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Le ‹soy› frappe une opération communalo-castéiste brillamment conçue

5 septembre 2020, 07:32

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Ceux qui ont cru que le gouvernement avait commis une bourde tactique, le vendredi 28 août, en procédant à la double nomination de Vishwadeo Gobin aux fonctions de chairman du Mahatma Gandhi Institute (MGI) et du Rabindranath Tagore Institute (RTI), à la veille même de la grande marche citoyenne, ont tort. Cette marche a mobilisé plus de 75 000 personnes le lendemain, le samedi 29 août. 

Tort absolument car cette double nomination avait été savamment conçue par des stratèges de Lakwizinn pour envoyer un message haut et fort à ceux qui s’apprêtaient à prendre part à la grande manifestation du lendemain. Ce message limpide et catégorique pourrait être résumé en quelques mots : «Nou pi… ar zot. Nou ki mari, nou pran désizion pou nou dimounn. Zot kapav marsé, manifesté, kriyé, dansé – nou ki mari ziska 2024.» 

Au fait, si on exclut le facteur fraudes électorales alléguées à coups de règles magiques, de bourrage des urnes et de computer rooms, le MSM a voulu dire qu’il est solidement soutenu par ses bann et n’était nullement inquiété par la marche du 29 août. 

La double nomination de Gobin était destinée plutôt à rassurer la power base, tout comme celle, quelques jours auparavant, de Rishikesh Hurdoyal, frère du ministre Vikram Hurdoyal, aux fonctions de président de la Mauritius Shipping Corporation. Ou encore celle de Sandhya Boygah, placée à la tête du Mauritius Standards Bureau (MSB) avec un nouveau titre afin de contourner la loi. Dans le cas de Boygah, ce fut une opération communalo-castéiste implacable avec le remplacement d’Abdool Burahee comme chairman du board par Sanjiv Mulloo mais aussi de Rashida Nanhuck par Boygah. 

Au MSB, outre la démonstration du slogan «nou ki mari», il y avait aussi l’aspect contrôle sur les institutions. Le MSB pourrait, par exemple, venir témoigner, dans le cadre des pétitions sur les fraudes électorales, qu’après maintes analyses scientifiques, on a constaté que la règle utilisée pour ranger les bulletins de vote l’un sur l’autre, superbement pliés, était munie de robots miniatures programmés pour maximiser le nombre de bulletins qu’on pourrait ranger dans une urne. 

Le MSM est extrêmement efficace dans l’art de contrôler les institutions. On se souviendra de l’épisode où on avait refusé au chef juge sortant, Eddy Balancy, de rester en poste rien pour quelques jours pour qu’il puisse compléter la rédaction de certains jugements. C’est dans la même optique qu’il faudrait apprécier la nomination de l’ancien juge Abdurrafeek Hamuth aux fonctions de président de la Court of Inquiry sur le naufrage du MV Wakashio. Ce juge, nouvellement retraité, avait été présenté par le MSM comme futur président de la République lors des dernières élections générales. Seulement, après la proclamation des résultats, LaKwizinn a décidé qu’il fallait investir ailleurs dans leur stratégie du communalo-castéisme scientifique. Le choix s’est porté sur Pradeep Roopun. L’histoire se répétait au MSM. Aux élections de 1983, le MSM parada Kader Bhayat comme futur vice-Premier ministre. Le soir même de la proclamation des résultats, Gaëtan Duval s’adressa au pays en tant que vice-Premier ministre nouvellement désigné. 

Le MSM n’a pas marqué que des points avec le choix de Roopun et d’autres nominations. Au sein même de sa power base, des réactions fort négatives ont été notées. Ce qui explique la cuisante défaite de Somduth Dulthumun lors des élections de la fédération des temples sanatanistes. C’est pour réparer cela qu’on a procédé en catastrophe à la nomination du frère du ministre Hurdoyal et celle du père du ministre Gobin. 

Avec Gobin, le MSM disposait d’un joker. Le nom Gobin à lui seul rassure une composante ciblée du MSM. Et encore que Gobin a deux soeurs mariées à deux fortes têtes d’une autre composante. La soeur Maya est l’épouse de Hurryduth Chummun, membre du board du Central Electricity Board jusqu’à sa révocation après l’éclatement du St-Louis Gate. L’autre soeur, Noomat, est l’épouse de Vijay Lutchmun, qui est haut-commissaire de Maurice en Afrique du Sud. Cet homme connu de ses intimes comme David Whitehead, garde son profil tellement bas qu’il en est presque souterrain et cela afin de ne pas attirer l’attention sur lui. Avec le père Gobin, le MSM espérait scorer deux dans enn auprès de deux composantes de sa clientèle mais le soy qui poursuit Lakwizinn en a décidé autrement.