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Boomerang

Le président Trump est sorti de son ambigüité. Il a décrété que l’accord de Paris sur le climat n’était pas favorable aux États-Unis, qu’il fallait s’en défaire au risque de voir Paris imposer son diktat au reste de l’Amérique. Lui, Trump, veut placer Youngstown, Detroit et Pittsburgh avant Paris qui n’est, après tout, qu’en France, donc pas sa priorité.
Effet boomerang. Le nouveau président Macron lui a renvoyé les honneurs dans une allocution en anglais diffusée sur les réseaux sociaux où il invite les Américains à «Make the Planet Great Again»! Quant à Angela Merkel, elle a affiché sa résolution à avancer dans le sens des accords de Paris quoiqu’il advienne. Même Pékin, sous pression de sa population urbaine de plus en plus mal à l’aise avec ses masques respiratoires, fait alliance avec les leaders européens.
On pourrait croire cette décision de Trump catastrophique. Elle est, à bien des égards, désolante, mais ne sonne pas le glas du réveil écologique mondial. Certains se réjouissent même de ce retrait, se disant que hors de l’accord de Paris, les États- Unis rebelles sont moins gênants que s’ils yrestaient à contrecoeur. Les risques auraient été que les États-Unis sabordent des effortsà l’intérieur du processus : qu’ils n’atteignent pas leurs objectifs en termes d’émissions ; qu’ils coupent les fonds destinés à lutter contre le réchauffement ; qu’ils suscitent un effet «domino» parmi les autres participants ; et qu’ils gênent les négociations aux Nations unies.
Que Paris, Berlin ou Pékin le boudent, Trump peut s’en accommoder. Mais l’inconvénient pour lui est que Pittsburg, cette même Pittsburgh dont il se dit seul à défendre les intérêts, se met aussi de la partie. Le tweet étant le mode d’expression privilégié aux États-Unis, le maire de Pittsburgh a répliqué : «Moi, le maire de Pittsburgh, je peux vous assurer que je vais suivre les directives de l’accord de Paris pour notre peuple, notre économie, notre avenir».
Il n’en fallait pas plus pour que d’autres maires d’autres villes américaines, qu’on appelle les «climate mayors», incluant ceux de New York, Boston, Houston, Los Angeles, Philadelphie et Atlanta, rejoignent le mouvement pro-climat.
Même des entreprises américaines tiennent à distance le président voyou. Des entreprises soucieuses d’assurer leur avenir et de rester à la pointe de la technologie. Elles veulent continuer à avancer sur les technologies propres, solaire, automobile, smart grids… au risque de perdre leur avance, si elles arrêtent.
Trump est parvenu, par sa mauvaise foi, à générer aux États-Unis un sentiment que l’avenir de la planète dépend moins du leadership politique du jour que du cumul des petites actions individuelles ou locales, toutes contribuant à leur mesure à assainir le rapport entre l’homme et la planète.
Loin des caméras internationales, il se produisait en fin de semaine dernière un phénomène équivalent à Maurice. Des entreprises privées, sous l’égide de l’Association of Mauritian Manufacturers, se sont réunies pour réfléchir à la possibilité de faire de Maurice un modèle de croissance verte. Cela, alors que le projet Maurice île durable, projet mené par le gouvernement précédent, a été enfoui dans un tiroir. Même s’il reste financé par une contribution de 25 sous par litre d’essence.
Cet évènement traduit une réalité mauricienne qui semble désormais presque normale. Ce sont à Maurice les organismes privés qui ont pris en main le processus de collecte et de recyclage de déchets, s’appuyant sur la conscience environnementale des particuliers. Un processus pourtant qui relève du mandat de la gestion publique, qui en a profité pour ne plus s’en inquiéter. Ces organismes demeurent toutefois pas assez équipés et financés pour apporter une réponse qui couvre tout le territoire.
Faudrait-il souhaiter voir naître un énergumène aussi désagréable que Trump pour que, par effet boomerang, le leadership politique se réveille?
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