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Quand Lakwizinn avertit fonctionnaires et internautes

25 juillet 2020, 09:25

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Deux grandes opérations de la police, menées coup sur coup, durant la semaine. Les deux initiatives ont pour but d’avertir les fonctionnaires et les internautes qu’on ne badine pas avec Lakwizinn. 

La première opération conduite par qui d’autre sinon le grand Heman Jangi qui est sorti de la retraite pour être nommé chef de la CID, privant ainsi de nombreux hauts gradés d’une promotion bien méritée ? L’officier Jangi s’était distingué après les élections de 2014 pour avoir orchestré les différentes accusations qui furent portées contre l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam. Lesquelles accusations furent toutes rejetées, l’une après l’autre, en cour. Un dernier acquittement de Navin Ramgoolam fait l’objet d’une contestation de la part du Directeur des poursuites publiques.

On devait aussi apprendre, pendant que se déroulait l’oeuvre de démolition de Ramgoolam que, suivant un mariage, l’officier Jangi avait établi, d’après une formule ô combien mauricienne, des liens de parenté avec le clan Jugnauth. Avec un tel palmarès, on pourrait bien parier chez des bookmakers que l’officer Jangi ferait mieux que dans le cas Ramgoolam et qu’en 2020, il va «produire des résultats» sur la double enquête menée au niveau du ministère de la Santé pour établir s’il y a eu des fuites d’informations et complot. L’officier Jangi a lui-même annoncé d’avance la nature des délits. Ainsi, des ordinateurs et des documents ont été saisis dans la journée du mercredi 22 juillet à la Santé.

Cette saisie d’ordinateurs suscite en ellemême quelques interrogations. L’officier Jangi a-t-il obtenu un judge’s order avant de procéder à la saisie ? Ces équipements ont-ils été mis sous scellés avec la signature des officiers qui avaient accès aux ordinateurs et qui les utilisaient ? Quelle garantie les officiers ont-ils obtenue à l’effet qu’il n’y aurait pas de «tampering» avec les ordinateurs éventuellement ? 

Des experts, il n’en manque pas si on tient compte de ce que des gens avancent sur le déroulement des dernières élections. Théoriquement, on pourrait supprimer des données sur des ordinateurs ou y ajouter de nouveaux éléments avec une facilité déconcertante. Les Israéliens sont passés maîtres dans le domaine au point que même le FBI eut recours à leur service quand Apple refusa de divulguer le code d’accès d’un présumé terroriste arabe arrêté aux États-Unis. Après ce qui s’est passé tant au niveau du software que du hardware lors des élections, tout est possible. Outre l’utilisation des fameuses computer rooms, on se souviendra au niveau du hardware de l’explication de quelqu’un à l’effet qu’on avait utilisé une règle à l’intérieur d’une urne pour y plier parfaitement des bulletins de vote et les y caler. Il serait tout à fait légitime pour les fonctionnaires de s’assurer qu’il n’y aurait pas de maldonne lors de l’enquête. Mais où sont passés les syndicats de la fonction publique ?

Cette enquête vise surtout à mettre un frein à toute fuite d’informations de la part des fonctionnaires vers des médias et des partis politiques. L’histoire de l’administration publique dans le monde prouve amplement que plusieurs gros scandales ont été portés sur la voie publique par des fonctionnaires qui jouent aux whistleblowers ou lanceurs d’alerte. Le cas le plus connu, le scandale du Watergate aux États-Unis, qui se termina par la démission du président Richard Nixon, fut l’oeuvre de l’informateur Deep Throat qui parla à des journalistes de Washington Post. On donna le nom de Deep Throat au whistle-blower suivant le grand succès d’un ouvrage pornographique où il était question de l’usage de la gorge. Bien des années après, suivant maintes spéculations, il fut établi que Gorge Profonde était en fait un haut cadre du FBI qui avait été privé d’une promotion bien méritée à laquelle il aspirait.

À Maurice, actuellement, les conditions sont réunies à ce stade pour une vaste chasse aux sorcières dans l’administration publique au fur et à mesure que des scandales se succèdent. Un gros scandale en chasse un autre, semaine après semaine.

Mais les fonctionnaires ne sont pas les seuls visés. Les internautes aussi risquent d’être arrêtés et poursuivis pour des commentaires jugés déplaisants affichés sur les médias sociaux, sur Facebook en particulier. Lakwizinn entend donner un signal bien fort aux internautes. C’est pour cette raison que l’équipe qui a débarqué chez Farihah Ruhomaully comprenait pas moins de 11 éléments de la police. Ce qui a amené certains internautes à se demander si la police craignait d’être malmenée physiquement par une Farihah Ruhomaully disposant de la force corporelle de Gabbar Singh – un personnage de Bollywood – ou encore de la science en arts martiaux de l’inimitable et jovial Jackie Chan.