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«Tansion, Chairman pé vini !»
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«Tansion, Chairman pé vini !»
Impérativement, après le départ du PMSD, le parti croupion du MSM qu’est le Muvman Liberater (ML) doit prouver qu’il est loin d’être un nain ou un chihuahua parmi les molosses de la classe politique mauricienne. Aussi, le congrès-anniversaire du ML, célébré le 31 août dernier, au Plaza, devait permettre aux dirigeants de ce groupuscule de se livrer à une véritable démonstration de force.
Il est utile de faire remarquer que le mot «congrès» sert généralement d’appât pour inciter la MBC à couvrir un événement politique et partisan. Si ce n’est pas un congrès, c’est un meeting politique et, dans ce cas de figure, la MBC n’est pas tenue de couvrir un tel événement, réservé généralement aux rassemblements du 1er Mai ou ceux d’une campagne électorale.
Vu sa faiblesse en termes de masse critique, le ML a dû déployer de grands moyens pour créer un effet de foule au Plaza afin que la MBC, plus serviable que jamais, puisse en faire de belles images. Et quels autres clients mobilisables, outre les quémandeurs d’emploi au CEB, à la CWA et à la Wastewater Management Authority (WMA), que les Chairpersons de ces corps para-étatiques ? Davantage qu’un simple rodeur de l’air tenté par une lointaine possibilité de se faire embaucher dans une institution relevant d’un ministre ML, le Chairman, qui est après tout un nominé politique, doit nécessairement témoigner de sa reconnaissance au maître. Si ce n’est pas en se mettant à plat ventre devant le seigneur, au moins se livrer à l’exercice de «montré figir».
C’est ce qu’a fait le Chairman de la WMA, Sulaiman Hansrod, lors du congrès du ML au Plaza. Comme rapporté dans l’express et évoqué dans Menteur Menteur, le nommé Hansrod «s’était frayé un passage dans la foule» pour «se faire remarquer par le leader du ML, Ivan Collendavelloo».
Apparemment, la participation du président du conseil d’administration de la WMA à des activités politiques constitue une violation de la Wastewater Management Authority Act. Il n’est pas le premier nominé politique à se montrer aux côtés des dirigeants politiques depuis les dernières élections. Des nominés dans des institutions aussi délicates et sensibles que le Mauritius Examinations Syndicate et la Competition Commission n’ont pas hésité à afficher leurs couleurs politiques surtout dans le nº 8. La Competition Commission est d’ailleurs dirigée par le beau-frère du beau-frère du Premier ministre Pravind Jugnauth.
Les Chairpersons faisant fi de la loi ou se comportant dans les faits comme des Chief Executive Officers (CEO), font partie du système politique mauricien et ils sévissent sous les différents gouvernements que le pays a connus depuis l’Indépendance. Normalement, le poste d’Executive Chairman n’existe que rarement dans les corps parapublics. Les fonctions du Chairperson se résument principalement à présider les conseils d’administration.
Mais si jamais une organisation se retrouve avec un Chairman agressif et ambitieux, dont la personnalité domine celle du directeur général, on arrive vite au point de bascule où le président devient le grand boss. Les exemples de cet accaparement non autorisé du pouvoir sont nombreux.
Un cas particulier, noté dans une grosse entreprise contrôlée par l’État, vit un début de conflit entre un président du conseil d’administration FRAÎCHEMENT nommé – une grosse tête de la fonction publique ayant atteint l’âge de la retraite – et le directeur général jugé le plus performant de tous les temps dans le secteur public.
Le Chairman vint «travailler» dans la puissante compagnie tous les matins, comme s’il était toujours à l’Hôtel du gouvernement. Il se mit à vérifier les livres de présence des employés, prenant surtout note des retardataires. Mis au courant de la tentative d’empiétement sur ses prérogatives, le directeur général fit convoquer le président à son bureau. Il lui fit part de son appréciation pour sa présence alors qu’aucune réunion du board n’était à l’agenda. Le directeur lui annonça qu’un petit bureau confortable, avec un gros téléviseur, avait été aménagé à son intention et qu’il pouvait y passer sa journée en zappant sur les différentes chaînes.
On a aussi répertorié des cas où le directeur général faiblard s’est fait marcher sur les pieds par un Chairman surdimensionné, surtout si ce dernier est copain-copain avec le ministre. Dans ce cas, le président du conseil utilise toutes les ressources de l’organisation, y compris les voitures, qui sont mobilisées à l’intention de madame et des enfants. Et surtout, il se nomme participant à des conférences internationales, collectant des per diem avant le «go» de Plaisance. D’ailleurs des opportunités de voyage ne manquent pas. Chaque jour dans le monde se tient une conférence ou un atelier de travail axé sur chaque domaine d’activité humaine.
Outre les razzias à l’étranger, un Chairman attiré par le lucre et le butin de guerre s’arrange aussi, sur le plan local, pour s’approprier le surplus de bouteilles de whisky, de bouteilles de vin et de plats commandés en quantités généreuses - et cela délibérément. Cela se passe lors des fêtes de fin d’année ou à l’occasion des dîners offerts à des délégués étrangers. Le chauffeur du président, qui occupe une place dominante dans l’organisation, se charge de transférer les items non-consommés vers le coffre de la voiture de son patron.
Le chauffeur, tout fier de son statut spécial, précède le Chairman en portant son attaché case lors de l’arrivée de ce dernier au siège de l’organisation, à n’importe quel moment de la journée. L’apparition de la tête du chauffeur dans le couloir ou devant l’ascenseur déclenche aussitôt l’alerte auprès des employés. Vite le message est relayé, même jusqu’au CEO dépourvu d’épine dorsale : «Tansion, Chairman pé vini !»
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