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Con… sultant

27 janvier 2019, 09:10

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Ils sont partout, ils ont un avis sur tout. Et puis, lorsqu’ils passent un jour de l’autre côté du mirroir, ils voient la vindicte populaire qu’ils nourrissaient hier se retourner contre eux… Comme une reprise de volée prise en pleine poire.

Eux, ce sont les anciens footballeurs qui deviennent consultants TV des plateaux de foot. S’appuyant sur leur renommée, ils se reconvertissent en «snipers virtuels», tirant sur d’anciens coéquipiers, coaches ou dirigeants chaque week-end de match comme dans la fameuse émission anglaise «Match of the Day».

Ce qui permet aux footeux de gagner plutôt bien leur vie. Faire le buzz. Accumuler les «followers». Tweeter sur tout ce qui bouge. Et se laisser griser par leur popularité. N’est pas Gary Lineker ou Alan Shearer qui veut hein ! Car grâce à eux, des millions de fans de foot ont des débats à alimenter. Des polémiques à n’en plus finir. En France, Habib Beye, Christophe Dugarry ou Emmanuel Petit se régalent à ce petit jeu.

La plupart du temps, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où ils passent à la phase ultime de leur métamorphose : entraîner un grand club de foot. Quoi de mieux que de marcher sur les traces des mentors qui les ont façonnés en effet ? Mettre en application toutes les leçons qu’ils ont données aux autres !
 
Un beau jour, Gary Neville et Thierry Henry se sont ainsi jetés à l’eau, mais se sont pris une claque monumentale. L’Anglais a bu le bouillon en Espagne, au FC Valence, lors de la saison 2015-2016, rendant son tablier prématurément après 11 victoires, 8 nuls, 10 défaites et une 14e place en Liga. Quatre mois douloureux. Depuis, il a repris le micro et les tweets, et il semble que ça lui va mieux.

Neville aura tenu un peu plus que son homologue français à l’AS Monaco. Thierry Henry a en effet été suspendu de ses fonctions jeudi soir, à la surprise générale, après… 103 jours en principauté. Son bilan famélique : 5 victoires, 4 nuls, 11 défaites et une 19e place en Ligue 1. La pire série de l’histoire du club depuis les années 50…

Très prompts à dégainer ; ayant la critique aisée et le verbe faciles : Neville et Henry se sont fait des ennemis par leurs avis tranchés et pour avoir tiré à boulets rouges sur les successeurs d’Alex Ferguson à Manchester Utd, pour l’un, ou Arsène Wenger à Arsenal, pour l’autre. Pas étonnant qu’ils soient ensuite descendus en flamme sur les réseaux sociaux après leurs fiascos sur les bancs de touche. Sortis de leur zone de confort, les consultants doivent parfois se sentir… Un peu cons, non ?

Pourtant, à Monaco, Thierry Henry semblait avoir tout pour réussir. Son aura de meilleur buteur français de l’histoire. Les pleins pouvoirs. Un environnement «baba cool», supposément sans pression qu’il a connu en tant que joueur. Une pléïade d’internationaux. Et même un recrutement ronflant au mercato hivernal sur le Rocher. Récupérant notamment un certain Cesc Fabregas. Mais Henry ignorait encore que ça deviendrait un cadeau empoisonné joliment emballé…

Une erreur de casting manifeste au final. Des résultats catastrophiques, une mauvaise gestion des joueurs et une communication improbable qui ont fissuré le vestiaire, effrayant ses propres dirigeants. Dès lors, la chute était inéluctable, mais les dirigeants de l’ASM l’ont anticipé.

Beaucoup prédisaient à Henry une carrière d’entraîneur dorée, de la même trempe que les Zidane, Guardiola et autres Simeone. De par ses connaissances bibliques du football, son perfectionnisme, son leadership. Mais son caractère et sa personnalité, qualifiée de hautaine par plusieurs joueurs monégasques ces derniers jours, sont-ils compatibles avec ce métier ?

Joli débat pour des consultants TV tiens ! Heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon les dirigeants de l’ASM seraient morts depuis longtemps. Virer Jardim pour faire venir Henry en grande pompe, puis le virer à son tour trois mois plus tard et rappeler Jardim, c’est un scénario encore plus tordu qu’un film bollywoodien. Ah, il doit être content d’être venu Cesc Fabregas…

Un peu d’optimisme quand même pour le Titi Londonien ? Ole Gunnar Solksjaer avait commencé de façon lamentable avec Cardiff City…