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L’illusion de la transparence
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L’illusion de la transparence
L’affaire est peu anodine. Elle a été, officiellement, portée à la connaissance des autorités à travers des entrefilets dans l’express-Dimanche et Week-End. Le jockey Dinesh Sooful a été verbalement agressé, au terme de la 28e journée, à la rue Shakespeare, par un individu venu lui réclamer de l’argent. Plus tard, le nom de l’apprenti Brandon Louis a également été mêlé à cette affaire. Depuis, l’individu en question s’est ouvertement affiché sur les réseaux sociaux.
A la rue Shakespeare ce samedi-là, l’ambiance est inhabituelle. Pesante. Empoisonnée par ce que beaucoup considèrent comme une menace d’agression. Une propriétaire de chevaux, bien connue, essaye de réconforter Dinesh Sooful et lui demande de regagner le paddock. Ce dernier a juste le temps de me dire : «Sa boug la sa. Enn tan li ti avek (il cite le nom d’un autre jockey mauricien). Pa koné ki kas li pé rodé !» D’un pas pressé, l’air traumatisé, il regagne le paddock, choqué de la manière dont sa journée prend fin alors qu’il jubilait sur la piste sur le dos de Wild Horizon quelques heures plus tôt.
C’est une enquête appelée à faire la lumière sur des comportements et des fréquentations alléguées qui eurent lieu dans l’obscurité. «In camera !» Avec le risque qu’on vienne nous révéler, au final, que des «clairs obscurs» !
Curiosité journalistique oblige, je ne me contente pas uniquement de ce qu’il me raconte. Je me dirige alors vers un des témoins de la scène. «Ki pé arivé la ?» A cette question, il me refile quelques informations additionnelles. «Enn zafer larzan sa mo krwar. Monn zis tann “to pou rann mwa mo larzan ? To oulé mo montré twa sa video la ?”»
Au début, un épais mystère planait sur cet incident survenu à la rue Shakespeare. Où, c’est difficile de le nier, la sécurité des jockeys, voire celle des entraîneurs, propriétaires de chevaux et palefreniers, n’est pas assurée. Mais audelà de ce manquement, il est du devoir de l’organisateur des courses, mais aussi de la Police des Jeux, de reconstituer le puzzle et de démêler le vrai du faux.
Pour la crédibilité de nos courses – mais aussi la leur –, il est important que les deux cavaliers mauriciens donnent leurs versions des faits. Certes, ils ne sont encore coupables de rien, mais à moins que l’individu ne soit pas sain d’esprit, il devait sans doute avoir ses raisons pour avoir osé venir réclamer de l’argent à au moins un des deux jockeys concernés à une heure où la rue Shakespeare grouillait de monde.
Mais ce n’est pas en interdisant d’accès la presse dans l’inquiry room que le MTC fera la démonstration de la transparence qu’il dit prôner. Il n’y a aucune raison pour que Sooful et Louis ne puissent déposer devant la presse et en accédant à la demande du premier nommé pour que l’enquête se fasse in camera, les commissaires dérogent à un principe bien établi. Où est donc passée la politique d’ouverture du MTC ?
Cette affaire peut ne pas être de nature privée, car on ne sait, à ce stade, si elle serait liée aux courses. Le cas échéant, le public a le droit de savoir ce qui se dit à l’intérieur de la salle des commissaires. John Schreck, celui qui avait accueilli la presse à bras ouverts aux enquêtes au MTC, n’aurait jamais agréé à une demande visant à étouffer le principe de la transparence.
Du coup, de la transparence (ou plutôt de l’illusion de la transparence ?) on passe à l’opacité au MTC alors que c’est une enquête appelée à faire la lumière sur des comportements et des fréquentations alléguées qui eurent lieu dans l’obscurité. «In camera !» Avec le risque qu’on vienne nous révéler, au final, que des «clairs obscurs» !
La Police des Jeux, elle, est en présence de suffisamment d’éléments d’informations qui pourraient lui être utiles à des fins d’enquête. Elle devrait ratisser large et dans un délai raisonnable pour connaître la version officielle de l’individu en question, un marchand ambulant, dont les avoirs avaient même été l’objet d’une enquête à l’ICAC où il avait été blanchi.
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