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Nouvelles (dures) réalités

29 mars 2019, 22:12

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Nouvelles (dures) réalités

La nouvelle saison des courses est en cours. Elle a débuté sur fond de contestation, certes, avec le flou entourant la Duchesse, menacée momentanément de boycott par quelques entraîneurs, mais le MTC a franchi le premier obstacle. D’autres se dresseront inévitablement sur son chemin.

A partir de cette saison, l’organisateur des courses devra composer avec de nouvelles réalités. Dures, certes, mais elles lui ont été imposées par l’instance régulatrice, la Gambling Regulatory Authority. Aux directives déjà existantes, dont certaines sont plus que discutables – d’autres beaucoup moins – est venu s’ajouter à la veille du coup d’envoi de la nouvelle saison un chapelet de décisions qui placent le MTC dans un étau.

A travers ces nouvelles directives au MTC, la GRA fait, en effet, la démonstration de sa mainmise absolue sur tout ce qui touche à l’industrie hippique : de l’organisation des courses au contrôle sur les paris, même si, au niveau du betting, on note, chez elle, une attitude moins intransigeante, l’impunité ouvrant la voie aux dérives et ce, au détriment des intérêts du public. A ce titre, on attend toujours qu’elle ordonne, à travers une directive formelle, aux bookmakers, 

tous ses licensees, d’opérer dès la parution du programme, ce que seulement une très faible minorité a fait la semaine dernière.

Les nouvelles directives de la GRA, qui touchent presque toute la chaîne de l’organisation des courses, traduisent aussi la détermination de cette instance à utiliser tous les pouvoirs que lui confère la GRA Act pour ramener graduellement le MTC au niveau de simple organisateur des courses. Si c’est cela l’ambition du gouvernement, elle finirait par se concrétiser car la GRA étend ses tentacules de contrôle sur tous les aspects du monde hippique.

Le MTC est aujourd’hui réduit à une peau de chagrin. Ses actions (ou inactions) du passé viennent le hanter. Prenons la directive visant les vétérinaires opérant au Champ de Mars. Y aurait-il conflit d’intérêts ? Combien de fois cette question a été soulevée ? Qu’a fait le MTC ? Rien ! Pourquoi ? Fallait-il qu’il protège les intérêts de X, Y et Z ? Si oui, pourquoi ? Ne serait-ce pas contraire aux principes élémentaires de bonne gouvernance ? Ces questions ne sont-elles pas légitimes ? Et le MTC, a-t-il le droit de s’en plaindre maintenant que la GRA l’oblige à s’assurer «that Club and Stable veterinarians and other professionals who have interests in racing in Mauritius disclose such interests?»

Le MTC peut être un club privé, mais ses activités ne sont pas destinées uniquement à ses membres. La liberté absolue avec laquelle il contrôlait l’ensemble de l’industrie des courses pendant des décennies à ses heures de gloire – pendant longtemps il n’avait pas de comptes à rendre à l’Etat – a eu son effet boomerang. Ces side effects le conduisent aujourd’hui dans l’étau étatique bien ficelé par le pouvoir en place. 

L’on est désormais bien loin de l’époque où ceux qui osaient remettre en question les décisions du MTC étaient priés par le club privé… d’aller à la messe au lieu de venir aux courses !

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Autant la GRA dispose de pouvoirs étendus pour asseoir son autorité dans le monde hippique, autant elle a perdu la face dans sa tentative de reloger cette année tous les «off-course bookmakers» au Champ de Mars. Elle a été sévèrement critiquée par les juges Teelock et Ohsan-Bellepeau de par la méthode utilisée en voulant à tout prix appliquer «its stated change of policy». Méthode que les deux juges qualifient de «clearly wrong and irregular», tout en critiquant l’instance régulatrice pour son manque de «transparence» car aucune raison n’avait été avancée par la GRA pour justifier sa décision. Voilà qui permet au MTC de nourrir un brin d’espoir, lui qui attend la GRA en cour le 27 juin prochain !

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Le début de saison mouvementé se confirme avec des amendements à la Non-Citizens (Employment Restriction Exemptions-Regulations 2019) Act cette semaine. Ce qui oblige désormais les étrangers – pas seulement les jockeys – mariés à des Mauriciennes de disposer d’un permis de travail pour exercer leurs métiers ou assumer des postes pour lesquels ils sont rémunérés. C’est une «policy decision» du ministère qui permettrait éventuellement aux autorités de protéger les natifs du pays en termes d’emplois et d’avoir un meilleur contrôle sur les agissements des étrangers qui ont profité de ce que nous considérons comme un «loop hole» dans nos lois jusque-là. D’autres pays ont d’ailleurs rectifié le tir de la manière dont Maurice le fait. Le nombre recrudescent de mariages blancs en serait la cause.

Cela dit, il aurait dû y avoir une «transitional period» pour l’ensemble des étrangers ciblés par le ministère (pas seulement les jockeys Ségeon, David et Chisty,) qui ont le droit de «feel aggrieved» du manque de souplesse dans l’application de la nouvelle réglementation. Les autorités, dans un esprit de « fair play », ont accordé ce matin une dérogation de trois mois à tous ceux exemptés d’un permis de travail jusque-là pour qu’ils se mettent en règle avec la nouvelle réglementation de la Non-Citizens Act, permettant ainsi aux jockeys Ségeon, Chisty et David de poursuivre leur aventure mauricienne.