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Ingérences

29 août 2018, 12:35

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Ingérences

 

Alors que la SBM multiplie les scandales, contraignant son CEO, Raj Dussoye, à une démission forcée le 16 août, une autre banque d’État, la MauBank, est projetée malgré elle dans l’actualité ces jours-ci. Avec, à la clé, le non-renouvellement du contrat de Sridhar Nagarajan au terme de son échéance, fin septembre, sa performance à la tête de cette institution, au passé peu glorieux, depuis septembre 2016 étant jugée insuffisante au bâtiment du Trésor pour la redresser financièrement.

Dans ces deux cas, on ne saura hélas jamais la vérité. Comme les vraies raisons qui ont poussé l’exlocataire de la SBM Tower vers la porte de sortie. Y aurait-il eu un deal pour acheter son silence afin qu’il ne se livre pas au grand déballage qui aurait ouvert grande la porte de l’ICAC à certains hauts cadres, voire des directeurs, à défaut de celle de la prison ?

De la même manière, il sera difficile de connaître l’agenda du Board de la MauBank, qui a voté au complet pour le départ de Sridhar Nagarajan vendredi dernier. Personne n’ignore que ce dernier a hérité d’un établissement où les prêts non-performants se conjuguent en milliards de roupies et que ceux responsables jadis de son écroulement bénéficient toujours de prêts, comme d’une lettre à la poste, avec la bénédiction du pouvoir.

Du coup, certains s’interrogent si la décision de faire évacuer l’ex-CEO de Standard Chartered Bank ne s’apparente pas à une démarche d’ouvrir la porte à un nominé qui se plierait docilement aux exigences des princes du pouvoir et autres mandarins de l’establishment. Ce qui ferait de la MauBank une DBM bis qui, hier encore, était la convoitise de la prestigieuse banque indienne Hinduja.

On ne sait s’il faut rire ou pleurer face à cette situation qui interpelle plus d’un. Notamment devant le manque de confiance et de crédibilité dont souffrent certaines entités publiques. Alors même que dans la foulée, une telle opinion semble malheureusement accréditer la thèse selon laquelle la mauvaise gouvernance est devenue l’apanage des institutions publiques. Comme-ci les entités privées sont exonérées de toutes irrégularités ou autres malversations financières. Et sont de surcroît trop «well-governed to fail». Or, certains récents exemples peuvent prouver malheureusement le contraire !

Dans les colonnes du Mauritius Times en date du 24 août, Rajiv Servansingh a raison de souligner que «such well publicized failings of government owned institutions add credence to the dominant neo-liberal ideology that the State should abandon its «interventionism» in the economy and leave the management of «commercial» activities to the private sector». Or, l’histoire économique du pays est venue démontrer qu’en raison justement de la concentration du pouvoir économique entre les mains d’une poignée de sociétés familiales au début des années 70, les dirigeants politiques d’alors ont réfléchi à un modèle économique privilégiant l’avènement de sociétés d’État, dont la SBM et la SICOM, pour jeter les bases d’une démocratisation économique du pays. On en est encore très loin.

 On ne cessera pas de le dire. On ne gère pas la SBM, encore moins Air Mauritius d’ailleurs, comme la boutique du coin. On ne nomme pas des directeurs pour siéger au board de ces sociétés sur la base de critères autres que la compétence professionnelle et l’expérience de gestion au niveau du fonctionnement d’un conseil d’administration. Malheureusement, d’un régime politique à l’autre, voire d’un Premier ministre à l’autre, c’est le même schéma et les mêmes considérations qui dictent le choix des locataires aux postes tant convoités dans les compagnies d’État. Et comme l’indécence n’a pas de limites, certains se voient de facto ministre des Finances, gouverneur de la Banque de Maurice ou Chief Executive de la Financial Services Commission etc. uniquement sur la base de leur adhésion à la commission économique de leur parti ou de leur proximité avec son leader. Ni plus ni moins.

À l’approche des élections, la tentation est forte malheureusement chez certains de tirer profit de tout, de privilégier le politiquement correct …et de sacrifier même la compétence, si besoin est, pour quelques votes de plus.

 Dans les jours qui viennent, on veillera le choix du bâtiment du Trésor dans la nomination de ceux qui auront la responsabilité d’occuper les plus hautes fonctions dans les deux banques d’État.

Le Premier ministre et ministre des Finances, à qui revient le choix final, aurait-il les mains libres pour décider ou serait-il prisonnier de quelques lobbies aux intentions obscures pour désigner des nominés qui vont «gamble» avec ces deux institutions ? Comme on l’atteste tristement à la SBM Tower ces jours-ci.