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Liverpool-Tottenham, walking dead
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Liverpool-Tottenham, walking dead
Football, «bloody hell»! «Reds» et «Spurs» sont revenus de l’au-delà. Ils étaient morts et enterrés. L’oraison funèbre avait été prononcée. Leurs supporters pleuraient à chaudes larmes. C’était fini, il n’y avait plus rien à faire, sinon se rappeler les bons souvenirs d’une saison fantastique. «Rest in peace», comme on dit dans ces moments-là. «Next year will be our year... maybe.»
Mais il ne faut jamais enterrer des morts-vivants trop vite. C’est qu’ils ont la peau dure les zombies de la «Premier League» ! Une seule goutte de sang leur permet de reprendre vie. Et revenir vous hanter pour toujours. Le FC Barcelone et l’Ajax Amsterdam n’oublieront jamais ce qui s’est passé. Les fantômes de la «Champions League» 2018-2019 les poursuivront à jamais.
Que voulez-vous, même le génie de Lionel Messi et l’esprit de Johan Cruyff n’ont pu empêcher l’inéluctable! La «Premier League» a, déjà, gagné cette C1 complètement folle, jonchée de remontadas à tout va, de larmes de joie à n’en plus finir, de buts à l’ultime seconde à faire pâlir même le «Fergie Time», de gestes sublimes tel un coup franc de Messi venu d’ailleurs qui au final ne sert à rien, de rebondissements les uns plus spectaculaires que les autres, de cruelles fausses joies, tels un but de Sterling et un saut de cabri de Guardiola, annulées par une VAR aussi froide qu’une intelligence artificielle au mépris des émotions chaudes du football.
Cette saison, l’irrationnel était de la partie et tous les codes habituels ont été brisés. La sublime finale du beau jeu Barça-Ajax qui se dessinait à l’issue des demi-finales aller s’est volatilisée dans un chaos infernal. Du jamais vu. On croyait, pourtant, avoir tout vu après les trois «Remontadas» en 8e de finale, signés Manchester United, l’Ajax et la Juve, puis les résurrections de cette même Ajax et des «Spurs» en quarts, mais le bouquet final était encore à venir.
Après un 3-0 contre le FC Barcelone de Lionel Messi au Nou Camp, face à un Liverpool privé de Salah, Firmino et de Robertson, normalement c’est mort. Sur le papier, la bande à Jürgen Klopp était condamnée avant la manche retour, mardi. Les fleurs étaient déjà placées sur le cercueil des «Reds». Les plus optimistes imploraient un miracle mais la plaque commémorative du «perdant magnifique» pour orner la stèle des «Reds» était toute trouvée: celle du glorieux deuxième du championnat anglais, sur le point de finir une nouvelle saison les mains vides malgré ses prestations XXL tout au long de l’année.
C’était sans compter avec la partition du «Heavy Metal Football» de Jürgen Klopp et toute la symbolique galvanisatrice d’«Anfield», saupoudrée de la plus belle leçon d’humilité qui soit. On aurait signé pour un dernier baroud d’honneur, disons 3-1. L’impensable s’est produit, un dénouement abracadabrantesque digne de «End Games» et «Game of Thrones» réunis. Avec, en bonus pour l’avant-dernier épisode, les traitres Suarez et Coutinho durement châtiés sur la place publique. Et son altesse royale «le Messi» oublié négligemment sur le parvis par le carrosse rutilant de la noblesse catalane.
Le Barça a, certes, Lionel Messi, meilleur joueur du monde, avec des stats strastosphériques – que la presse mondiale plaçait sur un piédestal après le match aller et qui filait tout droit vers un 6e Ballon d’Or –, mais Liverpool a une équipe. Et c’est tout ce qui a fait la différence. De quoi permettre ensuite des contes de fées improbables, comme celui d’un attaquant belge maladroit qui se transforme en gladiateur des temps modernes, d’un sorcier néerlandais qui inverse la destinée de son peuple en quatre minutes chrono liquéfiés face à un «Gegenpressing» au sommet de son art, ensorcelé par la très haute intensité de la «Premier League». Après une défaite 1-0 à la maison contre la sensation de l’année, l’Ajax d’Amsterdam (qui avait pourfendu la cuirasse du Real Madrid et de la Juve), et un score défavorable de 2-0 à la mi-temps dans la Johan Cruyff Arena, c’était mort aussi pour Tottenham. Mais Moura... les ressuscita!
Contrairement aux Catalans, les Néerlandais n’ont pas été bouffés par leur adversaire mercredi, ils ont été victimes du même élément, disons surnaturel, face à des «Spurs» transcendés, habités, qui ne renoncent jamais. Qui a pris forme sous l’apparence d’un «hat-trick» brésilien de celui qui était appelé juste «Lucas» au PSG, qui fut transféré parce qu’il n’avait plus sa place dans l’équipe de stars érigée par Nasser el Khelaïfi. Mais le projet «Rêvons plus grand», c’est lui qui le vit aujourd’hui.
Des «hugs» du bûcheron allemand de Liverpool entonnant un «You’ll never walk alone» ébouriffant en osmose avec ses joueurs et le peuple rouge face au Kop, aux larmes du technicien argentin qui a osé descendre maître Pep Guardiola en quarts de finale et qui remercie le football de lui procurer de telles émotions, ils sont finalement tellement vivants ces revenants anglais! Une véritable bouffée d’oxygène.
La finale de la C1 sera donc de la «Premier League» pur jus. 13 ans après un insoutenable Manchester Utd-Chelsea réglé aux tirs au but à Moscou, on aura droit à un sensationnel Liverpool-Tottenham le 1er juin au «Metropolitan Stadium» de Madrid. Puisque les deux conquérants de l’impossible anglais aiment revenir de l’au-delà, il ne pouvait y avoir de plus belle fin qu’ils s’étripent entre eux pour l’ultime bataille.
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