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No, Sir!

26 septembre 2017, 07:31

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No, Sir!

Perquisition dès 4 h 50 du matin. Cinq heures d’interrogatoire under warning de trois journalistes de l’express. Arrestation (avant qu’il ne soit relâché sur parole) de Nad Sivaramen, Directeur des publications de la Sentinelle. Oui, le pays a vécu un lundi sombre le 25 septembre 2017. Un lundi sombre pour la presse, ce 4e pouvoir, que vous le vouliez ou pas, indispensable pour la démocratie.

Et ce n’est pas fini. Le marathon des questions qui se poursuit dès 9 heures aujourd’hui devrait déboucher sur une charge provisoire de complot contre Yasin Denmamode, Axcel Chenney et Nad Sivaramen. La liberté y laisse des plumes.

Trois jours (week-end compris) après la volte-face de Husein Abdool Rahim en prime time sur Radio Plus, ont suffi pour que la police passe à l’action contre le trio de journalistes.

Oui, messieurs les enquêteurs. On le sait. Vous n’y êtes pour rien. Vous ne faites que suivre les instructions. Des instructions, l’on retiendra, reçues alors qu’Ivan Collendavelloo assure la suppléance au poste de Premier ministre et ministre de l’Intérieur. Le même Ivan Collendavelloo qui, la veille lors des célébrations des 90 ans d’une organisation socioculturelle dans sa circonscription, s’en est pris une énième fois à l’express : «Ine maye sertenn zournalis ki panse ekrir bel bel lartik an plin. Aster nou kapav konpran ki tou sa bann zistwar ki sa zournal la ekrir se bann fosté.»

Et, du côté des Casernes centrales, c’est Krishna Jhugroo qui agit comme commissaire de police par intérim en l’absence de Mario Nobin, qui profite de l’assemblée générale annuelle d’Interpol, qui se tient du 26 au 28 septembre, pour une escapade à Beijing.

Pareil, pour Husein Abdool Rahim, celui-là même qui est passé de dénonciateur de l’ex-Attorney General Ravi Yerrigadoo pour passe-droit à une girouette politique, voire, une tête de Turc. Si celui-ci n’a toujours pas été inquiété par la police bien qu’il ait avoué publiquement avoir juré un faux affidavit, c’est aussi parce que la police ne fait qu’exécuter des instructions bien précises. Yes, Sir!

C’est également la raison pour laquelle il n’y a pas eu jusqu’ici de perquisition ou autre landing de policiers en civil avant 5 heures du matin aux domiciles respectifs de Ravi Yerrigadoo et autre Showkutally Soodhun.

La police aura beau faire sa communication. Son porte-parole, l’inspecteur Shiva Coothen, aura beau dire en direct à la télé nationale que des poursuites sont envisagées contre Husein Abdool Rahim et ses acolytes. Sauf que ce genre de déclaration officielle nous restera toujours en travers de la gorge tant que nous n’aurons pas une police indépendante, qui n’est pas à la solde du pouvoir en place (Et cela ne date pas d’hier). Yes, Sir! Tout ça doit changer. Et seulement celui ou celle qui osera dire non et ne pas être un pantin dans les mains des dirigeants pourra changer les choses.

***

En attendant, petite lueur d’espoir ou mirage que le patron de la police criminelle, l’assistant commissaire de police, Devanand Reekoye, ait pris sur lui pour autoriser les trois journalistes à rentrer chez eux hier ?

Par contre, ce n’est pas tous les jours que des hommes des forces de l’ordre sont salués pour leur courtoisie par des journalistes. Et par ceux-là mêmes qu’ils ont cuisinés plus tôt.