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Kot nou’nn foté ?

8 mars 2021, 08:39

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Avoir un jour dédié, alors qu’on compose la moitié des êtres ? Depuis des siècles nous donnons naissance à l’humanité. Nous faisons tourner le monde ensemble, avec les hommes, sous la coupole d’un dénominatif commun, l’Homme, qui, avec un grand H signifie notre espèce, estropiée de sa femelle. Kot nou’nn foté ? Pourquoi sommes-nous perçues comme une minorité, une différence, une excision ? Impures parce que nous avons nos règles, qui sont la condition sine qua non pour faire des enfants, dont les mâles, qui vont perpétuer le nom de ces messieurs, que nous-mêmes avons hérité de nos pères. Que nous engendrons par le sexe. C’est ainsi que tout le monde naît, par ce tabou qui fait qu’on est tou.s.tes sur Terre, rien que cela, n’en déplaise au mythe de l’immaculée conception. Par ce sexe qui nous condamne à enfanter dans la douleur parce que chez nous, il ne saurait être source de jouissance, si ce n’est que pour faire croire sur Pornhub que nous n’attendions que le pieu et que le macho sordide nous enfonce en bavant «tu aimes ça salope». 

Dans toutes les pages de ce journal, on ne parle pas d’elles, comme s’il y avait un tabou encore plus ultime, quelque chose qu’il ne faut surtout pas toucher, ni critiquer : les religions (sans parler de «dieu», celui que l’homme, sans capitale, a fait à son image). Parce qu’à la réponse kot nou’nn foté, ces religions ont donné une réponse : nous sommes la faute première. La tentation. Pourtant, bien faible celui qui peut se laisser tenter. 

Donc, elles trouvent un prétexte pour faire dominer celui qui se sent menacé. La religion est la munition qui a (entre autres armes de destruction féminicides, mais encore plus pernicieuse car basée sur quelque chose d’improuvable, qui touche à l’irrationnel, dieu) permis aux hommes d’asseoir leur autorité (comme ces monarques de droit divin sur le peuple) sur les femmes, ces sorcières (quand elles ne deviennent pas elles mêmes les pires perpétuatrices d’un système qui les asservit). 

On demande des quotas en politique, sur les conseils d’administration… mais pourquoi pas dans la sphère religieuse ? Il y a des «bonnes» soeurs, des femmes pandits, des imames, tout comme il y a des Chief Executive Officer, des députées, mais dans les hautes sphères du culte ? Si un jour un pape cède sa place à une femme, je voudrais bien croire au miracle. Au tarot, une des cartes les plus fortes est la papesse… 

Dans la vraie vie, on a des cardinaux «dinosaures» qui nomment l’un des leurs. Comment ces hommes peuvent se mettre dans la peau de gamines de 15 ans dont ils sont l’antipode et parler d’avortement, ou de relations avant le mariage, eux qui ont soi-disant fait voeu de chasteté, vivant dans leur bulle ? Cet exemple est celui de la religion catholique mais il n’y a qu’à voir l’engouement créé par le pape François en 2019 pour comprendre que même à Maurice, pluri-religieuse, ce poids de la tradition judéo-chrétienne est prégnant. Mais on a tellement peur de dénoncer ces choses-là ici. Surtout ne pas blesser telle ou telle communauté. Donc, taire, sous couvert de la foi, la domination. 

Nous sommes loin d’être des saintes, il y a des menteuses, tueuses, jalouses, monstrueuses, méchantes… Mais concrètement, dans les prisons de Maurice, il y avait, en 2019, 2 652 hommes et 150 femmes. 5 % des personnes incarcérées pour des délits dans la société, sont des femmes. Kot nou pé foté ?