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Maradona, entre les «mains de Dieu»
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Maradona, entre les «mains de Dieu»
Un volcan s’est éteint. Diego Armando Maradona. Ces trois mots résonnent dans l’imaginaire de tous les fans de foot. Le ballon rond ne tourne plus. Onde de choc mondiale. L’histoire avec un grand H s’est brutalement arrêtée, mercredi soir, pour tous les aficionados. Qu’on soit pro Platini, Pelé, ou Brésil de Socrates, un dingo de l’Argentine maradonienne ou qu’on ne l’ait pas vu jouer de son temps, l’émotion est presque la même. Le vide à combler immense.
Né en 1960 à Rosario, Diego s’en est allé à 60 ans. Des chiffres ronds. Pas anodin pour un roi du ballon rond destiné à une vie hors du commun, excessive, passionnée et passionnante. El Pibe de Oro était un enfant des quartiers populaires, qui a aura alterné gloire et déchéance toute sa vie.
Sa vie était un film. Les paillettes de la célébrité et une popularité sans bornes. Une descente aux enfers où alcool et drogue ont été son quotidien. Une deuxième vie compliquée après qu’il a raccroché les crampons, émaillée de problèmes de santé à répétition. Comme beaucoup de stars planétaires du showbiz, l’astre s’est consumé.
La trace qu’il laissera est indélébile. Il a inventé la ‘main de dieu’ et beaucoup le considèrent comme un dieu du football. Il parlait souvent du seigneur, du reste. Des églises maradoniennes existent même en Amérique du sud. Une idolâtrie qui ne fait sans doute que commencer maintenant qu’il est parti.
Il n’était pas consensuel, ce qui a fait la légende de ce personnage cultissime. Il n’a pas hésité à pourfendre le coeur des Anglais au Mundial mexicain en 1986, d’un terrible ‘hand of God’ que beaucoup ne lui pardonneront jamais, puis d’un but du siècle qui laisse rêveur. En deux buts, on résumerait presque la complexité du mythe. Ange et démon à la fois, diront les puristes.
Politiquement très engagé à gauche, il était aux antipodes du stéréotype footeux habituel, arborant fièrement son tatouage du révolutionnaire argentin Che Guevara à l’épaule droite. Diego n’était pas con et aimait l’ouvrir. Il n’hésitait pas à dézinguer la FIFA et son ex-président Sepp Blatter ou les «yankees» oppresseurs du Cuba de son ami (et père spirituel) Fidel Castro.
Après avoir attaqué verbalement le président américain George W. Bush en 2005, il a récidivé contre Donald Trump en 2019 : «Les shérifs du monde que sont ces yankees croient que parce qu’ils ont la plus grande bombe au monde ils peuvent nous diriger. Mais non, pas nous. Cette marionnette qu’ils ont comme président ne peut pas nous acheter».
De notre fenêtre mauricienne, nous avons eu la chance de le rencontrer à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud avec la casquette de sélectionneur de l’Argentine, lors d’une conférence de presse surréaliste où les journalistes sud-américains chantaient à gloire de Diego avant qu’il ne prenne la parole ! Maradona dirigeant Messi, Aguero, Tevez, Higuain c’était un fantasme à l’époque. Un casting de rêve qui n’a hélas jamais pris. Car la vedette c’était le sélectionneur et pas l’équipe, qui ne brillait que sur le papier.
On dit souvent qu’un joueur ne fait pas une équipe mais Diego Armando Maradona nous a prouvé le contraire avec le FC Napoli et la sélection argentine. Il les a emmenés au septième ciel. Mercredi, il a fini par suivre sa propre voie céleste, dans un ultime dribble que personne ne peut suivre.
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