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Est-ce ainsi que nous voulons vivre ?

14 février 2021, 07:17

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Le vice-Premier ministre demandait, excédé, il y a quelque temps : «Vous ne croyez tout de même pas que le gouvernement ordonne des assassinats ?». En posant cette hypothèse extrême, M. Obeegadoo sait sans aucun doute ce qu’il fait. Bien sûr que le cabinet ministériel, chaque vendredi, ne complote pas pour assassiner les uns et les autres. Ce n’est pas là-bas, non plus, que l’on approuve les magouilles et les tripotages de toutes sortes, évidemment. 

Et pourtant, selon toute vraisemblance (à moins que l’on ne puisse nous démontrer comment quelqu’un qui s’endort d’abord au péthidine, peut se suicider par le feu…), il y a au moins un assassinat dans la périphérie des hommes au pouvoir et il est certainement adossé à et a été nourri par de bien sordides combines. Ce qui suggère aussi une obsession fatale pour de l’argent à tout prix, cet argent dont certains semblent en avoir tant besoin pour «faire» des élections. Kistnen papers oblige. 

Comment est-ce seulement possible qu’on en soit arrivé là ? 

D’abord, il faut souligner qu’à l’intérieur de n’importe quel fromage, on ne tient personne au courant qui n’est pas déjà mouillé et/ou qui n’approuve pas de ce qui s’y passe. Le propre d’un fromage qui marche, c’est que tous doivent y tremper et approuver. Une fois trempés, ils se tiennent tous par la barbichette. Il ne faut pas oublier, à ce propos, que M. Kistnen était un homme du fromage. C’est quand il n’y trouve plus son compte et qu’il juge qu’il a été outrageusement dupé au profit des autres qu’il menace de causer. Il n’est alors pas à la recherche de valeurs perdues, mais d’autres types de valeurs, non suffisamment encaissées, celles-là. M. Obeegadoo, fraîchement «on boarded», n’est pas de ce fromage-là. Etre VPM et en charge de deux ministères semblent lui suffire amplement. Mais, même hors du fromage, il faut parfois se boucher les deux narines, n’est-ce pas ? Est-ce que l’apnée est une position normale qui peut durer longtemps? 

Ensuite, il faut postuler que l’assassinat, dans ce cas de figure, n’est pas un fonds de commerce majeur. Selon une hypothèse raisonnable, même probable, ce ne serait qu’un dérèglement maboul commandité parce que l’activité principale, cad l’affairisme éhonté sur le dos de l’argent public, est menacé par quelque événement ou par quelque personne qui veut faire dérailler le train de la bonne fortune. Il est même possible que la mort de M. Kistnen soit le résultat d’une solide correction ordonnée (d’un «cracking») qui ait mal tournée. Dans tous les cas, cependant, il a fallu que quelqu’un décide de déclencher la chaîne d’événements. Un peu comme dans le cas de Trump aux Etats-Unis qui n’était certes pas au front défonçant les barricades du Capitol (malgré sa promesse, délibérément mensongère, d’être aux côtés de ‘sa’ foule !), mais qui ne peut se dédouaner d’avoir posé le baril de poudre de l’élection «volée», de l’avoir délibérément bichonné pendant des semaines et d’avoir plus d’une fois expliqué quoi faire avec. Le 6 janvier, il offrait même, en prime, la boîte d’allumette additionnelle… 

Un pays où un ministre de la Republique, comme Sawmynaden, peut encourager et/ou engendrer autant d’affairisme autour de lui mérite de partir. Mais les péripéties ne s’arrêteront pas avec sa démission. Si c’était espéré, c’est raté ! Car il est plus que probable que le fromage intéresse bien plus qu’un seul homme du pouvoir ! Et il reste tout de même beaucoup de questions en suspens. 

Accepterons-nous de vivre dans un pays cadenassé par le pouvoir au point où les enquêtes traînent agréablement pour ceux qui sont dans le fromage (Angus Rd, Bet 365, Sumputh, etc.) et se transforment en arrestations immédiates pour ceux qui n’y sont pas ? Accepterons-nous de voir l’argent public être parasité par des contrats de complaisance les uns plus rocambolesques que les autres ? Qui trouve acceptable de pousser le bouchon au point où la STC avance de l’argent à ses fournisseurs (Bo Digital, Pack & Blister) avec tous les risques que cela comporte – et que l’on paie rubis sur l’ongle ces jours-ci ? Souhaitons-nous vivre dans un État mafieux qui arrose libéralement ceux qui sont dans le fromage et qui punit systématiquement ceux qui n’y sont pas ? Le pays appartient-il encore à tous ou juste à certains ? 

Parmi les questions qui dérangent particulièrement : pourquoi voit-on un aussi grand nombre de ministres et autres préposés autour de ce pouvoir qui, malgré les institutions cadenassées, se voient mis à l’index et qui doivent finalement être mis à l’écart ? D’un côté, on pourrait s’en réjouir, puisque cela montre que le «système marche» et que les contrepoids, dont principalement l’opinion publique, fonctionnent encore, mais l’hécatombe ou l’exil n’est sûrement pas à un taux normal : Yerrigadoo, Choomka, Gurib-Fakim, Lutchmeenaraidoo, Kistnen, Sumputh, Dayal, Collendavelloo, Bodha, Sawmynaden, Soodhun, Bhadain… ça fait déjà beaucoup de monde et seul le dernier cause ! Qu’est-ce que cela indique sur la qualité des hommes et des femmes choisis ? Qu’est-ce que cela signale à propos de ceux qui sélectionnent ces hommes et ces femmes ? Parlons-nous d’une véritable culture d’entreprise qui engouffre certains et font partir d’autres ? Madame Bhoygah est pourtant encore au bureau des STANDARDS, vous autres ! 

Mais la question la plus grave est sans doute de savoir comment et pourquoi le Premier ministre s’est retrouvé au front de toute cette affaire en affirmant avoir personnellement enquêté sur son ministre et colistier Sawmynaden et de l’avoir, après mûre délibération, trouvé innocent au point où il a même révélé sa conviction au grand public ! Plus d’une fois d’ailleurs. Avec les risques évidents que cela comportait dans l’orientation des enquêtes «indépendantes» par ce que l’on appelle généralement, un peu trop facilement d’ailleurs, «les autorités compétentes». Le croit-il, d’ailleurs, toujours innocent et propre, au vu de ce qui a émergé depuis son enquête personnelle ? Les mêmes critères (et les mêmes enquêtes…) sont-ils, par hasard, utilisés pour estimer s’il y a d’autres ministres affairistes dans son gouvernement ? Toute réponse, positive ou négative, est plus qu’embarrassante, pourrions-nous supposer ! Au moins autant que sa déclaration d’origine… 

Car, en effet, soit le Premier ministre n’était pas au courant des «affaires» du ministre du Commerce et de son appendice, la STC (ou le bon ministre Callichurn a été, depuis, dépêché, par le PM lui-même, pour ‘mettre de l’ordre’ !) ; ce qui jetterait un éclairage déplorable sur ses capacités à surveiller et à contrôler son équipe. Soit encore il savait et s’est tu… 

Le Premier ministre doit s’expliquer à la nation. 

Il y va de son contrat-confiance, déjà sérieusement ébranlé.