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Raisonnons !

21 juin 2020, 09:20

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Raisonnons !

La mort de George Floyd a été un véritable déclic pour beaucoup de questions. La seule qui relevait pourtant directement de la mort de ce gentil géant de plus de six pieds, travaillant dans un abri pour l’Armée du Salut et récemment guéri du Covid-19, était celle de la brutalité policière déclenchée par des préjugés racistes. La majorité des policiers n’est pas raciste apparemment, même si bien trop le sont et il est maintenant établi que le policier Chauvin avait déjà eu des confrontations préalables avec Floyd quand ce dernier travaillait dans une boîte de nuit ! Ces confrontations étaient largement basées, selon la propriétaire (blanche) de la boîte de nuit, sur les hantises personnelles et la peur de Chauvin des noirs. George H. Will, prix Pulitzer au «Washington Post», nous rappelle par ailleurs que le problème est aussi la puissance des syndicats de police, qui protègent leurs syndiqués jusqu’au bout. Le policier Chauvin avait ainsi déjà généré 17 complaintes de violence et de racisme. Il ne fut suspendu qu’une fois pour 40 heures…

Floyd n’était pas un violent et ne méritait certainement pas de mourir, mais à l’inverse du comportement de Chauvin et d’autres qui mène à cataloguer toute la police et tous les policiers, un terrible mécanisme psychologique fait qu’un Noir qui vole ou qui viole laisse plus d’empreinte visuelle et mémorielle qu’un filou blanc tout aussi abject ! À cet effet, on a souvent blâmé Hollywood, mais surtout les séries télévisées style «Cops» ou «Live PD» qui débordaient, statistiquement, vers une équation solidement raciste. Ces deux séries ont été d’ailleurs stoppées ce mois-ci.

La véritable raison d’espérer est que les manifestations déclenchées par la mort de Floyd étaient très largement pacifiques et multiraciales. Des policiers ont aussi fraternisé avec les manifestants pacifiques. Malheureusement, les incendies, les matraques et les pillages sont plus télégéniques. Il faut donc rester rationnel au-delà des images et des émotions : il y a des bandits partout et ils sont de toutes les couleurs et de toutes les confessions. Tous les policiers ne sont pas racistes, mais il faut sévèrement évacuer ceux qui le sont et il ne faut surtout pas tomber dans l’hystérie de ceux qui demandent, de Chicago à Washington… l’abolition des forces de police ! L’argument principal de ceux-ci, c’est que la réforme a déjà été essayée et que cela n’a pas marché. C’est un non-argument du même acabit que de dire que Liverpool a essayé de gagner le championnat pendant 30 ans, n’a pas réussi et doit donc être rayé de la carte foot…

La réforme est la seule voie possible pour les êtres imparfaits que nous sommes. Cette réforme ne sera jamais parfaite, non plus. Chez nous aussi, c’est pareil. La police mérite largement les critiques qu’elle reçoit et elle abritera toujours des brebis galeuses qu’il faudrait pouvoir évacuer plus rapidement. Mais il faut que les reproches soient avérés et qu’il n’y ait pas de corporatisme, soupçonné protecteur, comme la Police des Polices, pour commencer. Investir dans la qualité plutôt que dans la quantité est une deuxième piste. Être à la solde de la société dans son ensemble plutôt qu’à celle du gouvernement du jour en est une troisième.

Dans le sillage de la mort de George Floyd, l’attention des médias étant à son paroxysme, d’autres chapelles ont cru utile d’en profiter et de faire avancer leurs intérêts plus extrêmes. Par exemple, les casseurs traditionnels et les «déboulonneurs de statue» qui, au mépris de l’histoire qui nous a engendrés tous, tant que nous sommes, veut éliminer de l’histoire ceux qui, à leur époque, ont eu l’outrecuidance de ne pas être aux normes de 2020. Quelle bêtise ! L’intendant Colbert, Adrien d’Epinay et George Washington sont des hommes de leur temps et semblent avoir laissé une empreinte. Il ne faut pas les effacer, sinon il faudrait, je suppose, raser Chichen Itza, la Cité Interdite, Versailles ou le Taj Mahal au motif qu’ils reflètent aussi un âge d’exploitation éhontée des masses, par une infime minorité ? Tiens ! En voilà une norme qui a traversé le temps…

De toute façon, si les statues honnies sont enlevées, sur quoi accrocher les pancartes de protestation et sur qui, désormais, jeter les oeufs pourris ?

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Le comportement de la «MBCTv» lors de son reportage sur les squatters de la Cité de Dieu, à Riambel, le 3 juin, a été exécrable. Dégoûtant même! Mais qu’est ce qui est nouveau ? Ce n’est pas la première et ce ne sera pas la dernière fois, malheureusement, que cette radiotélévision nationale fera de la propagande, étant devenu un paillasson indécrottable. Elle ne semble même plus être seulement «aux ordres» venus de «plus haut», mais capable même de prendre des initiatives pour tenter de protéger et plaire aux puissants du jour, quels qu’ils puissent être.

Ce monopole de médiocrité et de puanteur, qu’aucun chef de parti n’a jamais vraiment voulu réformer ou mettre en compétition avec des télévisions privées, était encore à l’oeuvre quand le ministre Obeegadoo sévissait contre les squatters, vrais et faux de Riambel, il y a maintenant deux semaines déjà. Un journaliste (je suffoque…) promenait son micro et s’arrangeait pour récolter huit déclarations de squatters, provoquées ou pas – l’on ne saura jamais, qui disaient toutes que «légliz», «ek tablisma» se devaient de régler leur problème. Les responsabilités de l’État sont à peine mentionnées. La connotation religieuse et politique est on ne peut plus claire.

Le reportage dûment fait, la rédaction n’y trouva rien à redire et cette boursouflure passe donc à la télé ! Nonobstant cette dégueulasserie, le diocèse catholique demande un droit de réponse qui est «étudié» depuis le 5 juin, date de la lettre de protestation du père Maurice Labour, Vicaire général. Le calcul est évident : si le droit de réponse est éloigné du reportage en question le plus longtemps possible, la réponse sera encore moins qu’un cheveu sur la soupe, ce sera une soupe à la grimace ! Et le tour sera joué… Mardi 16 juin, la réponse de la MBC tombe : il n’y aura même pas de droit de réponse !

Peu importe si le ciel n’existe pas, mais l’enfer, c’est bien important… vous ne trouvez pas ?

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Il n’y a que deux approches possibles pour les terres de l’État. La première étant que toute personne «proche du pouvoir» ne peut aspirer à bénéficier d’un terrain ou à un avantage en découlant – comme par exemple d’une acquisition obligatoire du gouvernement. Mais il faudrait alors définir ce qui est «proche du pouvoir» et une fois définie, ces personnes ne pourraient aspirer à un terrain public que si leur parti est dans l’opposition ? Réaliste ? La deuxième permettrait à un proche du pouvoir d’obtenir un terrain du gouvernement, comme tout autre citoyen, pourvu que tous les citoyens aient une chance égale de succès. Mais comment s’assurer de cela si les terrains que le gouvernement est désireux de louer ne sont pas affichés ouvertement sur le site du ministère ? Les cas méritoires passeraient avant, mais on pourrait y rajouter un élément «eBay» où tout citoyen intéressé préciserait le loyer qu’il est prêt à offrir ? Si entre le 1er novembre 2017 et le 28 février 2019, il y a eu 19 nouveaux baux agricoles, 12 pour campements, 40 pour l’industrie/commerce, 21 pour la religion/le social, 281 pour le résidentiel et 13 pour le résidentiel/commercial, il est probable qu’ils ne soient pas tous «proches du pouvoir» ? Les baux du Dr Joomaye et de Woochit se tutoient. Le problème est peut-être que d’autres n’aient pas eu voix au chapitre…

Des chances égales pour tous et son frère jumeau, la méritocratie doivent être des visages familiers au temple de la justice.

Si les squatters qui espèrent les 4 perches que la politique du gouvernement leur promet n’y ont toujours pas droit et revendiquent auprès de «légliz ek tablisma», serait-ce parce qu’une des conditions du gouvernement est que le revenu familial soit moins que Rs 7 500 par mois, ce qui est aujourd’hui théoriquement inconcevable ?

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Mon frère, fin observateur, remarquait que, si le froid est revenu, la grippe par contre, n’a pas fait son retour hivernal usuel. C’est sûrement un des dividendes inattendus de nos protocoles santé pour le Covid-19 : mains lavées, masque, distanciation, pas de poignée de main, pas de bisou sur la joue ; c’est à ce prix que l’on arrête les maladies transmissibles. Gardons nos bonnes habitudes !?

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Une maladie qui n’est pas transmissible, par contre, c’est la bêtise. Elle relève plutôt de génération spontanée, voire souvent de tribalisme myope. Le comité de discipline appelé à l’encontre du professeur Narsinghen à l’université de Maurice, pour avoir dit son opinion dans le temple même de la liberté académique, relève de cette terrible maladie.

Comme symptômes, Il n’y a que les visages émaciés, les cervelles ratatinées* et les coeurs aigris de ceux qui veulent punir pour délit d’opinion (différente). Ne perdez pas votre temps, il n’y a ni traitement, ni vaccin possible. On n’en guérit jamais. Même pas au clystère.

*Dans le parler local, c’est encore mieux décrit comme «ti lespri».