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Faute de PKJ, un possible joker du MMM

24 novembre 2018, 13:11

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Dans moins de six semaines, le pays entrera dans la logique électorale. Les Mauriciens aborderont une année qui verra la dissolution automatique du Parlement le 17 décembre 2019 si des élections générales n’ont pas été organisées avant l’échéance constitutionnelle.

L’année 2019 verra aussi le positionnement en termes d’alliances électorales des différents partis politiques. Dans ce contexte, le MMM jouit davantage de possibilités d’arrangements que les autres partis, le niveau d’animosité entre la famille Jugnauth et Navin Ramgoolam excluant toute possibilité d’alliance entre eux. Le MSM garderait son croupion ML. Sinon le parti soleil tentera d’acquérir le soutien du PMSD aussi. Les Jugnauth pourraient encore faire alliance avec le MMM sans abandonner le croupion. En espérant que dans le sillage du rétablissement du régime de speaking terms avec le chihuahua, le leader mauve historique se laisse attendrir au point d’accepter le cadeau de quelques petits os pour son ancien camarade de parti.

En fin de compte, dans les premières semaines même de cette année symbolique de 2019, on saura si c’est Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) qui disposera de toutes les cartes suivant son acquittement à Londres. Fort probablement, il sera blanchi et, devenu zoli garçon sur la place, se retrouvera devant plusieurs options. L’une d’elles, continuer allègrement son mandat jusqu’à la date limite. L’autre, dissoudre le Parlement bien vite, surfer sur sa victoire à Londres et affronter l’électorat avec son croupion d’allié. Une autre encore serait de négocier une alliance avec le MMM et s’assurer d’une victoire «lao 50».

Les termes d’un accord MSM-MMM restent problématiques. Le MSM éviterait le scénario de 2005 avec un partage du mandat du Premier ministre. Encore plus la situation catastrophique à la 2014 avec un Pravind Jugnauth comme président «fort» et Paul Bérenger comme Premier ministre. De la circonscription n°5 à celle du n°14, la majorité de l’électorat croit que le pouvoir est exercé par le Premier ministre basé à l’Hôtel du gouvernement, le président n’étant qu’un vase à fleurs. Dans le contexte d’une alliance avec le MMM, le MSM insisterait sur certaines lignes rouges à ne pas franchir. Comme sir Anerood Jugnauth l’avait fait en 1991, même le n°2 pourrait être mis hors de portée du MMM de même que le ministère des Finances. Certains au MSM pourraient proposer que Paul Bérenger ne soit même pas candidat aux élections générales, en attendant son accession aux fonctions de président. L’idéal toutefois en termes d’«électionnabilité» serait de confier le poste de vice-Premier ministre constitutionnel à Joanna Bérenger. De ce fait, on espère gagner côté jeunes, femmes et fidèles. Il se pourrait aussi qu’un MSM requinqué par un verdict favorable des Law Lords adopte une attitude de «c’est à prendre ou à laisser» et donne le strict minimum au MMM.

Les mauves ne se laisseraient pas faire aussi facilement. Contrairement à tous les autres dirigeants politiques que le pays ait produits, Paul Bérenger reste le seul à toujours travailler, 365 jours sur 365, sur des permutations et des combinaisons par rapport à l’avenir de son parti. Quand il dit que le MMM travaille sur l’option d’aller seul aux élections, il faudrait bien le croire. Pour articuler cette option, plusieurs possibilités. Le scénario le plus simple, sans complication aucune, c’est un mandat de cinq ans pour le Premier ministre Paul Bérenger. Cette option devrait être prise au sérieux même si le leader du MMM a échoué sur ce plan en 1983 et 2010. Et même si le MMM a assisté à un certain effritement de son électorat. Car contrairement à 1983 et 2010, le MSM et le PTr ne seraient pas sur la même plateforme en 2019, ce qui permettrait au MMM d’exploiter la division et les mouvements de haine réciproque entre partisans du Labour et ceux du MSM. Le MMM entend bien tirer avantage du système électoral First Past the Post avec la division d’un électorat.

Le partage du mandat avec Ajay Gunness ou Madun Dulloo paraît moins crédible car l’électorat visé ne serait pas convaincu que ces deux éléments pourraient tenir tête au leader historique du MMM bien que Dulloo soit respecté comme un vieux guerrier qui a fait ses preuves. Mais le MMM pourrait bien voir au-delà du carcan Dulloo-Gunness. En effet, le parti dispose d’un possible joker qui pourrait tout remettre en question sur l’échiquier politique. Il s’agit de Jyoti Jeetun, une universitaire expérimentée qui avait été injustement licenciée par un gouvernement travailliste revanchard alors qu’elle dirigeait le Sugar Industry Trust (SIT) avec compétence. Cette «gaon-walli» (fille de village) n’ayant fréquenté ni Queen, ni Lorette, se contentant de son petit collège International de Triolet, a par la suite connu un remarquable parcours académique et professionnel. Reste à savoir si le MMM est vraiment disposé à jouer cette carte et si elle veut s’aventurer sur le terrain politique. Terrain rempli d’embûches et de squelettes (épisodes «main», «mari deal», MPCB) sortis du placard. Il y a encore un risque de vilaines attaques aux mains d’adversaires aussi désespérés que lâches. Mais ceteris paribus, la villageoise capable de tenir un meeting en bhojpuri pourrait bien donner des cauchemars à Lakwizinn et du fil à retordre aux autres.