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Les Rs 50 millions contre Paulo : un coup de génie…

20 octobre 2018, 09:58

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Après le conseiller qui est derrière la lumineuse initiative de vendre le passeport mauricien à des étrangers, celui qui a convaincu le Premier ministre à entrer un procès en réclamation de Rs 50 millions au leader du MMM a réalisé un véritable coup de maître.

La décision du Premier ministre de poursuivre Paul Bérenger pour diffamation a surpris les observateurs qui voyaient venir en 2019 un remake du remake de l’alliance MMM-MSM. En effet, une fois Pravind Jugnauth blanchi devant le Conseil privé de la reine, les deux partis de la «grande famille militante» pourraient vite se mettre en besogne afin de finaliser tous les arrangements électoraux et post-électoraux en termes de postes ministériels et de nominations. Il resterait alors le timing des élections générales. Et cela dépendrait de l’état de préparation du Parti travailliste et de sa capacité à affronter cette nouvelle alliance. Si le temps jouerait en faveur des Rouges et de leurs alliés, il serait dans l’intérêt du Remake-2 d’inviter les Mauriciens aux urnes le plus vite possible. Cette stratégie avait été utilisée en 1991 alors que le gouvernement Jugnauth était encore à sa quatrième année de pouvoir.

Pourquoi donc un procès en diffamation alors qu’on s’acheminerait vers une grande alliance ? Il y a plusieurs raisons éminemment tactiques derrière cette brillante stratégie du Premier ministre. Tout d’abord, avec ce procès, le leader du MSM croit pouvoir jouer avec l’effet d’un gagging order politique envers tous les adversaires qui tenteront d’établir une connexion entre le MSM et le trafic de drogue. En effet, en partant de l’affaire Amsterdam en 1985 quand des transfuges pro-MSM avaient été arrêtés avec une grosse cargaison de drogue aux Pays-Bas, en passant par Soo Soobiah homme de Jugnauth et hautcommissaire à Londres arrêté et poursuivi en 1989 pour trafic de drogue, les Bacsoo avec leurs «tentes» d’argent et leur présence à une garden-party au château du Réduit pour déboucher sur Dewdanee des temps modernes, le MSM a été toujours montré du doigt.

Puisque le MSM constitue une cible facile sur la question de liens entre politique et trafic de drogue, Pravind Jugnauth entend mettre fin à toutes les allégations faites à l’encontre de son parti et cela avec une menace de dommages de pas moins de Rs 50 millions. Cela  aurait-il un effet de dissuasion sur les politiciens, à commencer par Paul Bérenger luimême ? Les autres adversaires craindront-ils eux aussi d’être poursuivis en évoquant les liens MSM-trafiquants de drogue ?

D’après le document juridique servi par le leader du MSM, il est reproché à Paul Bérenger d’avoir tenu les propos suivants : «MSM c’est money politiques. Elections pas pou facile la cause sa hein, l’argent, l’argent corruption, l’argent la drogue, l’argent le course, money politics.» Cela lors d’une rencontre à Sainte- Croix, le 29 août 2018.

Toujours selon le document rédigé par Me Ammanah Saya Ragavoodoo (voir en page 5), l’accusation de money politics de la part de Paul Bérenger reviendra le lendemain, soit le 30 août 2018, cette fois-ci à Curepipe au collège Renascence, appartenant à la famille Gobin : «Moi Paul Bérenger et mo l’expérience […] pou mo croire qui MSM content casse. Content casse plis qui zotte penser…parce qui zordi MSM qui li été ? Money politics, l’argent, l’argent malpropre, l’argent corruption, l’argent corruption, l’argent la drogue, l’argent le course truquée. Sa c’est MSM.» Pravind Jugnauth juge tout cela hautement diffamatoire.

Mais en parcourant le document de Me Ragavoodoo, il semblerait qu’il y avait un acharnement anti-MSM de la part de Paul Bérenger. Ainsi, lors d’une réunion à La-Tour- Koenig le 7 septembre, le leader du MMM décrivait ainsi le MSM : «Mo dire zotte franc, MSM, c’est la monnaie baize cash. MSM c’est money politics, MSM c’est l’argent malpropre, l’argent corruption. Commission, l’argent la drogue. L’argent truquage le course, pariage le course. Pariage en général. Sa c’est MSM.»

Mais Paul Bérenger ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Le 23 septembre 2018, lors d’un congrès du MSM au Plaza, Paul Bérenger s’attaquait d’assez près au grand chef lui-même : «Banne mafia la drogue, pas Pravind Jugnauth, grand, grand causer, wuta guetter bien ki sanne la ine voyage dans avion avec toi. Guetter ki kantite l’argent la drogue MSM ine prend.» À remarquer que toutes ces critiques contre le MSM sont faites dans des régions urbaines.

D’après les traditions politiques mauriciennes, il n’existe qu’une infime probabilité que cette affaire Jugnauth vs Bérenger fasse l’objet d’un trial au cours duquel Paul Bérenger apporterait des preuves pour soutenir les allégations qu’il avance. Il est plus que probable que l’affaire serait rayée à un certain moment. L’objectif réel visé par le MSM, c’est que Paul Bérenger, allié ou pas, présente des excuses en cour et que Pravind Jugnauth soit épargné de toute allégation de connivence avec des trafiquants de drogue lors d’une campagne électorale. La mise en garde s’adresse évidemment à Navin Ramgoolam et d’autres dirigeants aussi. Le présent procès constitue un coup de génie à mettre sur le compte du MSM après une succession de scandales et de bourdes.