Publicité

Pas joli, tout ça !

4 juillet 2020, 09:04

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Pas joli, tout ça !

Dans l’épisode St-Louis, l’on se retrouve dans une drôle de situation où deux politiciens sont mis à l’index, Collendavelloo et Bérenger, à partir d’un document «confidentiel» de l’African Development Bank (ADB) qui a pourtant fuité de manière sélective à une conférence de presse du PM. Seuls deux noms ont été mentionnés. Aucune phrase n’est citée. Aucun contexte spécifié. Collendavelloo a pu lire ledit document, l’a traité de «bout papié», a refusé de quitter son poste et a été mis sur la touche. Bérenger, quant à lui, n’a pas eu le privilège de lire le même document, ne peut être mis sur la touche, mais a été vigoureusement accablé par ses adversaires au gouvernement, l’occasion étant apparemment irrésistible pour tenter de salir une réputation «mains propres» impeccable jusqu’ici. L’excitation est telle que Joanna Bérenger, en plein Parlement, est traitée de «voler», comme son père. Cela fait évidemment longtemps que l’on ne pouvait plus dire que notre Parlement était un modèle d’élégance et de rigueur ! Mais tout de même…

Ce qui me désole dans cet épisode c’est, une fois encore, comment le public est traité par-dessus la jambe et gavé de mauvais exemples. Le PM dit ne pouvoir révéler le contenu d’un document «confidentiel», mais cite ce qui lui convient. L’ADB dit ne pas pouvoir partager le contenu de son rapport, sauf à travers «a referral process to law enforcement authorities» et puis, le 18 juin, refuse quand même le rapport à l’ICAC. C’est pourtant l’ADB qui, au départ, allumait la mèche le 8 juin et qui évoquait, sur la base de l’enquête des Danois, la corruption de «membres de l’administration mauricienne et autres» ! À quoi ça sert de déclencher tout ce remue-ménage (et son lot de spéculations pures – comme la conclusion qu’il y a eu… Rs 700 millions de pots-de-vin !) si on est incapable d’accoucher le nom des corrompus de la circonstance ? Ce communiqué du 8 juin parle de «preuves prépondérantes». Le PM, au Parlement, dit de Bérenger : «To koné ki to’nn fer. To’nn tasé !» Le PM «koné». L’ICAC aussi «koné» maintenant. Mais le public, nenni, puisque le PM refuse de publier le document ADB en sa possession, comme demandé par Bérenger, ayant par contre extrait les pépins qui lui convenaient.

À ce stade, il faut garder la tête sur les épaules. On ne peut pas dire, par exemple, comme un lecteur intempestif ou propagandiste, que pour Bérenger «sa cause est presque indéfendable sur la base des preuves à venir» (sic !) alors qu’aucune preuve n’a même pas été évoquée ! Bérenger est peut-être coupable, dans lequel cas il faut vite nous le démontrer ; ADB, PM, ICAC ou autre, en nous faisant voir les PREUVES ! L’enquête des Danois s’arrête aux corrupteurs. Ceux-ci peuvent dire avoir payé des intermédiaires qui auraient eux-mêmes dit avoir remis des sommes à Collendavelloo et Bérenger ou avoir payé ces derniers en direct. Dans le premier scénario, c’est du «ouï dire» et il faut vérifier les circuits de l’argent. Mais si l’on peut comprendre la logique de corrompre ceux qui peuvent prendre des décisions sur un contrat, dans ce cas, on nous a bien précisé que le «bribe» était pour obtenir les dossiers des concurrents pour permettre aux Danois de BWSC de «tailler leur offre sur mesure». Cela vous paraît-il probable pour un leader de l’opposition d’avoir accès aux dossiers soumis au CEB, dans le fief de Collendavelloo et pour BWSC d’avoir à corrompre… les deux ? Si les intermédiaires ont contribué aux caisses du parti au lieu de corrompre, qu’est-ce qui est nouveau ? À Maurice depuis des lustres, tous les partis ont des caisses noires et ne publient aucun compte… À réformer aussi, d’ailleurs, pour pouvoir sortir de la liste noire de l’UE ?

Attendons voir, rapidement, les «preuves prépondérantes». Plus ça va traîner, plus on aura raison de douter de la manœuvre…

******

La situation à Hong Kong a atteint un point de non-retour. La nouvelle loi votée à Beijing vient mettre un terme à toute illusion quant aux promesses chinoises de maintenir «deux systèmes» en Chine. La démocratie ne sera pas chinoise. Ce sera toujours le parti. Unique et sans voix contraires.

Chaque pays est souverain, il est vrai, mais les Chinois, besogneux et capables du meilleur, pas plus que les habitants de Hong Kong, n’auront leur mot à dire. Même pas comme en Russie ou 78 % de la population vient de voter une réforme constitutionnelle qui intronise Putin jusqu’en 2036 ! Apres le Falun Gong, le Tibet, Huawei, les Ouighours, la mer de Chine, les difficultés épidermiques avec l’ Afrique, les controverses du «Belt n Road initiative» (https://www.euromoney.com/article/b1lx4xdjgghf3z/china-end-of-the-beltand- road) la guerre commerciale avec Trump et l’épisode du Covid-19, on ne peut pas dire que la Chine va, avec Hong Kong, améliorer son image mondiale. Ça pourrait même commencer à se corser encore plus commercialement si l’on se réfère aux tensions qui augmentent avec l’Australie, le Canada (à cause de l’arrestation de la CFO de Huawei) et même l’Union européenne (https://www.eastasiaforum.org/2020/05/23/exposing-the-fragility-of-euchina-relations/). Depuis hier et l’offre de Johnson d’offrir la citoyenneté britannique à jusqu’à 3 millions de Hong Kongais, la Grande-Bretagne rejoint les pays qui ne plaisent plus à la Chine. Beijing a déjà annoncé des «conséquences». Il pourrait y en avoir pour elle aussi sur tous ces fronts… ?

Dans ce monde de fous égoïstes, la Chine veut garder les «terres rares» et Trump vient de mettre la main sur la grande majorité des prochaines productions du Remdevisir, le seul remède homologué contre le Covid-19 jusqu’ici ! Ça promet !

*****

Une fois n’est pas coutume, mais citons le Canard Enchaîné de cette fin de juin, qui se réfère au virage écolo de Macron en titrant un de ses articles comme suit : «Un vert à moitié vide ou un vide à moitié vert.» Pour une trouvaille, c’est une trouvaille ! Même si méchante… Qui peut trouver une expression aussi parlante pour nos dirigeants qui se donnent en spectacle au Parlement ces jours-ci ? Le défi est lancé !

*****

En 2016, une entreprise écrit au ministère des Infrastructures publiques au nom de deux douzaines d’entreprises industrielles dans la périphérie de Port-Louis qui réclament l’asphaltage d’une route de sortie alternative ; la route d’accès étant exiguë et mal carrossée. Le dossier est copié aux Finances, puis passe à la Road Development Authority et à la National Development Authority avant un avis autorisé, verbal, qui suggère que cette demande relevait du District Council. Celle-ci fait comprendre qu’elle n’a pas de budget. Longue pause. En 2017, cette entreprise écrit à la MRA pour proposer de financer l’asphaltage entièrement à ses frais, si elle pouvait déduire ces coûts de sa taxe cette année-là. La réponse est presque immédiate. Et négative.

En mai 2019, trois entreprises se réunissent et décident de profiter de la proximité de Gamma Civic qui fait la 3e voie sur l’autoroute (celle qui devait être rouge !) et de faire usage des «restes» d’asphalte à meilleur prix. Un courrier est envoyé au District Council pour demander leur autorisation en mai 2019. Ne voyant aucun retour, la route est asphaltée par ces trois entreprises. Un courrier de juin 2020 du District Council vient enfin souligner que le Conseil «has no objection». Treize mois ont passé…

Dans une autre situation vécue, dans un autre district, un courrier d’avril 2018, demande la permission de construire des drains, pro-bono, pour protéger une route utilisée par des vans scolaires. Le Conseil de district est invité à subséquemment réasphalter «comme il faut», cette route qui est régulièrement défoncée par les eaux dévalant les pentes et que le Conseil doit donc régulièrement «patch up», même si un peu tardivement. Une réponse est toujours attendue.

Avec des services publics de cet acabit, et à l’hypothèse que tous les citoyens sont traités de manière équitable, comment espérer être fier de son pays et heureux de payer ses taxes ?

*****

Nous avons été, en 2019, un pays «riche» selon la Banque mondiale, ayant dépassé le niveau de 12,535 $ de GNI par tête. Mais riche en quoi ? Pas en valeurs universelles, pour sûr, sinon Mme Boygah ne serait pas en charge de nos Standards et c’est Mr Buharee, le chairman démissionnaire qui avait fait de la résistance, que l’on devrait célébrer ?