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Manière de voir: Tapis rouge pour les étrangers…
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Manière de voir: Tapis rouge pour les étrangers…
Année après année, le gouvernement mauricien, quel que soit le parti au pouvoir, prend des mesures pour attirer davantage d’étrangers à Maurice. Les étrangers riches sont appâtés à travers différents plans, dont l’Integrated Resort Scheme.
Les professionnels étrangers sont invités à mettre leur connaissance au service de Maurice. Mais le pays attire aussi de milliers d’étrangers qui viennent de leur propre gré tenter l’aventure mauricienne.
Pour leur part, un grand nombre d’étrangers mariés à des citoyens mauriciens ont décidé de vivre dans l’île de façon permanente. Et tout cela dans un environnement où nous accueillons plus d’un million de touristes.
C’est dire que Maurice est un pays éminemment foreigner-friendly. Qu’une immense majorité de Mauriciens après tant de siècles de colonisation souffrent d’un complexe d’infériorité vis-à-vis des étrangers, ce phénomène n’est pas étranger à l’acceptation de la présence, surtout d’Européens, sur notre sol.
Les étrangers comme outil économique, cela a une influence sur la politique du gouvernement depuis que Gaëtan Duval entreprit une grande campagne de marketing, vantant les attraits touristiques de Maurice. Plus tard, Singapour devint la référence, le modèle à copier.
Le succès singapourien est attribué en grande partie à la présence d’un grand nombre d’étrangers dans ses différents secteurs économiques. Mais Maurice peut-elle émuler le modèle singapourien sans provoquer une dislocation de ses structures traditionnelles ? Nos pays sont radicalement différents.
Singapour avait en 2015 une population de 5,5 millions de personnes, dont seulement 3,3 millions étaient des citoyens, les 2,1 millions autres (40 % du total) étant des étrangers, travailleurs comme étudiants. Est-ce que Maurice pourrait accueillir plus de 300 000 étrangers pour une population de 1,3 million ?
Le modèle Singapour ne s’applique en aucun cas à Maurice. Par exemple, estil possible que le ministre du Logement de Singapour publie un communiqué pour dire qu’il soutient l’Arabie saoudite contre le Qatar et l’Iran, allant à l’encontre de la politique officielle de son propre gouvernement ?
Le vice-Premier ministre actuel de Singapour, Tharman Shanmugaratnam, qui a visité Maurice récemment, a déjà été poursuivi pour violation de la loi sur les secrets d’État. Des prisonniers fêtant leur anniversaire à coups de whisky et de champagne à Singapour? Le jugement des cours à Singapour prévoit aussi, dépendant des délits, des coups de rotin administrés sur la place publique pour les condamnés.
Singapour est un État autoritaire dirigé de main de fer par un gouvernement soutenu depuis l’indépendance, en 1965, par la communauté majoritaire (70 %) des Chinois qui ont enterré les divisions culturelles et linguistiques de leurs ancêtres venus de différentes régions de Chine pour constituer un bloc monolithique. L’État singapourien est capable de gérer ce grand nombre d’étrangers tout en veillant qu’une femme qui marche seule, non seulement à Orchard Road, mais dans Little India aussi, ne soit pas attaquée par deux motards portant casque intégral. Quelques incidents provoqués par des travailleurs indiens ou bangladeshis se produisent à Little India, mais ces derniers sont vite mis dans le premier avion en partance pour leur pays d’origine.
À Maurice, quand le gouvernement est incapable d’assurer la sécurité de ses propres citoyens, comment s’y prendra-t-il pour protéger les étrangers de nos délinquants qui sèment la terreur sur les routes tous les jours, surtout en s’attaquant à des femmes piétonnes ? Cela se passe même dans le village prestigieux de Triolet.
Bien sûr, les étrangers les plus riches seront en toute sécurité dans leur gated communities à Tamarin et ailleurs. Maurice ne manque pas d’attirer ces étrangers qui veulent vivre dans des communautés fermées. On doit s’attendre à l’arrivée d’un grand nombre de Sud-Africains prêts à investir dans des logements de luxe. Parce que l’ANC et le président Jacob Zuma sont déjà engagés dans la voie de la zimbabwéisation de l’Afrique du Sud.
Certes, chaque étranger établi dans le pays ou étant actif sur le plan économique représente une plus-value pour les Mauriciens en général. Mais il nous faudrait bien gérer notre sécurité pour s’assurer que nous ne devenons pas une destination à craindre. Les nombreux cas d’atteinte à la sécurité attirent déjà l’attention des gouvernements et des medias à l’étranger. Cela pourrait avoir un impact sur l’attrait de Maurice. Et les Sud-Africains fuyant Zuma pourraient être tentés par l’aventure canadienne ou australienne, plutôt que de prendre un risque dans une république bananière.
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