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Garder chaque fenêtre du MSM étanche

29 juillet 2017, 12:57

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Qu’on ne se berce pas d’illusions alors que les affaires s’accumulent Il n’arrivera rien à Raouf Gulbul ou à Roubina Jadoo-Jaunbocus. Sanjeev Teeluckdharry conservera son poste de Deputy Speaker. Showkutally Soodhun restera vice-Premier ministre jusqu’au swearing-in d’un nouveau gouvernement non-MSM.

Point d’illusion d’élections générales anticipées. Quel que soit le verdict de l’électorat du n°18, le présent gouvernement restera au pouvoir jusqu’à décembre 2019 s’il le veut bien. La famille Jugnauth pourrait même diriger le pays jusqu’à juin 2020 et cela le plus légalement possible, après la dissolution mandatoire du Parlement, en décembre 2019. Après la dissolution, le gouvernement reste au pouvoir pour organiser des élections générales dans une échéance de six mois. 

La famille Jugnauth ne connait aucun problème de dissension. Elle ne ressent aucune menace à sa majorité parlementaire. En fait, la famille pourrait toujours rallier à sa cause certains éléments de l’opposition pour consolider sa majorité mais, puisque cela demande des concessions majeures, cette option n’est pas à l’agenda pour le moment. Le seul danger auquel fait face le gouvernement MSM, c’est un verdict défavorable du Conseil privé de la Reine à l’encontre du Premier ministre. Mais même dans ce cas de figure, ce ne serait pas catastrophique pour la famille Jugnauth. Le fils dan karo kann, le père mentor reprend vite la badine et le chapeau-casque du sirdar. Il est resté en mode stand-by, justement, pour monter sur le terrain si une telle éventualité se matérialise. Le mentor devient Premier ministre, évitant de ce fait une dislocation du MSM tout en gardant au pas l’allié Collendavelloo, qui aurait été autrement tenté par des ambitions chihuahuaristes en voulant pêcher en eaux troubles. 

Le seul danger, c’est le procès à Londres pour le fils Jugnauth. En principe, quand des hommes politiques font face à de graves allégations, deux écoles de pensée s’affrontent quant à la marche à suivre. Selon les tenants d’une école de pensée, du moment que l’intégrité d’un homme politique est remise en question sur la base de sérieuses allégations de maldonne, une démission s’impose avant que le concerné ne soit lavé de tout blâme. L’ancien Premier ministre Anerood Jugnauth a souscrit à cette thèse dans le sillage de l’affaire bal kouler. Quand Patrick Soobhany a fait des allégations contre le ministre Raj Dayal, ce dernier a du step down en attendant qu’il ne soit blanchi. Le même principe a été appliqué quand Navin Ramgoolam avait fait démissionner le PPS Vinod Boyjonauth et les ministres Vishnu Bundhun et Kishore Deerpalsingh et, des années plus tard, l’Attorney General Yatin Varma.

L’autre école de pensée soutient, par contre, que des allégations ne peuvent remettre en question les fonctions d’une personnalité politique et que cette dernière est innocente en attendant le verdict des instances judicaires. C’est dans cette optique que Pravind Jugnauth reste en fonction malgré le verdict défavorable qu’il a essuyé après l’appel logé par le DPP. Suivant la même logique, Gulbul, Teeluckdharry, Soodhun, Jadoo-Jaunbocus, n’ont pas été inquiétés jusqu’ici. Si le cas Pravind Jugnauth est maintenant soumis à l’adjudication de l’instance suprême et qu’il sera fixé sur son sort dans un avenir pas si lointain, les autres apparatchiks du MSM sont théoriquement à l’abri pendant bien des années avant que leur cas ne soit entendu par le Conseil privé de la Reine, si jamais ils sont poursuivis et condamnés. Si Gulbul doit démissionner, Pravind Jugnauth aussi, suivant la même logique. Alors personne ne démissionne. 

Que le cas Dayal ait été une exception à la règle, cela a été froidement calculé par la famille Jugnauth. En effet, Raj Dayal a été le seul rival crédible de Pravind Jugnauth si jamais il y avait une guerre de la succession au MSM. Ses difficultés actuelles ne peuvent que réjouir la fameuse cuisine. Mais pour les autres du MSM, quelles que soient les allégations et quels que soient les risques légaux auxquels ils s’exposent, le parti veut garder chaque fenêtre étanche et laisser s’abattre les cyclones. Il faut tout simplement tenir bon jusqu’au verdict final de la cour de Londres pour chacun d’eux. Question de laisser aboyer les chiens car le métro avec ses passagers de VIP incriminées passera.