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Le facteur Labour dans l’équation «Bour Li Déor»

19 septembre 2020, 15:22

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Depuis le lancement de la mobilisation citoyenne marquée par le slogan «Bour Li Déor» (BLD), un premier test «politique» de ce phénomène aura lieu ce dimanche 20 septembre à Kewal Nagar quand le Parti travailliste célébrera le 120e anniversaire de naissance de sir Seewoosagur Ramgoolam mais aussi le centenaire de naissance de sir Satcam Boolell.

Le slogan BLD représente parfaitement la versatilité de la langue créole et c’est le leader du MSM qui est la cible de cette campagne. Toutefois, des cas de dérapage ont été notés sur des médias sociaux. Certains faisant le jeu du MSM ont tenté de lancer le slogan BLD à l’intention de toute la classe d’hommes politiques traditionnels. Si cela deviendrait une tendance plus prononcée, le mouvement citoyen qui a mobilisé des patriotes le 29 août à Port-Louis et le 12 septembre à Mahébourg risque d’être hijacked par un groupe de trollers possiblement organisé à partir d’un centre d’appels et dont l’objectif consiste à créer un backlash communal en faveur du MSM. Comme on le dirait chez les Anglo-Saxons, il y a du Big Money involved.

Pour que le BLD réussisse, il lui faudrait un modus operandi qui tient compte des réalités politiques, sociologiques et culturelles du pays. À Maurice, on ne renverse pas un gouvernement par des manifestations. Les Mauriciens ont au cours des décennies intériorisé deux conceptsclés en politique. Tout d’abord, on change les gouvernements à travers les élections et non pas par des manifestations publiques ou des coups d’État. Ensuite, celui qui dirige le pays n’est nul autre que le Premier ministre. Évidemment, des slogans comme «deuxième République» intéressent les «intellectuels» mais passent sur la tête des Mauriciens.

Navin Ramgoolam a payé un énorme prix aux élections de 2014 en acceptant de céder le poste de Premier ministre à Paul Bérenger pour que lui-même devienne un président avec des pouvoirs accrus. La majorité des Mauriciens prennent le président pour un personnage protocolaire «coupe-ruban», le véritable «mari» en toutes circonstances étant le Premier ministre. Le nom de Paul Bérenger seul suffisait pour décider du verdict dans le «belt» du n°5 au n°14. Et en 2014, le MSM fit des incursions même en dehors de ce «belt» mythique.

Autre point à noter: malgré la conséquente perte de prestige subie par Maurice depuis un certain temps sur le plan international avec surtout le pays étant placé sur la liste noire des centres financiers douteux avec possibilité de financement du terrorisme international et la gestion catastrophique de la crise Wakashio, les pays occidentaux ne vont jamais reconnaître un gouvernement installé par un coup d’État ou par des actes de violence. Et les pays occidentaux vont tout mettre en œuvre par différents moyens de pression, dont la strangulation économique, pour renverser ce gouvernement.

Pour pouvoir bour déor le présent gouvernement, il n’existe que deux possibilités d’action. Il faudrait attendre 2024 pour la fin de son mandat et tout mettre en œuvre pour l’empêcher de revenir au pouvoir. La seule autre possibilité, c’est la réussite en cour de toutes les pétitions électorales logées après les élections générales de l’année dernière. S’il est prouvé que le counting avait été trafiqué, que l’usage des règles T-Square était frauduleux, qu’on avait fabriqué de faux bulletins de vote, que des urnes avaient été bourrées, que des électeurs avaient été délistés, qu’on avait eu recours à de faux électeurs bangladais, que la computer room était venu couronner une vaste opération de fraude électorale, il est possible que l’élection de nombreux éléments du MSM et de ses alliés serait cassée. On aurait alors des élections générales anticipées.

Si dans le contexte des élections générales anticipées ou même lors du scrutin à terme de 2024, les actuels partis de l’opposition restent divisés, Pravind Jugnauth ou celui ou celle qui va le remplacer à la tête du MSM pourrait bénéficier de la dispersion des votes pour remporter les élections avec une minorité de suffrages. Une alliance des partis traditionnels serait indispensable pour mener à bien une opération de BLD.

En tant que parti ayant activement collaboré avec le PMSD et le MMM à différents moments de l’histoire, le Parti travailliste aurait un rôle déterminant à jouer dans la concrétisation d’une alliance et priver le MSM du potentiel de remporter les élections avec une minorité de voix. Le MSM souhaiterait vivement voir une opposition divisée et agencer un backlash communal suivant les différentes campagnes d’agitation lancées dans le pays. Le MSM entend se présenter comme le défenseur de certains intérêts et tenter même de séduire une partie de l’électorat traditionnel des Rouges. Pour cette raison, la clé des Travaillistes s’avère indispensable dans l’opération de déboulonnage de Lakwizinn.