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Spin doctors et effet Rantanplan
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Spin doctors et effet Rantanplan
Ses spin doctors ont tout tenté pour lui donner l’image d’un terrible. Quelqu’un doté d’énergie physique et de stamina prêt à tout balayer sur son passage. C’est ainsi qu’un voyage à Rodrigues fut concocté de sorte à faire évoluer Pravind Jugnauth en tyrolienne, un exercice très physique qui contrastait avec la prestation au djembé de Navin Ramgoolam. Or, les spin doctors n’avaient pas jugé nécessaire d’accoutrer la vedette d’autres habits que du classique «caleçon l’étoffe» et de chaussures de bureau.
Les spin doctors s’étaient sans doute inspirés de l’image projetée par le dirigeant russe Vladimir Poutine qui a «cultivated a swashbuckling public image over the past several years. He has piloted firefighting planes, darted whales, driven race cars, and taken a submersible 1,400 meters (4,600 ft) below the surface of Lake Baikal», selon le magazine The Atlantic (https://www.theatlantic.com/ photo/2011/09/vladimir-putin-actionman/ 100147/).
À tout seigneur tout honneur, notre Lac Baïkal, le réservoir de Mare-aux-Vacoas, n’est pas prêt à accueillir des sous-marins avec Premier ministre à bord. Mais les brillants spin doctors ne manquent pas d’imagination. La dernière trouvaille, c’est de présenter leur patron comme Lucky Luke, l’homme légendaire qui tire plus vite que son ombre. Il bat donc en vitesse Navin Ramgoolam, même quand ce dernier prend le volant d’une Aston Martin ou d’un monstre allemand avec moteur de 6 litres.
Après le coup raté de la tyrolienne, on avait tenté la marche sur 17 km du Maha Shivratree, lequel déploiement d’énergie battait déjà les déhanchements sur piste de danse de Navin Ramgoolam. Il y avait aussi la séance de préparation de badia à Triolet et des activités de collecte d’ordures. L’étiquette Lucky Luke va-t-elle finalement coller et projeter le Premier ministre comme un homme d’action directe, instantanée et foudroyante, une version 2018 de son papa «avek mwa péna katakata» ?
Une étrange coïncidence a voulu que cet avatar en Lucky Luke s’est produit au moment même où le parrain de tous les sobriquets, à savoir Paul Bérenger, a collé l’étiquette de Pinocchio sur la tête dégarnie et donc réceptive d’Étienne Sinatambou. Jusquelà, Pinocchio et Petit Crétin étaient les deux sobriquets inventés par Paul Bérenger pour décrire le leader du MSM. Mais avait été aussi conçu un nom plus positif et chaleureux – «Ti-Frère» – pour décrire Pravind Jugnauth. Puisqu’il est question de l’action politique future du Premier ministre, le mood de Paul Bérenger constitue un facteur important.
L’élimination et le transfert à autrui du vocable Pinocchio devraient être vus dans la même perspective que l’épisode durant lequel la «bombe communale ambulante» (sir Anerood Jugnauth) et «laké sat» (Rama Sithanen) étaient devenus des alliés subséquemment. Puisque Sinatambou a récusé le label transféré et que le nom a été jugé «unparliamentary» par le brillant et docte nouveau Deputy Speaker, il se peut qu’on n’entendrait plus parler de Pinocchio, ce qui laisse la voie libre à Lucky Luke.
Lucky Luke pour sortir de l’ombre de Rambo ? Quand un expert en communication politique avait affublé sir Anerood Jugnauth du titre de Rambo, le Premier ministre d’alors s’était déjà imposé sur la nation comme un homme d’action qui ne craignait aucun obstacle. C’est ainsi qu’il remporta les élections de 1987 malgré l’affaire Amsterdam et la participation d’éléments pro-MSM ou MSM au trafic de drogue qui frappa le pays de plein fouet.
Pravind Jugnauth doit nécessairement se sevrer de l’héritage de son père pour pouvoir vraiment s’imposer comme un Premier ministre fort et crédible, quelqu’un qui ne dispose d’aucun autre atout que d’avoir bénéficié de la décision de l’imposer comme Premier ministre au début de 2017. Il s’enorgueillit de la décision de rendre public dans les plus brefs délais le rapport de la commission d’enquête sur la drogue. Il doit maintenant se débarrasser de l’image de quelqu’un qui courbe l’échine face au chantage exercé sur lui par des éléments de son propre parti et son allié.
Pourquoi publier à la vitesse de Lucky Luke le rapport Lam Shang Leen mais se montrer timoré quand il s’agit des rapports Sumputh et Choomka ? Pourquoi se laisser intimider par deux filles Dalton ? Pourquoi craindre la menace d’élections partielles brandies par des Dalton ? En tirant plus vite que son ombre, Lucky Luke pourrait bien mettre hors d’état de nuire les soeurs et les frères Joe, William, Jack et Averell Dalton. Sinon, les spin doctors auront produit un pauvre Rantanplan version mauricienne à la place de Lucky Luke.
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