En 2019, pour la première fois depuis 50 ans, la population mauricienne a diminué. Donc, pour doper la démographie,  le ministre des Finances a décidé de faciliter davantage l’installation des seniors et des retraités étrangers à Maurice et aussi en rendant l’acquisition de permis de résidence et de travail encore plus facile.

Quand le ministre a fait allusion à la nécessité pour le pays de trouver des moyens pour faire face au phénomène de population diminuante et vieillissante, on a été tenté de croire qu’il allait préconiser l’immigration massive de familles entières du Bangladesh et de Madagascar. A la manière d’Angela Merkel, la dirigeante de l’Allemagne, qui a eu recours à l’immigration d’étrangers, dont des Arabes, pour pouvoir rajeunir la population et faire rouler l’économie.

Sans le dire explicitement, quand le gouvernement mauricien parle de l’installation d’étrangers, ce sont les Européens et possiblement les riches sud-africains qui sont visés. En principe, tout apport d’étrangers dans le système mauricien constitue un plus pour l’économie du pays. La contribution des étrangers dans l’innovation technologique et la gestion des affaires aide dans l’expansion économique du pays accueillant. Ce n’est pas sans raison que les Etats-Unis et plusieurs pays européens encouragent l’immigration des étrangers. Le xénophobe Donald Trump ne sera pas longtemps à la tête de son pays pour changer radicalement le système basé en grande partie sur l’apport d’éléments étrangers les plus brillants incités à s’établir et s’épanouir aux Etats-Unis.

La gestion de la presence à Maurice d’un grand nombre d’étrangers dont des seniors pourrait exercer une certaine pression sur les services sociaux du pays. On voit déjà des retraités étrangers ou maris de Mauriciennes profiter du transport public gratuit ou subventionné et du service de santé gratuite. Dans les salles d’attente des hôpitaux et des centres de santé, on identifie facilement un ou deux seniors étrangers assis sagement aux côtés des Mauriciens.

L’accueil mème des étrangers, surtout d’origine européenne, est facilité en grande partie par le complexe d’infériorité que les Mauriciens ressentent après deux siècles et demi de colonisation. Ce phénomène de complexes a été étudié en profondeur  par l’illustre psychiatre et politologue martiniquais Frantz Fanon et bien décrit dans ses deux principaux ouvrages, Les Damnés de la Terre et Peaux noires, masque blanc. Fanon a expliqué comment des gens ayant été dépersonnalisés par la colonisation ont tendance à perpétrer des actes de violence à l’encontre de leurs semblables et non contre les autres.

Compte tenu du grand nombre de touristes- plus d’un million d’avant Covid-19- le nombre de cas d’agression physique sur des étrangers sur le sol mauricien a été relativement minime. Toutefois, des tentatives de vol ont été répertoriées surtout dans les chambres d’hôtel ou à l’encontre de touristes n’exerçant pas assez de vigilance sur les lieux publics. Le cas Michaela Hart n’a été qu’une malheureuse exception à la règle.