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Si to enn vre zom

21 octobre 2017, 08:18

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Regarde cette femme assise à côté de toi dans le bus. Elle a peur que tu «pass enn lame». Ta nouvelle collègue, cette fille sympa qui ne paraît pas avoir froid aux yeux. Elle a peur que tu lui fasses une proposition, que, seule avec toi dans un bureau, tu «avoy enn lame». Le garçon un peu efféminé avec qui tu n’es toi-même pas très à l’aise, alors tu ris de «so bann manyer fromaz». Il a peur de se faire tabasser, ce ne serait probablement pas la première fois. «Mais je ne suis pas comme les autres, moi. Zot pe exazere», te dis-tu. Si to enn vre zom, ne t’arrête pas à cela. Ne ferme pas cette page. Si to enn vre zom, kontinye lir.

Il n’y a pas une femme que nous connaissons qui n’ait pas subi la violence sexuelle. Allant d’un «psst psst, viens dormir chez moi» dans la rue, en passant par les patrons qui font des propositions indécentes, de l’oncle qui glisse la main sous la jupe d’une fillette de sept ans, des expériences de pass lame et pire, dans les écoles (publiques et privées), jusqu’à être plaquées au mur et violées.

À tel point qu’être sur ses gardes, c’est un réflexe, une seconde nature. C’est comme respirer, tu n’en es pas tout le temps conscient mais tu le fais tout le temps.

Tu penses que j’exagère ?

Si to enn vre zom, va le constater de visu. Cherche «#Shame Them» sur Facebook. Page créée cette semaine à l’exemple international de #metoo ou de #balancetonporc, pour encourager les femmes à dénoncer les violences sexuelles qu’elles subissent. Avant cela, même les personnes derrière Shame Them se seraient peut-être dit «zot pe exazere». Mais plus maintenant.

Si to enn vre zom, réfléchis-y. Combien de filles autour de moi ont vécu cela ? Ai-je subi cela moi-même ? Est-ce que mes pairs garçons ont connu cela autant que mes amies filles ? Pourquoi est-il tellement difficile d’en parler qu’il faille le faire anonymement sur une page Facebook ? Que vais-je faire pour remédier à cette violence sexuelle qui est devenue une norme ? Question plus difficile encore : ai-je fait subir une chose de la sorte à quelqu’un, une fille ou un garçon ?

Si to enn vre zom, (je ne parle pas de l’archétype du mâle alpha, du construit social. Celui qui mange de la viande rouge saignante, qui regarde le foot et qui ne pleure pas. Je parle de l’homme, le vrai, l’humain) ouvre tes yeux à ces expériences qui ne sont peut-être pas tiennes mais qui n’en comptent pas moins.