est qui, ce type-là ? Le plus malin dira Ramkaun. En effet, Sharvanand Ramkaun obtint 23 589 votes aux dernières élections battant son plus proche adversaire, un certain Navinchandra Ramgoolam, de pas moins de 3 496 votes.

Après une telle victoire d’un pied banane aux dépens d’un Premier ministre, on peut comprendre l’attitude arrogante d’un Anil Gayan qui déclare de façon péremptoire  que Government is Government, Government decides, que Vijaya Sumputh, telle une princesse, a droit à tous les privilèges comme membre de la famille royale et qu’il ne croit  pas que la méritocratie doit nécessairement s’appliquer dans toutes les nominations.

L’arrogance dans les propos et la démarche de Gayan et de son leader Ivan Collendavelloo sont renforcées par la manière dont ils ont été accueillis  par les électeurs des deux circonscriptions voisines des Plaines-Wilhems. Dans la circonscription nº19, il n’aurait fallu que le ‘virement’ de  165 militants pour que Paul Bérenger soit battu par le pied banane Ramalingum Maistry. Ivan Collendavelloo marqua une avance de 3000 votes sur le leader historique du MMM. 3000 votes, c’est conséquent. Comme l’avantage numérique de Ramkaun dans le nº 5.

Ces victoires ne pourraient ne pas leur monter à la tête. Avec de tels résultats, comment ne pas comprendre l’arrogance et la goujaterie  de Pravind Jugnauth quand il invite un adversaire à lick other parts de sa personne ?

Maintenant, l’arrogance va atteindre des sommets car avec on est maintenant armé d’un coffre de guerre de Rs 18 milliards. A dépenser et à dépenser encore  sans avoir  rendre des comptes au Parlement et au directeur de l’Audit.

En ce début de juin 2017 avec un gouvernement à mi-mandat, que nous réservent-ils encore les princes avec les Rs 18 milliards ? Le problème ne vient pas seulement de l’ampleur de ce nouveau palier d’endettement de la nation mauricienne. Ni du projet hautement controversable et à tous les points de vue ruineux qui sera financé à partir des prêts reçus du pays ami.

Dans le cas  du prêt de Rs 18 milliards, c’est l’astuce utilisée pour pouvoir dépenser ces Rs 18 milliards sans passer par les procédures d’appel d’offres public qui sont assorties d’un mécanisme de contestation en cas de litige.  On ouvre les portes du paradis aux courtiers.

Ce prêt de Rs 18 milliards n’a pas été fait de gouvernement à gouvernement mais d’une institution officielle de l’Inde à une compagnie privée mauricienne, un Special Service Vehicle, créée deux jours avant que le Premier ministre ne s’envole pour l’Inde. Cette compagnie mauricienne,  la SBM (MauritiusInfrastructure Development Company Ltd  faisant partie de la SBM,  va recevoir les Rs 18 milliards et allouer à son tour des prêts à des compagnies privées que va créer le gouvernement pour financer divers projets de développement.

Maurice est loin d’être un paradis de la bonne gouvernance. Des soupçons de corruption dans les ministères font souvent l’objet d’enquête de la part de l’ICAC. Dans les compagnies privées contrôlées par l’Etat, les allégations de corruption sont encore plus tenaces. Sinon comment expliquer l’empressement de la Mauritius Duty Free Paradise, une compagnie privée, mais contrôlée par l’Etat à acheter les biscuits de la fille du Speaker ?

Maintenant, ce n’est plus quelques milliers de roupies ponctués avec des biscuits qui sont en jeu. C’est une somme colossale de Rs 18 milliards qui est mise en jeu et qui va inviter des hyènes et des rapaces et des courtiers appâtés par le lucre plus conséquent que des roupies récoltées à la boutique duty free de Plaisance. Ce sera un maja karo, la belle vie, sans précédent dans l’histoire du pays. Sans la moindre inhibition d’acccountability.

La SBM (Mauritius) Infrastructure Development Company Ltd comme mère génitrice va donner naissance à bien de compagnies privées gérées évidemment par des nominés du gouvernement. Déjà, la présence de Kris Lutchmeenaraidoo à la SBM (MauritiusInfrastructure Development Company Ltd  a valeur de symbole. C’est le cousin du ministre Vishnu Lutchmeenaraidoo, celui-là même qui obtint un prêt de Rs 40 millions de cette même banque pour se lancer dans le business de l’or. 

Avec toutes les nominations de proches (femmes, maîtresses, amant, enfants, cousins, gendre, papa) mais aussi des fidèles, avec toutes ces  affaires de gros sous (Kailash Trilochun, Alvaro Sobrinho, Bissoon Mungroo, Wenda Sawmynden, Youshreen Choomka),  il n’est pas difficile d’imaginer d’où viendront les vautours qui vont dépecer cet animal valant Rs 18 milliards. On va encore plus loin que de s’approprier les assets de British American pour dipain-diber.

Dans une compagnie privée normale, les voleurs et les incompétents sont vite virés. Nous aurons bientôt plusieurs compagnies privées financées à partir du véhicule spécial de la  SBM  qui font fonctionner comme des entreprises familiales, mais c’est l’Etat qui prendra en charge le paiement  de leurs dettes. Voilà le miracle économique promis en 2014.