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Real fair-loch-ness
Ce monstre de pub vous a peut-être échappé… enfin, on l’espère ! Mais où est Trisha Gukhool ? Des lèvres devant une bouteille de soda, à côté de ça, c’est les Teletubbies en face de Donald Trump et Sebastian Kurz réunis. «Real fairness for real men.» Une crème blanchissante pour les hommes !
Conclusion du message publicitaire : vous n’êtes pas de teint clair, vous ne ressemblez pas à Shah Rukh Khan ou Hrithik Roshan, vous n’êtes pas de vrais hommes. Non pas parce que ces acteurs ont des muscles à faire The Rock avoir envie d’être président des États-Unis, mais parce qu’ils sont des visages pâles. En d’autres mots, plus blancs que les noirs.
Vous avez remarqué le glissement sémantique ? On est passé du «fair and lovely» pour les filles (en créole «tifi-la li zoli, li kler») à «real men» pour les garçons. Donc, si tu es une fille au teint clair, tu es une super poupée ravissante et mariable. Et si tu es un garçon à la peau claire, tu es un super mâle. Mariable accessoirement. Bref, peu importe, ce qui compte c’est la couleur de la peau. Bientôt on aura droit à «real fairness for real Prime Minister.»
Ce genre de pub, ça devrait être interdit pour incitation à la haine raciale. Soodhun à côté, c’est le chantre de la laïcité. C’est aussi grave que les pubs avec des femmes à demi nues, bourrées de sous-entendus. Ou celles où c’est toujours l’épouse qui dit que le «cari n’est pas encore cuit», avec le mari qui répond que ce n’est pas grave, «parce que le riz, il est bon, même tout seul». C’est aussi grave que ces prospectus de Noël avec les pages roses pour les filles et bleues pour les garçons.
La publicité, même si elle fait vivre le journal que vous tenez entre vos mains, c’est le «big bazaar» des stéréotypes. Ils n’ont pas un rôle social à jouer, les annonceurs ? Plus que les journalistes, au bout du compte. Avouez, ce que vous lisez en premier dans votre journal, ce sont les brochures de pub insérées dedans. Kot pou gagn Kraft meyer marsé ?
Dans la galaxie de l’esprit infiniment petit, on vous abrutit. Qu’en 2017, alors qu’on s’offusque de l’esclavage, des colonies, on vous impose la beauté par la couleur de peau. C’est insidieux. Ce n’est vraiment pas «fair». Mais c’est «so real».
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