Deux «hashtags» ont été créés pour fêter les retrouvailles de l’AS Monaco et de Thierry Henry : #HesComingHome et #ForeverMonaco. Formé au club, l’ancien ailier des rouge et blanc, parti en catimini à la Juventus Turin en 1999, revient par la grande porte en tant qu’entraîneur. Il a signé pour trois ans, samedi, a dirigé sa première session au centre d’entraînement du club (La Turbie), hier, et sera officiellement intronisé face à la presse demain.

Comme souligné sur «Twitter», les jeunes joueurs retraités sont tous en train d’appliquer le jeu «Football Manager» à la vraie vie : de Steven Gerrard (Glasgow Rangers) à Frank Lampard (Derby County) en passant par Thierry Henry (tous managers) et John Terry (assistant manager d’Aston Villa). En poussant un peu le bouchon, on pourrait même imaginer les retrouver un jour dans le bon ordre : Lampard à Chelsea, Gerrard à Liverpool, Giggs à Manchester United et Henry à Arsenal ! Rêvons, rêvons…

Mais pour l’instant, le projet «#ForeverMonaco» fait plus penser à «faut arrêter de rêver Monaco». Après 4 ans de Leonardo Jardim, le séduisant vaisseau rouge et blanc s’est transformé en véritable Titanic qui navigue à vue dans les eaux de Ligue 1 et de Ligue des champions. Une équipe sans âme, méconnaissable. Les meilleurs sont aujourd’hui ailleurs. Dans cette tour de Babel, même le génial traducteur portugais en chef a fini par prendre ses jambes à son cou (assorti d’un très gros chèque)…

La mission ne s’annonce, certes, pas de tout repos et Henry n’a évidemment pas l’expérience et la stature de Jardim mais il semble que ce dernier s’était aussi lassé de devoir reconstruire indéfiniment son château de cartes. Les dirigeants russes de l’ASM ont poussé le vice un peu trop loin avec le magicien portugais et poussé leur système de «trading» des joueurs jusqu’à la caricature, faisant de leur club le symbole de la «farmer’s league», le sobriquet pas très affectueux qui colle à la Ligue 1. C’est-à-dire un championnat qui forme des talents pour nourrir des ligues plus riches (dont la «Premier League, of course»).\

L’AS Monaco a, certes, eu de belles équipes et réalisé de sacrées performances ces dernières années, mais dans quel but et pour quel résultat au bout du compte ? L’échec actuel remet à plat la politique du club. Les dirigeants russes auront-ils retenu la leçon ? Ont-ils une véritable ambition ?

À Thierry Henry de prouver que le casting de l’entraîneur est le bon déjà, pour commencer. Ensuite, il sera temps de réapprendre à gagner et remonter au classement. Ensuite, place au mercato de janvier, où Henry a quelques jeunes pistes, notamment du côté de Chelsea. Passer de la 18e place au Top 4 de la L1 est-il envisageable ? Sans faire injure à la L1, une remontée à la Lewis Hamilton n’est pas impossible si, et seulement si, la mayonnaise prend avec l’ASM d’Henry (les retours de Rony Lopes et d’Aleksandr Golovin devraient aider…)

71 % des Français sont favorables à son arrivée sur le banc monégasque et d’autres anciens champions du monde de sa génération ont connu une reconversion excellente, à savoir Didier Deschamps et Zinédine Zidane, alors pourquoi pas lui ? Beaucoup pensent aussi qu’il va se casser les dents et qu’il aurait plutôt dû reprendre Arsenal, mais l’ambiance feutrée du palais princier est sans doute plus calme pour travailler que l’ultra médiatisée «Premier League» pour un jeune gladiateur jeté dans la fosse aux lions. À 41 ans, le natif du quartier des Ulis (à Paris), maîtrise l’environnement du club et l’intimité d’un vestiaire (Alex Witsel and Co. ne tarissent pas d’éloges au sujet de l’ex-adjoint de Roberto Martinez).

Sur le papier, Thierry Henry a tout pour réussir sa nouvelle vie et confirmer que «tout a commencé ici… tout recommence maintenant» sur le Rocher, comme on peut le voir dans la vidéo de communication du club. Reste l’implacable vérité du terrain, samedi à Strasbourg, puis la semaine prochaine au FC Bruges en C1.