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Kouler, koulou, kom, karia…

16 septembre 2017, 13:48

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Après le bal kouler de Raj Dayal, le bal koulou de Ravi Yerrigadoo. Husein Abdool Rahim dénonce l’Attorney General dans un affidavit de 124 paragraphes et 33 annexes. Malgré sa corpulence de sumo japonais, ce bal koulou a mis KO cet enfant lakaz du clan Jugnauth. Du coup, Pravind Jugnauth (PJ) marque des points au niveau de sa communication.

Communication du Premier ministre ? Il en a été beaucoup question ces derniers jours. Comme si le Prime Ministership du successeur de sir Anerood Jugnauth était en lui-même bâti sur le roc, son seul problème étant limité à une question de com. De ce postulat, si sa communication était assurée par de vrais professionnels, bref des spin-doctors hautement performants, les Mauriciens auraient été servis par un leader aux dimensions gigantesques tel Lee Kuan Yew qui dirigea Singapour pendant 31 ans et fit de cette île un géant de l’innovation, de l’efficience et de rigueur sur le plan économique, bien qu’il fût politiquement autoritaire.

D’où la démarche au MSM de construire l’image de Pravind Jugnauth comme un grand meneur de la nation mauricienne. Ses hommes, en particulier Showkutally Soodhun, l’affublent d’une qualité hors pair qui le rapproche des grands leaders que le monde a connus ces dernières décennies. PJ est qualifié d’homme de «vision» à la manière du Mahatma Gandhi, qui conçut et réalisa le plan de botter les Britanniques hors de l’Inde avec ses méthodes pacifiques ou encore de Mao Zedong, qui, lui, employa les moyens forts pour démanteler la société féodale en Chine et assurer un bol de riz à chaque citoyen dans un pays ravagé par la famine. À entendre la façon dont on module, en tremolo, le mot vision associé au grand leader du MSM, il n’est pas difficile de comprendre que les lieutenants croient en un brillant avenir pour leur leader. On met sur le compte d’une mauvaise communication et d’une presse hostile les entraves freinant l’épanouissement de ce timonier visionnaire.

Communication déficitaire ? Le problème est ailleurs. Le vrai problème, c’est tout un ensemble de vulnérabilités qui plombent l’aile de ce jeune Premier ministre. En effet, des pans entiers de l’édifice de Pravind Jugnauth sont rongés par des termites, karia en créole. Est-il possible de remplacer les parties kariatées sans faire s’écrouler l’édifice ?

Les karia mis à part, la principale faiblesse de PJ, c’est son absence de charisme. Pour parodier Cassius, le défaut fondamental, ce n’est pas dans ses étoiles mais en lui-même. PJ est le moins charismatique de tous nos dirigeants politiques. Or, dans une société comme la nôtre, où des facteurs irrationnels entrent en jeu, PJ part avec un large désavantage. Si ses adversaires s’acharnent avec autant de virulence contre lui, le facteur charismatique compte pour beaucoup. C’est la raison pour laquelle le sobriquet «petit crétin» inventé par l’inimitable Paul Bérenger lui colle à la peau. PJ aura beau tenté de se donner l’air d’un terrible, cela ne marche pas. L’opération tyrolienne à Rodrigues s’est avérée un vrai désastre de com.

Si PJ s’est débarrassé du sumo Ravi aussi facilement car ne s’exposant à aucun risque, il fait preuve de mollesse dans bien des cas où des actions énergiques de sa part sont requises. Il est incapable de rappeler à l’ordre le catastrophique Showkutally Soodhun qui s’est transformé en véritable agent de Navin Ramgoolam. Mais, Soodhun, c’est tout un symbole. Contrairement à son père qui n’hésita pas une seconde à débarquer Dayal, même si une démission de ce dernier aurait pu entraîner un retour fracassant de Navin Ramgoolam au Parlement à l’issue d’une partielle, PJ n’aime pas trancher. Il laisse pourrir la situation, il laisse faire les karia.

Mollesse suicidaire aussi sur le plan politique, l’absence de détermination de PJ à mettre un terme à l’installation du règne de népotisme de son clan. Jamais, dans l’histoire du pays, n’a-t-on vu autant d’institutions contrôlées et gérées par les minions d’une famille. Ainsi, pour assurer la mainmise sur la Competition Commission, c’est le beau-frère du beau-frère de PJ qui est nommé. Par ailleurs, la mise hors circuit de Koomaren Chetty prouve à quel point la famille est plus importante que la loyauté politique. Dans le cas de Megh Pillay débarqué d’Air Mauritius, c’est toujours le clan qui prime sur la compétence. On en sait trop sur les filles et les nièces de Maya Hanoomanjee. Dans une société comme la nôtre, où des milliers d’universitaires attendent toujours un premier job décent, ce règne de népotisme pourrait s’avérer fatal lors des élections générales.

Inutile de blâmer l’autre sumo qui est responsable de la com, le défaut est inné. PJ pourrait difficilement survivre à un test électoral, même avec un allié conséquent. Il lui faut stopper l’invasion des karia et remplacer des pans entiers de son édifice. Car même la plus épaisse couche de peinture orange donnée en cadeau par le fidèle Roland Maurel ne pourrait masquer les faiblesses et les vulnérabilités de PJ.