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L’équilibre de la terreur logé dans la cave de Rasoir
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L’équilibre de la terreur logé dans la cave de Rasoir
Après la pathétique mobilisation de quelques partisans MSM du n°7 qui ont critiqué l’absence sur le terrain du député démissionnaire Vishnu Lutchmeenaraidoo (VL), le parti orange a évité de sortir l’artillerie lourde contre son ancien «faiseur de miracle économique» comme présenté à l’électorat en 2014.
Et pour cause. Car tout comme il existe un équilibre de la terreur entre l’Inde et le Pakistan, les conséquences d’une attaque frontale seraient désastreuses pour les deux parties. Chaque protagoniste disposant de l’armement nucléaire, on éviterait d’aller plus loin que les échanges verbaux acrimonieux ou quelques démonstrations à coups d’armes traditionnelles. VL pourrait ébranler Lakwizinn et le Sun Trust s’il est poussé dans ses derniers retranchements.
VL a fait une toute petite démonstration de son armement quand, contraint à la démission comme ministre des Finances en 2016, il brandit de sérieuses menaces à l’encontre de ceux qui pensaient lui nuire. Ainsi, il déclara qu’il ne permettrait à personne – et par cela, il entendait quelle que soit la position qu’elle occupe – de dénigrer sa réputation. «J’en ai assez de ce bluff qui veut me faire passer pour un pourri, alors que je suis le plus droit de ce gouvernement, le plus transparent aussi. I mean it», déclara-t-il dans un organe de presse qu’il avait financé lors de son lancement.
«Mo pa enn dimounn ki pran bribe. On ne peut pratiquer la spiritualité et la prière et en même temps prendre des pots-de-vin», ajouta-t-il. Nul besoin d’avoir un doctorat en sciences politiques pour comprendre que cette menace était dirigée aux plus puissants du pays.
VL expliqua alors qu’il était l’élément le plus intègre et le plus transparent dans le gouvernement et qu’il n’avait pas de comptes à Hong Kong. Il n’était nullement nécessaire de dessiner le visage de celui à qui la mise en garde d’un éventuel déballage de secrets bancaires était adressée. Ayant démontré de quel bois il se chauffait, VL resta au gouvernement bien que perdant les Finances. Pourtant, au moment de la démission de VL comme ministre des Finances et la révélation sur les dessous de l’Euro-loan, il avait juré un affidavit. Sir Anerood Jugnauth (SAJ) déclara par la suite que VL avait menti dans son affidavit. Jurer un faux affidavit constitue l’un des délits les plus graves dans le système judiciaire mauricien. SAJ aurait dû faire une déclaration à la police pour dénoncer cette violation de la loi, ce qui aurait entraîné l’arrestation et la détention de VL. Or, au lieu d’être tracassé par la loi du pays, VL resta membre du Conseil des ministres mais dans ses nouvelles fonctions de ministre des Affaires étrangères, ce qui est un posting plus prestigieux que d’être ministre des Collectivités locales. Jureur de faux affidavit selon SAJ mais maintenu comme ministre, VL a dû bénéficier d’une protection divine. Pour bien moins que cela, Dayal avait perdu son job de ministre.
Ministre des Finances de 1983 à 1990 pendant des années de boom économique, quand des transactions financières étaient menées sur une grande échelle par le biais de courtiers venus de l’étranger, VL, ayant accès à des informations des plus privilégiées, était sûrement assis devant un tableau de bord où il pouvait littéralement voir le mouvement d’argent. Il n’y avait alors pas d’institution anticorruption. Harish Boodhoo, ayant lui aussi accès à des informations privilégiées, passait son temps à dénoncer scandale sur scandale. Il était fréquemment arrêté et détenu sans que l’opinion publique n’en soit vraiment outrée. Les normes de la corruption étaient alors différentes.
Il était alors tout à fait normal qu’un grand commerçant soit informé d’avance d’une future décision gouvernementale pour qu’il importe plusieurs containers d’un produit et qu’il ne les dédouane pas. Aussitôt la décision annoncée, il dédouane la marchandise et fait une fortune alors que ses concurrents sont en situation de knock-out. En 2019, une telle transaction aurait provoqué des émeutes bien que les transactions soient plus sophistiquées.
Ceux à l’intérieur même du gouvernement, qui avaient subi les menaces de VL, ne sont pas pour autant dépourvus d’armes de dissuasion. VL est avant tout un homme d’affaires et même comme ministre des Finances, il était resté pointu et super-doué comme investisseur, comme prouvé par l’Euro-loan de Rs 40 millions. Aussi, si VL a choisi d’aller se reposer dans une cave, il a sans doute pris la mesure des graves attaques de rétorsion qu’il pourrait subir s’il cherche à affronter les Jugnauth et faire éclater des «affaires».
Un gouvernement peut littéralement démolir un homme d’affaires et investisseur en utilisant l’arsenal d’armes à sa disposition, en allant de la Mauritius Revenue Authority à la police. Ceux qui sont au pouvoir ont toujours le choix d’inonder une cave ou d’en asphyxier son occupant.
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