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L’offensive chinoise

25 juillet 2018, 11:25

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L’offensive chinoise

 

Au-delà de la visite d’une semaine entamée par le président chinois Xi Jinping  en Afrique qui s’achèvera   samedi à Maurice  avec sa brochette d’hommes d’affaires, c’est toute la dimension économique, diplomatique, voire géo politique de ce périple qui saute aux yeux.

Car  Pekin n’a jamais caché l’importance qu’accordent ses dirigeants au continent noir dont ils sont d’ailleurs le premier partenaire. Les investissements chinois dépassent largement  aujourd’hui les 100 milliards de dollar alors que le cabinet de conseil international McKinsey dénombre 10,000 entreprises chinoises en Afrique. Une présence somme toute bénéfique, qui  a contribué au dynamise de l’économie africaine.

 Même si les relations sont vieilles de plusieurs siècles, reconnaissons qu’elles n’ont jamais été fortes qu’au cours de la dernière décennie. Résultat d’une offensive rondement menée à la fois par ses entreprises mais aussi  par ses décideurs politiques et ses diplomates.

Certes, aux yeux des investisseurs étrangers, l’Afrique reste avant tout  un gisement de minerais. Ils sont attirés par le pétrole, le cuivre, les diamants  encore l’uranium. Si bien que la Chine y voit l’Afrique comme un terrain d’opportunités alors que  l’Amérique  et, dans une moindre mesure, l’Europe  y trouve une source d’instabilité, un foyer de  migration et de terrorisme.

Dans  cette présence chinoise, il faut sans doute y voir plus que la folle conquête des matières premières et l’existence  d’un vaste  marché de consommateurs pour ses entreprises de textile  et de construction. Avec en ligne de mire l’Ethiopie qui avec ses 100 millions d’habitants  et  affichant une croissance  robuste depuis près d’une décennie, s’est imposée au fin des années comme l’une des destinations phares des investissements chinois. Ce pays   demeure  le deuxième plus grande bénéficiaire des prêts chinois en Afrique engrangeant des investissements  pour plus de 12,3 milliards de dollars.

Force est de constater que l’Afrique reste plus que jamais au cœur de la politique économique chinoise et se voit intégrée  à son principal projet de la Route de la soie dont le président chinois est venu faire la promotion lors de cette tournée africaine. Lancé en 2017, il vise à renforcer les échanges  de la Chine avec  l’Europe et l’Afrique en passant par l’Afrique.

Mais il n’y a pas que  l’économie. La Chine s’appuie sur  54 Etats africains  pour étendre son influence géopolitique et  contenir l’offensive américaine et indienne dans cette partie du monde. Face à la guerre commerciale qu’elle se livre à l’Amérique de Donald Trump, la Chine peut compter sur l’Afrique où  elle compte 52 missions diplomatiques pour faire entendre sa voix dans des forums internationaux. Alors que certains spécialistes de la Chinafrique  s’interrogent  déjà si la Chine n’utilise pas le continent comme « une sorte de laboratoire pour ses ambitions internationales croissantes ».

Sans doute, la Chine ne renvoie pas toujours une image idyllique de sa présence en  Afrique .Car si elle prête beaucoup, elle investit très peu. Trois ou quatre milliards de dollars pour l’ensemble du continent par an, selon l’Agence Ecofin contre 140 milliards de dollars il y a une vingtaine d’années. Résultats des courses : l’Afrique s’endette lourdement auprès de la Chine.  Rien d’étonnant alors si, selon les institutions financières internationales, Pékin  détient 55% de la dette extérieure du Kenya , 60% de celle de Djibouti et de près de 70% pour le Cameroun.

 

Mais il y a pire : l’image prédatrice  que la Chine projette aux yeux des  Occidentaux, celle d’une puissance peu soucieuse des droits de l’homme où elle intervient, imposant ses propres pratiques hors des normes internationales et transportant son cohorte de travailleurs où elle décroche des contrats.

Une réalité à laquelle nos dirigeants ne sont pas insensibles.

 Face  à l’impérieuse nécessité d’attirer des investissements étrangers d’où ils viennent pour financer les infrastructures du pays et le préparer au statut d’économie élevée, faut-il pour autant fermer les yeux sur certaines pratiques et garder secret certaines clauses de confidentialité sur certains projet, dont le méga projet chinois  Jin Fei ?