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Drôle de priorités aux Casernes centrales

18 avril 2020, 08:04

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Deux évènements récents mettent à mal le processus de prise de décision au niveau de la direction de la police mauricienne. Le premier: la convocation des jumelles Brasse, pour avoir fait étalage sur les réseaux sociaux de leur virée en scooter dans le pays, pendant le confinement. 

Les deux sœurs, animées d’un sens de l’humour débordant, étaient présentes à la Cybercrime Unit, le mardi 14 avril, pour répondre d’un délit lié à l’informatique. Les sœurs Brasse et leur scooter suspect devant la plus haute instance d’investigation sur les crimes liés à l’informatique ? Mais quand va-ton convier ceux qui montent des opérations de phishing (hameçonnage) pour voler des informations confidentielles ou qui piratent les comptes d’honnêtes entrepreneurs qui voudraient s’engager dans l’e-commerce en ce temps de confinement? 

La Cybercrime Unit est dirigée dans les faits par l’officier Robin Bundhoo, un professionnel de haut niveau qui «ramasse» à lui seul tous les informaticiens employés par différentes institutions de l’État. Mais comme cela se passe dans l’administration publique, des décisions de nature purement politique, prises ailleurs, sont exécutées down the line. Heureusement que les sœurs Brasse n’ont pas perdu leur pouvoir de dérision et il a été très gratifiant de les voir se prendre en selfie devant des monuments des Casernes centrales. 

Mais si les sœurs Brasse ont pu regagner leur domicile le jour même, tel n’a pas été le cas pour Rachna Seenauth, l’ex-secrétaire de l’ancienne présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim. Et c’est là le second événement. La jeune femme a été convoquée à la Cybercrime Unit pour avoir repris un mème sur sa page Facebook. Ce mème serait loin d’être aussi méchant que les caricatures et les programmes humoristiques qui prennent pour cibles Trump, Johnson et Macron, par exemple. Même la reine Elizabeth II n’y échappe pas. 

Le mème incriminé annonce que des dirigeants étrangers seraient tellement impressionnés par la façon dont Maurice gère la crise du Covid19 qu’ils s’apprêtent à donner un coup de fil au Premier ministre, Pravind Jugnauth. Rachna Seenauth a subi l’humiliation qui consiste, selon la formule consacrée, à passer au moins une nuit en détention. Ses deux avocats aussi ont fait l’objet de brimades de la police. 

Voilà comment les ressources de la police sont actuellement utilisées alors qu’en raison du couvre-feu, on assiste à une recrudescence de vols dans des plantations de légumes mais aussi dans des commerces et des résidences. Il parait que les voleurs se retrouvent dans une situation désespérée car ils volent même des ustensiles de cuisine en sus des bonbonnes de gaz. Sans oublier des crabes et des crustacés dans des barachois et des moutons et cabris dans des élevages.

 Au fait, puisque la police s’intéresse tellement à l’informatique, comment se peut-il que nos voleurs déjouent facilement les milliers de caméras de surveillance, au coût de Rs 16 à 19 milliards, installées dans le cadre de Safe City ?