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Les calculs de Paul Bérenger au n° 18

8 juillet 2017, 09:14

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Il n’a pas son pareil dans toute la classe politique mauricienne. C’est l’homme qui travaille sur toutes les permutations et combinaisons possibles, 365 jours sur 365. Il ne pense pas pour une année. Il pense aux deux élections générales à venir. On parle de Paul Bérenger et son insistance à présenter Nita Juddoo à une éventuelle partielle a Belle-Rose–Quatre-Bornes.

Il y a, derrière cette candidature, un calcul politique dont la visée échappe aux observateurs politiques les plus avertis, ceux-là mêmes qui généralement arrivent à décoder les initiatives politiques du leader mauve. Certains militants ne sont pas tellement enthousiastes à l’idée de cette candidature, estimant que Satish Boolell ou Vijay Makhan réunissent de meilleures chances de se faire élire dans le n° 18. D’autres personnes, dont Jean-Mée Desveaux, qui a été le conseiller le plus proche de Paul Bérenger de 2000 à 2005, croient que la défaite de Juddoo est programmée.

Défaite programmée pour faciliter la victoire d’Arvin Boolell. Car, dans son exercice de permutations et de combinaisons, le leader du MMM souhaiterait voir Arvin Boolell, fort d’une victoire spectaculaire dans le n° 18, accéder au Parlement et supplanter Navin Ramgoolam à la tête du Parti travailliste. Plus jamais Navin Ramgoolam mais un Parti travailliste dirigé par Arvin Boolell serait plus acceptable en vue d’une alliance électorale et politique. Si tel est le calcul du leader du MMM, cela indiquerait en même temps qu’il a définitivement written-off une alliance avec le MSM, secoué chaque jour par un nouveau scandale qui vient ternir son image.

Sur papier et compte tenu de la solidité de l’alliance MSM-MMM qui réussit à maintenir un gouvernement pendant tout un mandat de cinq ans, de 2000 à 2005, un deal du MMM avec le MSM semblait pourtant plus plausible qu’un nouvel arrangement avec les travaillistes. Comme en 1990, il était toujours possible pour le MMM de récupérer Pravind Jugnauth seul en l’invitant à se débarrasser de son entourage controversable. Sir Anerood Jugnauth poussa les Ramjuttun et les Lutchmeenaraidoo vers la porte de sortie en 1990. Mais il semblerait qu’en 2017, Pravind Jugnauth soit lui-même jugé irrécupérable.

Si on décèle un élément de cynisme dans la théorie de défaite programmée de Juddoo, supposons quand même que, contrairement aux affirmations de Jean- Mée Desveaux et d’autres observateurs, Paul Bérenger croit vraiment dans la victoire de sa candidate. Une telle victoire aux dépens du Parti travailliste, du PMSD, du MSM, de Roshi Bhadain, de Cehl Meeah, de Rezistans ek Alternativ, lui donnerait l’argument massif que le MMM pourrait bien l’emporter, seul contre tous, aux élections de 2019.

De par sa composition sociologique, Quatre-Bornes offre un reflet de miroir sur tout l’électorat mauricien. D’ailleurs, le parti qui gagne dans le n° 18 depuis 1976 forme toujours le gouvernement. Paul Bérenger s’est sûrement mis dans une situation de gagner sur tous les plans. Une victoire d’Arvin Boolell, c’est le pouvoir partagé. Une élection de Nita Juddoo, c’est le MMM qui, seul contre tous, accède au pouvoir. On reprend le slogan de 1983.

L’illustre voisin de Riverwalk du leader MMM s’est lui aussi mis dans la même position de «pile je gagne, face tu perds». Car si Arvin Boolell passe, il ne sera pas difficile pour Navin Ramgoolam de revendiquer la victoire à lui seul. Et, puisqu’il contrôle d’une main de fer l’appareil du parti, Arvin Boolell pourrait difficilement lui ravir le leadership. Et en cas de défaite, tout le blâme serait posé carrément sur les épaules d’Arvin Boolell. Deux hommes rient sous cape à Riverwalk. Par contre, l’homme d’Angus Road voisine doit sûrement se faire des soucis.