Publicité

Pétitions électorales : boa constrictor à l’œuvre

7 mars 2020, 09:50

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

 

Le Premier ministre adjoint (DPM), Ivan Collendavelloo, s’est attaqué, sous immunité parlementaire, à l’huissier Saoud Saumtally, qui lui avait servi une pétition portant sur  l’invalidation de son élection. La faute de l’huissier, selon le dirigeant politique, c’était de lui avoir servi les papiers dans l’enceinte de l’Assemblée nationale alors qu’il jouissait de l’immunité parlementaire. Or, les spécialistes de la question soutiennent que le bureau du DPM Collendavelloo ne se trouverait pas nécessairement dans le périmètre du Parlement.

L’huissier avait agi le 2 décembre 2019 et la protestation du DPM a été faite le 2 mars. Il est vrai qu’Ivan Collendavelloo, même du temps où il était au MMM, s’est forgé une solide réputation de véritable dada-dodo, le grand-père qui dort toujours. Mais attendre trois mois pour découvrir que cela valait la peine de déposer une protestation, cela défie tout raisonnement rationnel. À moins que le DPM soit tellement désespéré à vouloir empêcher que la pétition contestant son élection ne soit portée devant la Cour suprême qu’il utilise la moindre opportunité exploitable.  

L’astuce la plus efficace pour déjouer un procès, c’est d’empêcher l’huissier d’agir. Aussi longtemps que les papiers n’auront pas été servis en main propre, le processus de contestation légale est bloqué. Il faudrait alors, pour les pétitionnaires, avoir recours à d’autres procédures. Cela prend du temps. Et celui qui entend déjouer le procès profite de ce facteur temps. Surtout s’il est question de jouir du pouvoir politique car on risque de tout perdre si jamais la cour invalide l’élection. Tel un boa constrictor qui coupe la circulation de sang dans les organes vitaux de sa proie, en la serrant avec une force inouïe, il est toujours techniquement possible pour un puissant homme politique de paralyser un recours en justice. À commencer par les mandats délivrés par un huissier.

Il semblerait que le pouvoir n’a pas cherché seulement à paralyser la pétition au niveau de l’huissier mais il s’est aussi livré à une intelligente opération politique visant à galvaniser des partisans. En effet, le fait de mentionner le nom de l’huissier au Parlement – cela n’était nullement nécessaire – pourrait bien faire partie de ce que les Anglo-Saxons appellent dog-whistle politics. Tout comme le sifflet à chien de l’entraineur, qui émet un message en ultrasons que les humains n’entendent pas, un homme politique habile pourrait bien passer une communication destinée à ses partisans les plus fanatiques et les inciter à haïr davantage l’ennemi désigné. Le président Donald Trump est un spécialiste de cette technique de dog-whistling.

D’autres personnalités visées par les pétitions électorales ont tenté, elles aussi, d’utiliser la technique du boa constrictor pour tenter d’étouffer l’affaire à l’étape préliminaire du service de la convocation juridique. Le boa constrictor tente actuellement un autre grand coup de paralysie de sa proie, avec une opération qui vise à sauver la tête même du grand chef, Pravind Jugnauth. En effet, un pétitionnaire, Shah Javed Khadarun, électeur au no8, conteste l’élection même de Pravind Jugnauth. Or, cet homme vient de perdre son emploi à la société Nundun Gopee, après seulement une semaine de travail. Dans le cas de Shah Javed Khadarun, le directeur des ressources humaines (DRH) de l’entreprise Nundun Gopee, un certain Rishi Mooteea, a découvert que l’homme manquait de performance et cela après une semaine de travail.

Dans une autre société, le DRH aurait été licencié pour avoir manqué de discernement lors de l’étude de la candidature et de l’entrevue d’embauche. Seul un DRH complètement bat-dan-latet aurait recruté un tel élément incompétent. Mais cette société serait de nature exceptionnelle. Elle a bénéficié de juteux contrats du gouvernement. Son Chief Executive Officer, Avinash Gopee, vient d’être nommé président de la Mauritius Tourism Promotion Authority. Auparavant, il a été président de la société qui gère le deuxième plus grand «bijou» du règne de Pravind Jugnauth, après le Metro Express. Il s’agit de Mauritius Multi Sports Infrastructures Ltd, une entreprise d’État créée pour gérer  le complexe sportif de Côte-d’Or, qui aura coûté quelque Rs 5 milliards, et qui est maintenant principalement un lieu de repos pour pigeons et martins, lesquels ne sont que très rarement importunés par quelques timides activités.  

Il parait qu’il existe toute une stratégie fortement intelligente et efficace derrière cette démarche d’acheter du temps au sujet des pétitions électorales. Cette stratégie s’articule sur le fait que de grands changements vont se produire dans le secteur juridique dans quelques mois. La mission immédiate du boa constrictor, c’est de paralyser la proie avant que ne s’opèrent ces grands changements. Car, éventuellement, si la proie parvient à  s’échapper de l’étreinte du boa, un véritable danger mortel l’attend. Elle aura à faire face à une demi-douzaine de crocodiles affamés. Mort assurée. Dada dodo jusqu’en 2024.