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Strange happenings at PIO

1 juin 2019, 07:48

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Il se passe des événements bien étranges au Passport and Immigration Office (PIO) depuis quelques mois. 

Le PIO coûtant des millions aux contribuables mauriciens, il est triste de constater que cette entité fonctionne à peine comme une institution digne d’un pays qui se targue d’atteindre des objectifs grandioses comme l’adoption de l’intelligence artificielle, le recours aux dernières innovations dans ses services financiers (notamment blockchain et crypto monnaie) et le lancement de projets immobiliers alléchants à l’intention d’étrangers de haut calibre. À un certain moment, le gouvernement avait même annoncé comme mesure budgétaire-phare la vente du passeport mauricien pour la somme de 500 000 dollars. On se demande maintenant, étant donné la performance du PIO, si cette décision de vente de passeport ne se serait pas soldée par une catastrophe majeure.

Le premier événement choquant concernant le PIO fut la divulgation d’allégations selon lesquelles le commissaire de police Mario Nobin aurait exercé des pressions pour l’octroi à la vitesse express d’un nouveau passeport à Mike Brasse, qui devait se rendre d’urgence à La Réunion, pour y récupérer son bateau. Mais après son arrivée à la Réunion, le 17 septembre, avec ce passeport tout neuf, Brasse fut arrêté pour possession d’une forte cargaison de drogue, le 11 octobre. 

Ceux qui s’étaient arrangés pour faire fuiter ces allégations visaient sans doute à endommager la réputation du chef de la police. De quoi s’agissait-il exactement ? D’un règlement de comptes dans un climat de fin de règne ? D’une conspiration pour accélérer la succession du commissaire de police ? Quelle que fut la motivation des comploteurs, c’est la réputation du PIO lui-même qui était compromise. En principe, pour faire respecter l’intégrité des institutions, les dirigeants politiques tranchent dans le vif et sévissent contre les fauteurs. Or, dans le cas du passeport de Brasse, ils ont attendu des mois avant de faire muter ailleurs le chef du PIO, Narendra Kumar Boodram, dans le cadre d’un exercice de transferts punitifs plus large. Boodram était bien vu au MSM. Il avait d’ailleurs tenté de glisser une peau de banane sous le pied du gouvernement travailliste en 2013, lors des grandes inondations.

Mais le remède proposé devait aggraver la maladie de l’institution. Car comment interpréter la nomination d’un ancien garde du corps du Premier ministre, Manoj Luchun, au poste de directeur du PIO, pour remplacer Boodram ? Politiquement, Luchun est plus committed envers le MSM que Boodram. Ce policier, au statut très spécial, trié sur un corps qui regroupe 13 000 hommes et femmes, s’était permis d’assister à la réunion du comité central du MSM, au Sun Trust Building. Il était à ce moment le n°3 du PIO. Comment dans ces circonstances ne pas soupçonner de basses manœuvres de politisation d’une institution aussi stratégique que le PIO ? 

La nouvelle loi sur l’immigration et la nationalité devait venir confirmer cette tentation d’accaparement politique de tout le processus qui touche à la présence d’étrangers sur le sol mauricien. Et aussitôt la loi passée, on s’est acharné sur le Belge Patrick Hofman ,qui s’est marié à une Mauricienne et a vécu pendant des décennies dans l’île. Cette décision arbitraire et inhumaine scandalisa fortement les Mauriciens et des Européens ayant des intérêts dans notre pays.

Est-ce pour corriger cette impression de racisme anti-européen («so bad for business!» dirait un «courtier») qu’on a humilié la pauvre petite Malgache devenue citoyenne du pays après son mariage et aussi mère d’enfants mauriciens ? Ce qui a été vu comme une bourde aurait pourtant tout l’air d’avoir été savamment calculé pour donner le message qu’on agit indistinctement contre tous les étrangers en situation irrégulière. Les plus cyniques diront que ce plan «malgache» avait été calculé pour donner à Pravind Jugnauth une photo opportunity et l’occasion de se présenter comme un sauveur, un homme au cœur tendre et généreux. Tant que des sanctions ne sont pas prises au PIO suivant cet épisode malgache, le doute subsistera quant à la réalisation machiavélique d’une mise en scène.

Loin d’être une institution au service des politiciens, le PIO devrait plutôt se montrer inflexible dans la gestion de l’immigration et de l’octroi de passeports aux citoyens mauriciens, y compris des immigrants officiels. L’ancien chef Boodram avait tout à fait raison de chasser des étrangers en situation irrégulière. Toutefois, des événements viennent encore prouver que le PIO n’agit pas de façon égale envers tous les étrangers vivant illégalement dans le pays. Les opérations à la Boodram n’ont jamais inquiété le grand nombre d’irréguliers venus d’une certaine région du monde. Comme les Bangladeshis, certains Africains sont aussi conduits à l’aéroport manu militari en vue d’une expulsion. 

Mais d’autres Africains, plus rusés et disposant de moyens financiers, réussissent-ils à s’acheter la complicité des autorités mauriciennes ? Sinon comment expliquer que le Nigérian Ikechukwu Promise Ajagu, arrivé à Maurice comme touriste en mars 2017, est toujours au pays 26 mois après ? A-t-il bénéficié d’un visa de touriste de 26 mois ? On sait maintenant qu’Ajagu est soupçonné d’être un trafiquant de drogue et que sa présence a échappé au champ de vision des radars du PIO pendant deux ans.