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Exploitation illégale ?

5 octobre 2018, 15:27

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Nouvelle affaire bet365 ! L’ExpressTurf lève le voile, cette semaine, sur une pratique de plus en plus courante chez les parieurs mauriciens. L’affaire Yerrigadoo, mise au grand jour par le quotidien l’express l’année dernière – ce qui a valu à trois journalistes d’être persécutés par les autorités du pays alors que les principaux protagonistes n’ont jusqu’ici jamais été inquiétés par la loi –, semble avoir inspiré le public parieur, peut-être motivé par l’impuissance affichée (sous contrainte ?) dans cette affaire par les autorités du pays.

Désormais, c’est vers bet365 que quelques gros parieurs se tournent pour placer leurs mises. Plus besoin de se déplacer vers les guichets du Tote ou des bookmakers, ni même prendre le risque de se faire taper sur les doigts avec le credit betting. Il suffit de se faire enregistrer sur bet365, société britannique de jeux de hasard et d’argent en ligne basée au RoyaumeUni.

Cette pratique, illégale selon ce qu’on nous dit à la GRA, se fait au détriment du MTC, qui assiste, impuissant, à l’exploitation de ses fixtures, sur lesquelles il n’a, semble-il, aucun contrôle. Que ce soit au MTC ou à la GRA, la prise de paris sur les courses mauriciennes par bet365 se sait, mais rien ne se dit. Jusqu’à preuve du contraire. Faute d’une loi explicite, paraît-il, rien ne peut être fait pour contrecarrer les paris en ligne faits à partir du territoire mauricien. Foutaise ! Il suffit, dans un premier temps, de bloquer l’accès à ce site et de demander aux banques de porter à l’attention des autorités toute transaction suspecte liée au betting et au transfert d’argent à l’étranger. C’est, du reste, l’option qu’avait privilégiée Singapour avant de trouver, par la suite, un accord avec les prestataires de paris sportifs. 

Que ce soit au MTC ou à la GRA, la prise de paris sur les courses mauriciennes par bet365 se sait, mais rien ne se dit.

A Maurice, il y a eu en 2012 le jugement Domah dans l’affaire International Sports vs The Gambling Regulatory Authority. Le plaignant recevait des paris de l’étranger, mais placés sur des événements à Maurice, plus particulièrement sur les courses de chevaux organisées par le Mauritius Turf Club. Et le juge Bushan Domah avait tranché en faveur de la GRA, car International Sports ne pouvait opérer sans une licence de l’instance régulatrice.

Même s’il y a nuance entre l’action d’alors d’International Sports et celle, actuelle, de bet365, le fond du problème reste le même. Contrairement à cette dernière, qui prend de l’étranger des paris à partir du territoire mauricien où il n’y a aucune législation le permettant, International Sports, dans sa motion rejetée en 2012, demandait à la Cour suprême d’ordonner à la GRA de lui accorder l’autorisation pour qu’elle puisse enregistrer les paris de joueurs étrangers sur les courses organisées par le MTC. 

A la GRA cette semaine, la position adoptée est sans ambiguïté. «Operators cannot provide any gambling activity in Mauritius. Whether the said operators are within Mauritius or abroad”

Pire, l’exploitation des courses mauriciennes par cette société étrangère prive, faute d’une législation ferme, l’industrie hippique de toute rentrée d’argent. Pour protéger les intérêts des courses, mais aussi ceux du MTC et de ses stakeholders – Tote et bookmakers qui, eux, doivent verser de petites fortunes pour l’obtention de leurs licences d’opération –, la GRA a le devoir de s’intéresser à ce dossier. Il y va de l’intérêt supérieur d’un de ses licensees, en l’occurrence le MTC. 

Lequel, en raison du vieillissement de son public – il n’y a qu’à comparer l’assistance aux courses en 2018 à celles des années 80/90 – court le risque de voir disparaître ses opérateurs de paris à long terme. Qu’il le veuille ou non, il lui faudra apprendre à parler le langage des jeunes. Et qui dit jeune dit millénial, créatif, dynamique, confort. Si l’Etat continue à tergiverser sur l’introduction des paris en ligne, les jeunes, sur qui repose l’avenir des courses, ne feront pas grand cas des pratiques traditionnelles qui ont servi la cause hippique pendant plus de 200 ans. Ils chercheront ailleurs… peut-être à bet365 !