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Le business des fake news
Où serait le samadhi? Les spéculations ont été nombreuses depuis le début de la semaine sur le lieu choisi par le gouvernement pour la crémation d’une très haute personnalité.
On disait que le gouvernement bloquait l’information sur le décès de cette VVIP et que l’annonce ne serait faite qu’aussitôt les cérémonies protocolaires du 12 mars terminées. Pour le samadhi, le jardin de Pamplemousses comme bis repetita suivant sir Seewoosagur Ramgoolam ? Au Champde-Mars ? Au Port Louis Waterfront?
Les fake news profitent toujours à leurs auteurs. Ainsi, certains croient que l’information – top même, d’une source très fiable, d’après la formule mauricienne – sur le décès de la VVIP – avec maints détails sur ses derniers moments – aurait été inventée non par des adversaires mais par Lakwizinn elle-même et cela dans le but de détourner l’attention des Mauriciens du rapport de l’Audit et des spéculations sur le coronavirus. Mission réussie pour quelques jours car les Mauriciens n’avaient d’autre sujet de conversation que la mort d’un grand.
Ce coronavirus, ce n’est pas seulement à Maurice qu’il alimente le business des fake news. À l’échelle planétaire, les antiChine affirment que le gouvernement de Beijing avait inventé le virus dans ses laboratoires comme une arme de guerre mais qu’une contamination accidentelle s’est produite. Par contre, selon les anti-USA, c’est le gouvernement de Trump qui a lâché le virus en Chine mais aussi en Iran. Dans notre pays même, on a assisté à notre lot de fake news autour du Covid-19 et un fort pourcentage de Mauriciens croient dur comme fer que le pays compte déjà des cas de Covid-19 mais qu’on cache l’information afin de ne pas entraîner la mort de l’industrie touristique.
Mais bien avant la mort de la VVIP et le Covid-19, les Mauriciens ont raté de peu le plus grand spectacle d’une combinaison de fake news, de manipulation électronique d’images vidéo et d’attaque électorale meurtrière dans la première semaine de novembre 2019.
Il était prévu que 48 heures avant l’ouverture des centres de vote le matin du 7 novembre, des spécialistes étrangers travaillant à la déroute de Navin Ramgoolam allaient lui administrer le coup de grâce en diffusant sur les médias sociaux un véritable clip porno mettant en mal le leader travailliste. Cette vidéo aurait été réalisée à partir d’éléments authentiques copiés illégalement de ses téléphones portables saisis dans le sillage de l’affaire coffres-forts. Or, cette arme de destruction massive fut abandonnée car Navin Ramgoolam avait lui-même fait cadeau de l’affaire katori. En effet, le leader travailliste avait parlé de la cupidité de quelqu’un dont le goût de l’argent était tellement obsessionnel qu’il allait refuser de mourir même si techniquement il était déjà donné pour mort. Alors pour laisser la personne accepter la mort, il fallait lui donner un catori (petit récipient en hindi) d’eau bouillie avec des billets de banque pour que son âme parte enfin. «Allez demander aux gens des villages, ils savent de quoi je parle», avait expliqué l’ancien Premier ministre.
Ce fut une occasion en or qui s’offrit aux adversaires de Navin Ramgoolam et ses propos furent aussitôt déformés pour faire accroire qu’il avait choisi de déclarer devant un auditoire de Plaine-Verte que les gens des villages n’acceptaient de mourir qu’après avoir bu une concoction de billets de banque. Plus jati-bechwa (vendeur nation) que ça, tu meurs. Somduth Dulthumun se vit confier la tâche de rey goal-keeper mette goal.
Dans le business des fake news et de la désinformation, à partir d’un élément réel, on construit une tout autre affaire. Ainsi quand sir Anerood Jugnauth avait une fois déclaré que le gouvernement ne pouvait continuer à subventionner le riz ration car les Mauriciens consommaient d’autres aliments de base et que le riz ration était surtout utilisé pour nourrir des chiens, on détourna ses propos. On accusa sir Anerood d’avoir qualifié ceux qui consomment du riz ration de chiens.
Les fake news prennent de l’ampleur avec la technologie moderne et à Maurice, cela est amplifié par l’exiguïté du territoire. Ainsi, ces derniers jours on a bien entendu des cris de cœur genre «Ki mo pou dire, mo ene Travailliste même mais ti ene bon bonhomme ca» et cela presque en larmes.
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