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Nouvel ordre boursier

14 février 2018, 13:41

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Jamais depuis la crise financière de 2008 aura-t-on connu autant de nervosité sur les marchés que ces dernières semaines. Pour autant, pas de panique. Même après une baisse de 10 %, seuil utilisé pour parler de correction, le Dow Jones surfe à plus de 24 000 points, agréablement au-dessus de sa moyenne mobile de 200 jours, qui signalerait une remise en cause plus profonde. Signe que la crise n’a, pour l’heure, que l’allure d’un émoi.

Ce scénario se produit dans un contexte d’État en défaut de paiement, de troubles sociaux, de clivages politiques et de menaces belliqueuses sur l’ensemble de la planète, avec une croissance qui repart timidement. La correction boursière semble s’inscrire dans la seule logique de rééquilibrage de valeurs comparatives alors que les banques centrales resserrent la vis monétaire, et sont ouvertes à l’idée de relever les taux d’intérêt pour les ramener en territoire positif après une décennie de taux négatifs.

Reste une question : comment la Bourse a-t-elle pu, en dix ans, doubler de valeur alors que les économies sous-jacentes étaient sous respiration artificielle ? Fautil réécrire les lois de l’économie qui veulent dire que les Bourses reflètent la santé des économies qui font vivre les entreprises ?

Peut-être. Car les Bourses sont avant tout le reflet des systèmes qui permettent aux entreprises d’exister. Si les Bourses montent c’est avant tout parce que les taux d’intérêt ont été faibles, favorisant l’endettement à la fois des entreprises pour financer leur développement et des investisseurs pour financer leurs placements. Si la Bourse augmente, c’est parce que les bénéfices des entreprises ont cru dans un contexte d’affaiblissement du pouvoir des salariés, menant à une nouvelle redistribution des richesses au profit des actionnaires.

Cette vigueur boursière mène à un decond phénomène : les entreprises reviennent sur les marchés des capitaux pour trouver des financements. Surtout pour les projets de nature technologique. Et aussi pour financer des projets de fusion et acquisitions visant à donner une dimension mondiale aux activités des entreprises. Si bien que le Dow Jones est aujourd’hui davantage un indice qui reflète le succès des stratégies capitalistes mondialistes que la politique de Donald Trump.

La résilience de la Bourse et sa déconnexion des économies locales devraient nous interpeller. D’abord en termes de leçons à tirer pour la gestion de nos propres entreprises. Un regain d’appétit mondialiste de la part des entreprises des grands pays présage l’agressivité de concurrents étrangers qui sont déjà présents sur le territoire ou qui comptent bien y arriver. Aussi implantées que soient nos entreprises, elles ne sont pas à l’abri de la concurrence des grands qui arrivent avec des moyens autrement plus costauds que ceux de nos entreprises locales.

Comment s’y préparer ? Une entreprise qui resterait campée sur son marché local serait au mieux une proie à un acheteur étranger. Ou condamnée à être dépassée par un concurrent plus grand, plus fort, plus agressif. Pour rester dans le jeu, toute entreprise doit se doter d’une stratégie internationale. Il s’agira pour nos entreprises d’aller au-delà de leurs marchés traditionnels et de s’imposer comme des opérateurs au mieux régionaux. C’est une logique que les banques ont déjà adoptée avec leurs stratégies africaines.

Au niveau de la politique nationale, cette tendance veut dire que si Maurice veut prendre sa place dans ce nouvel ordre mondial, le défi sera moins de se doter de super ministres qui organiseront des missions de promotion, mais de super entreprises qui, ayant osé des levées de capitaux pour financer leur croissance, auront acquis des parts de marché hors de Maurice et seront devenues des leaders sur ces nouveaux marchés.

C’est un véritable changement de paradigme !

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